2015 – Radicalisme, stigmatisation et repli : le CAI sensibilise et outille les opérateurs et les citoyens


2015 – Radicalisme, stigmatisation et repli : le CAI sensibilise et outille les opérateurs et les citoyens

Dans le contexte des attentats de Paris et de la crise de l’accueil, le CAI se mobilise sur trois plans : pour déconstruire le discours médiatique anxiogène qui se développe autour d’une supposée invasion massive de réfugiés, contrer la stigmatisation croissante d’une partie de la population, victime d’islamophobie, et prévenir les phénomènes de radicalisation violente. Différentes activités de sensibilisation sont alors mises sur pied.

2015 est une année marquante pour toutes les structures de l’intégration et de l’accueil des personnes primo-arrivantes en Belgique, mais aussi en Europe. Plusieurs éléments de contexte se combinent qui, pour les uns, alimentent la montée de la xénophobie, et plus particulièrement de l’islamophobie, au sein des sociétés occidentales, et pour les autres, génèrent des phénomènes de radicalisation violente chez des jeunes, conduisant parfois à commettre des actes terroristes. Parmi ces éléments, citons la création de l’État islamique en Irak et en Syrie (2014), la crise de l’accueil en Europe (2015) ou les attentats de Paris en janvier et novembre 2015 (Charlie Hebdo, hypermarché Cacher, 13 novembre) revendiqués par l’État islamique.

Dans ce contexte particulier, le CAI développe, dès février 2015, une série d’activités de sensibilisation. Il participe à la promotion et à la diffusion de la pièce Djihad, écrite par Ismaël Saïdi. Cet outil pédagogique est fortement sollicité pour permettre aux professionnels, aux élèves du secondaire supérieur, ainsi qu’aux citoyens de mieux comprendre l’actualité. Elle se joue une première fois à Namur dans les locaux des Abattoirs de Bomel en 2015, puis en 2016, à Sambreville, dans le cadre de la coordination des activités de sensibilisation des élèves du secondaire supérieur et des citoyens pour laquelle le CAI a obtenu des financements PCI (Promotion à la citoyenneté et à l’interculturalité). La présentation de la pièce est souvent suivie d’un débat, qui permet de poursuivre la réflexion avec le public. Au total, ce sont près de 800 citoyens, jeunes et moins jeunes, qui sont ainsi sensibilisés au phénomène de radicalisation chez les jeunes. 

Le Centre répond également aux demandes d’outils pédagogiques d’enseignants qui souhaitent éclairer leurs étudiants sur la crise de l’asile ou les attentats à Paris. 

Il organise à Walcourt, Dinant et Namur des séances d’information à destination des citoyens sur la crise de l’accueil, thème auquel il consacre, dans la foulée, un support pédagogique pour déconstruire les préjugés qui alimentent le discours dominant, évoquant une invasion massive de réfugiés en Belgique. 

Dix jours après les attentats du 13 novembre 2015, le CAI, la Maison de la Laïcité de Namur et les différents représentants des cultes et convictions religieuses et philosophiques se mobilisent pour organiser un rassemblement place du Grognon à Namur. Celui-ci réunit 200 personnes, avec la volonté de condamner fermement les attaques terroristes et d’exprimer sa solidarité avec les victimes, mais aussi de lancer un appel à la société civile et aux décideurs politiques pour réinvestir la lutte contre l’exclusion sociale, la pauvreté, le décrochage scolaire, le racisme et la discrimination, afin d’éviter la radicalisation des jeunes.

De 2015 à 2017, les « Échanges de midi » organisés par le CAI proposent des conférences-débats sur différentes thématiques liées à l’actualité afin de les analyser (Voir Fiche 25 – Échanges de midi). Ces éclairages sont d’autant plus pertinents qu’en 2016 de nouveaux attentats islamistes se produisent à Bruxelles (à la station de métro Maelbeek et à l’aéroport de Zaventem), qui polarisent l’opinion publique sur de la question de l’immigration. Parmi les thèmes abordés lors de ces échanges, on trouve ainsi : 

  • « Djihadisme international : quelles conséquences pour la cohabitation multiculturelle ? » ; 
  • « L’immigration : ce qu’elle rapporte, ce qu’elle coûte » ;
  • « Crise de l’immigration : équilibre ou invasion ? » ;
  • « La montée du racisme dans le discours quotidien » ; 
  • « Moyen-Orient : contexte géostratégique et migrations » ;
  • « Hommes, femmes et enfants réfugiés : entre attraction de l’Europe et fuite de son pays » ;
  • « L’islamophobie : un frein pour l’intégration » ;
  • « Actualités et perspectives de l’immigration en Europe ».

Entre 2017 et 2018, des formations intitulées « Comprendre et réagir face au radicalisme violent » sont organisées par le CAI en province de Namur pour permettre aux professionnels de terrain de comprendre les phénomènes de polarisation sociale et de radicalisation et ainsi mieux accompagner leur public. En parallèle, une publication intitulée  Radicalisme est éditée et diffusée par le centre de ressources du CAI. 

Le CAI participe également aux initiatives de lutte contre la radicalisation violente menées au sein de plusieurs communes de la province de Namur. Notamment, en collaborant avec différents référents « radicalisme » lors d’évènements organisés par les communes elles-mêmes. 

Les accompagnateurs interculturels de première ligne sont également sensibilisés au phénomène, pour être en mesure de détecter de potentielles situations à risque dans le public qu’il accompagne.

Aujourd’hui, la thématique de la radicalisation violente traitée par le CAI depuis plusieurs années prend aussi en considération la montée des idées d’extrême droite dans la population et le développement de certains groupes et partis politiques appartenant à cette tendance en Wallonie (ex. Nation ou Chez Nous). Le Centre a ainsi rejoint, depuis 2023, différentes initiatives antifascistes comme la « Coalition 8 mai » ou encore « Nuit blanche contre liste Noire ».

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2015 – Développement de plusieurs projets de mentorat


2015 – Développement de plusieurs projets de mentorat

En observant l’émergence de divers projets de mentorat destinés à établir un accompagnement entre des personnes expérimentées et celles en quête de soutien, le CAI décide de lancer le projet MIN (Mentorat interculturel namurois). Ce projet ambitieux vise à renforcer le capital social des personnes les plus isolées ou discriminées en développant leur réseau social et professionnel de manière à y puiser des ressources pour faciliter leur intégration et leur recherche d’emploi. Il participe également à la déconstruction des stéréotypes et préjugés tant du côté des personnes étrangères que de la société d’accueil. Depuis son lancement en 2014, le projet a prouvé son efficacité auprès des participants, qui ont unanimement salué la richesse des rencontres et la satisfaction de contribuer à une initiative essentielle et prometteuse pour la construction d’une société interculturelle.

Fin 2014, une analyse des besoins menée par l’équipe du CAI dresse plusieurs constats. Elle révèle notamment que certaines demandes adressées aux accompagnateurs dépassent le cadre de leur travail et qu’ils manquent de temps pour y répondre, mais aussi que les bénéficiaires ont besoin de mieux connaître la société d’accueil, de pratiquer la langue française, de créer des réseaux, etc. En réponse à cela, le CAI décide de lancer le projet MIN (Mentorat interculturel namurois) et participe, pour la première fois, à un salon du volontariat pour recruter des bénévoles à titre de mentors. En janvier 2015, le projet voit officiellement le jour. 

Mais le CAI n’a pas attendu 2014 pour lancer ce type d’initiative, déjà en avril 1999, il organisait un séminaire : “ un jeune, un parrain, un emploi” dans le cadre de ses activités d’insertion socio-professionnelle. Celui-ci comportait des analyses de chercheurs sur l’emploi des personnes immigrées, des témoignages d’entreprises mais aussi des propositions d’actions pratiques dont le parrainage.

Le mentorat est une forme d’accompagnement volontaire qui permet d’établir une relation interpersonnelle et réciproque entre une personne expérimentée, le mentor, et une autre souhaitant acquérir des compétences et atteindre des objectifs personnels et professionnels, le « mentoré » (ou mentee). Cette relation privilégiée, fondée sur l’échange et l’apprentissage, facilite le lien entre générations et la transmission des savoirs. Elle se caractérise par l’ouverture à l’autre et peut durer plus ou moins longtemps selon les besoins des deux parties. Elle doit toutefois être suffisamment longue pour permettre aux deux personnes impliquées d’en tirer le profit attendu et de se réaliser personnellement et professionnellement. Le mentor doit être ouvert à la différence (de préférence avoir une base de formation sur l’interculturalité), stable mentalement. Si le duo est avec un demandeur d’asile, il doit être prêt à ce que le demandeur voit sa demande refusée… cela nécessite une certaine force mentale. Et forcément une forte motivation d’aider autrui.

Dans le cadre de ce mentorat interculturel, une personne expérimentée (le mentor) consacre du temps à l’accompagnement d’une personne étrangère pour partager ses expériences humaines et professionnelles, ainsi que ses compétences. Elle répond aux besoins et questions du mentoré en matière de réseau, de scolarité des enfants ou d’orientation vers des formations ou l’emploi. Le mentor peut-être amené à réfléchir au projet de vie et donc de formation et/ou professionnel du mentee. Toujours en fontion des besoin du mentee. La relation permet aussi d’échanger sur différentes représentations. De manière pratique, les duos définissent conjointement le rythme et les lieux de rencontre soit, en moyenne deux heures tous les quinzes jours. Des temps formatifs et d’échanges collectifs sont organisés toutes les six semaines avec des groupes constitués de différents binômes et des chargés du projet MIN. Les duos y partagent leurs attentes mutuelles et y tracent les contours de la relation, à l’aide d’outils (guide du mentor et du mentoré avec des aspects théoriques et des carnets de suivi) mais aussi avec le soutien du chargé de projet. La  est exigée pour le mentor avant et pendant le mentorat. 

Le mentorat interculturel apporte plusieurs avantages pour le mentor et le mentoré : déconstruction des préjugés, soutien et accompagnement selon leurs besoins du mentoré, amélioration de la pratique de la langue française, apprentissage constant pour le mentor : satisfaction de participer à un projet social utile, remise en question de soi et satisfaction de contribuer à l’épanouissement du mentoré. 

En mars 2018, en collaboration avec les IBEFE (Instances Bassins Enseignement qualifiant – Formation – Emploi), d’autres formes de mentorat sont développées, telles que Net2Work. Ce dispositif de mentorat en entreprise met en lien un chercheur d’emploi étranger ou d’origine étrangère (mentoré) avec un travailleur expérimenté et volontaire (mentor) qui l’accompagne et le soutient dans sa recherche et son insertion professionnelle, grâce à son expérience, ses connaissances et son réseau professionnel. Le mentorat d’entreprise permet au mentoré de mieux connaître un métier, de comprendre les codes et spécificités du secteur qu’il souhaite intégrer  et de se connecter à un réseau professionnel. Il favorise également l’émergence d’une société interculturelle. Il n’y a pas de profil type de mentor ni de mentoré : le duo est organisé en fonction des aspirations de l’un et de l’expertise de l’autre. Le mentorat d’entreprise est complémentaire aux structures d’aide à l’insertion dans l’emploi, en apportant le «plus» nécessaire pour décrocher un emploi. 

À la suite de changements organisationnels au sein des IBEFE en 2019, le CAI doit reprendre la gestion du projet (incluant le recrutement de nouveaux mentors, le matching, la gestion des duos) et de la base de données. La même année, le CAI met en pause son implication dans le projet Net2Work pour se concentrer sur un nouveau projet intitulé Net2Work Asile. Ce projet complémentaire est pensé dans la continuité du projet initial, mais cible spécifiquement les personnes demandant la protection internationale en Belgique, un public particulièrement touché par des difficultés d’insertion professionnelle. 

Le but principal de ce nouveau dispositif de mentorat reste celui de découvrir le monde du travail pour confirmer ou infirmer ses projets professionnels. Net2Work Asile s’adresse à tous les bénéficiaires de l’accueil de plus de 18 ans, maîtrisant le français ou l’anglais. Financé par Fedasil à titre d’initiative pilote, le projet s’implante d’abord au sein de quatre structures d’accueil : les Initiatives locales d’accueil (ILA) d’Assesse et de Rochefort, ainsi que les centres d’accueil de Belgrade et de Sugny. Dès 2019, neuf duos mentor-mentoré sont constitués et se rencontrent régulièrement. En 2020, le CAI met davantage d’énergie dans le projet Net2Work Asile, directement soutenu financièrement. 

Les spécificités des projets de mentorat et leurs complémentarités doivent être consolidées pour permettre à chacun de se développer au mieux, en répondant aux besoins croissants en matière de vivre-ensemble. 

En 2021, le CAI continue à soutenir trois programmes de mentorat : le MIN, Net2Work et Net2Work Asile. La crise sanitaire complique cependant le suivi de plusieurs duos, obligeant certains à s’arrêter pour diverses raisons : impossibilité de se rencontrer en toute sécurité, inquiétude des mentors plus âgés, difficultés d’agenda, etc. Le télétravail obligatoire empêche également la concrétisation de rencontres du projet Net2Work sur le lieu de travail. Après la crise du COVID-19, le projet Net2Work est relancé, en appui à d’autres projets d’insertion professionnelle (ISP) du CAI, tels que «Levons les freins», qui permet de créer cinq nouveaux duos sur base du mentorat. 

En 2023, le CAI poursuit le déploiement des projets MIN et Net2work, en se focalisant sur ce dernier, particulièrement utile pour des personnes accompagnées dans le cadre du projet ISP. Le mentorat est alors proposé à des personnes ayant déjà un projet professionnel, mais souhaitant rencontrer un mentor du même secteur afin de l’affiner. Dans ce cadre, cinq mentorés ont ainsi rencontré un mentor, permettant des écahnges enrichissants.

Cette même année, le CAI devient partenaire de la KULeuven et deux autres organisations flamandes, Beyond the Horizon et FMDO, pour un appel à projet de Fedasil. Le projet consiste à développer et tester un modèle de mentorat vers l’emploi adapté au public des demandeurs d’asile « qualifié », c’est à dire ayant suivi au minimum une année d’enseignement supérieur. Ce projet fut reconduit jusque fin 2024 et a permis la formation, à l’échelle du projet, d’une cinquantaine de duos, dont 5 à Namur.

Sur cette base, les chercheurs de la KUL ont pu réaliser un rapport sur les avantages et les freins de ce modèle de mentorat.

A partir de 2025, par manque de financement pour assurer la gestion des projets mais également suite à la charge de travail tendue des accompagnateurs interculturels, le CAI a décidé de mettre en pause le mentorat.

 

Lequel ?

 

Supprimer ?

 

Est-ce que cette démarche se poursuit toujours aujourd’hui ?

En 2023, le CAI poursuit le déploiement de son projet de mentorat, particulièrement utile pour des personnes accompagnées dans le cadre du projet ISP. Ce projet est proposé à des personnes ayant déjà un projet professionnel, mais souhaitant rencontrer un mentor du même secteur afin de l’affiner. Dans ce cadre, cinq mentorés ont ainsi rencontré un mentor, permettant des échanges enrichissants. Le CAI introduit également, cette année-là, plusieurs candidatures à différents appels à projets, notamment avec la KUL, pour permettre aux demandeurs de protection internationale de continuer à se confronter au monde du travail par le biais du mentorat.

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2014 – « Engagements croisés : 50 ans d’immigration, 30 ans d’interculturalité » : un projet autour de deux anniversaires

2014 – « Engagements croisés : 50 ans d’immigration, 30 ans d’interculturalité » : un projet autour de deux anniversaires

Le projet « Engagements croisés » est constitué d’une série d’activités de commémoration, mais aussi de sensibilisation locale, prenant appui sur les actions, les acteurs de la province de Namur et les partenaires du CAI.

Ce projet s’inscrit dans le cadre des 50 ans de l’immigration marocaine et turque, mais aussi des 30 ans du CAI. Une série d’activités sont organisées les 28 et 29 avril 2014 à la Maison de la Culture de Namur. Elles aspirent à améliorer les connaissances des citoyens sur l’histoire de leur région en matière de multiculturalisme, à médiatiser des initiatives favorisant le vivre-ensemble et à encourager une approche interculturelle dans la relation liant les populations migrantes, les acteurs sociaux et politiques et la population en général.

Le programme de ces deux journées se décline en une série d’activités : séminaire, conférence, lectures publiques, table-ronde et débats, pièce de théâtre, ateliers de calligraphie ou de henné, présentation du résultat d’atelier créatif, concert, film, expositions, stands littéraire et musical, présentation d’outils pédagogiques. Celles-ci explorent et interrogent : la place de l’interculturalité dans les processus d’intégration, les causes des migrations, les pratiques multiculturelles, etc. Elles mettent aussi en valeur les apports culturels des populations issues de l’immigration, et plus spécialement de celles venant du Maroc et de Turquie dont on commémore la venue. En effet, c’est en 1964 que la Belgique signe deux accords bilatéraux, avec le Maroc (en février) et la Turquie (en juillet), pour faire venir de la main-d’œuvre étrangère et répondre à la pénurie de travailleurs qui affecte ses secteurs industriels (mines, métallurgie, construction, etc.), comme en 1946 avec l’Italie.   

Des réalisations du CAI y sont mises à l’honneur comme les outils pédagogiques intitulés « Causes des migrations », « Le mot juste pour démêler quelques préjugés sur les étrangers » et « Récits de vie ». Le Centre y présente également une exposition de photographies réalisée pour l’occasion : « Visages, regards et présences : 50 ans d’immigrations marocaine et turque en province de Namur », ainsi que deux expositions plus anciennes : « Mines et mineurs de Wallonie, d’Italie et d’ailleurs » et « Des hommes et des carrières ». La réalisation de la nouvelle exposition sur les immigrations marocaine et turque, ainsi que du projet « Engagements croisés » de manière plus globale, est le résultat d’un travail de longue haleine, mené en collaboration avec de nombreux partenaires tels que la Province de Namur(et la Maison de la Culture), Espace Magh, Annoncer la couleur, les Grignoux, le Centre Culturel de Namur, Article 27 et bien d’autres. Il se clôture, à la fin de l’année 2014, par la publication d’un Coaxions, qui résume et rassemble l’ensemble du travail réalisé. Tout au long de ce processus de travail, le CAI agit comme agent de réseau, pour harmoniser et coordonner les actions menées sur la province de Namur.

En 2024 et 2025, pour marquer les 60 ans des accords bilatéraux avec le Maroc et la Turquie, de nouvelles actions sont organisées, en collaboration avec les communautés concernées et le Centre culturel de Namur (Bomel). 

Cette initiative s’inscrivait dans continuité et une volonté de donner la parole aux descendants de la première génération de travailleurs immigrés ; une mise en lumière des parcours individuels et collectifs, des héritages culturels et des engagements citoyens qui façonnent aujourd’hui la société namuroise. Nous avons pour cela réalisé, entre octobre 2024 et mai 2025 :

  • des ateliers d’expression avec des jeunes,
  • une exposition photographique accompagnée de témoignages intitulée Instants d’années – avec Lillo Canta,
  • un ouvrage intitulé Accords au présent – Résonances turques et marocaines en namurois (rédigé avec Ahmed Ahkim et Altay Manço, publié par Couleur livres)
  • une inauguration et une séance de découverte de ces outils en présence des consuls marocains et turcs mais aussi le Gouverneur de la province de Namur au Centre Culturel de Namur (Bomel).
2014 — Couv Batisseurs Inter (vignette)

* Centre d’Action Interculturelle de la province de Namur (CAI). Les “Bâtisseurs” de l’interculturalité en province de Namur : Face à l’objectif. (Projet « Engagements croisés : 50 ans d’immigration / 30 ans d’interculturalité »). Namur : CAI, 2014, 40 p. Éditrice responsable : Benoîte Dessicy

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2014 – Création d’un certificat FLE (français langue étrangère) pour professionnaliser le secteur


2014 – Création d’un certificat FLE (français langue étrangère) pour professionnaliser le secteur

En 2014, le CAI débute un partenariat avec la Haute École Henallux et le Centre régional d’Intégration de la province de Luxembourg (CRILUX) pour mettre en place une nouvelle formation certifiante en français langue étrangère : le « Certificat en didactique du français langue étrangère/langue de scolarisation et en pédagogie interculturelle ». Cette formation a pour but de professionnaliser le secteur de la formation en français langue étrangère (FLE), tout en favorisant l’appropriation d’un langage commun, utile au travail collaboratif du réseau.

Le CAI n’attend pas 2014 pour se soucier de l’apprentissage de la langue pour les personnes non-francophones, il s’agit d’un domaine où il s’engage quasi dès sa création (Cf. Fiche 8 – Français Alphabétisation). Néanmoins, à partir des années 2010, il collabore avec d’autres opérateurs à la professionnalisation du secteur. 

En 2011, une plateforme liée au secteur de l’apprentissage du français langue étrangère est mise en place par un comité de pilotage composé d’experts issus de diverses structures, dont la Haute École Henallux, le CIFoP (Centre interuniversitaire de Formation permanente) et Lire & Écrire Namur. Elle rassemble l’ensemble des opérateurs actifs en matière de formation en français de la province et fonctionne alors sous le nom de Plateforme FLE. Ce lieu de concertation vise, d’une part, à conscientiser le monde politique au financement du secteur FLE et à la reconnaissance du métier et, d’autre part, à réfléchir à la complémentarité des opérateurs et à la professionnalisation des intervenants, notamment par la mutualisation des outils. 

Dans un premier temps, les opérateurs de formation travaillent sur l’élaboration d’un cadastre des opérateurs, véritable outil d’orientation pour le public en recherche d’information. Il permet aussi aux opérateurs de se positionner dans le dispositif d’accueil et sert à harmoniser les pratiques grâce au développement d’un langage commun et en réfléchissant sur le positionnement. La clarification du langage commun, préalable à une bonne compréhension et communication entre les opérateurs, représente un travail de longue haleine, qui rythme les premières années de la Plateforme FLE. Il aboutit, en 2018, à l’édition d’une brochure de vulgarisation qui revient sur des notions de base telles que l’alphabétisation, la formation à la langue française ou le français langue étrangère. Celle-ci est réalisée en partenariat avec Lire & Écrire et la Province de Namur et sert encore aujourd’hui d’outil de référence pour les acteurs du secteur. Cette brochure est particulièrement utile aux acteurs de l’accompagnement (CPAS, Forem, acteurs de l’insertion socioprofessionnelle, etc.) de manière à orienter correctement leur public.

Au-delà de l’attention portée au développement d’un langage commun, la Plateforme de Formation du français langue étrangère (FLE) consacre également beaucoup de temps à harmoniser les pratiques des formateurs. Positionner, évaluer ou valider sont des termes qui doivent être décortiqués et compris de la même manière par tous les intervenants, c’est pourquoi l’appropriation d’un langage commun est si important. Pour l’élaborer, on s’appuie notamment sur le référentiel commun pour les langues (CECRL), proposé par le Conseil de l’Europe. 

En parallèle, les opérateurs mettent rapidement leur focus de travail sur la formation des intervenants et la validation de leurs compétences.

Ces travaux de la Plateforme FLE sont d’autant plus importants qu’à cette époque la Région wallonne est en train de travailler sur la construction du décret régissant ce qui deviendra le Dispositif d’accueil des primo-arrivants (DAPA), puis le Parcours d’intégration (Cf. Fiche 29 – Séminaire primo-arrivants et Fiche 37 – Parcours d’intégration obligatoire). Il paraît alors nécessaire pour le réseau de formation à la langue française de se coordonner, d’harmoniser les pratiques, de se professionnaliser et de porter ensemble des interpellations.

En 2014, l’outil évolue et devient la Plateforme de Formation à la langue française (FLF), nom qu’elle garde jusqu’à présent. Ce changement naît d’une volonté de plus de cohérence avec le vocabulaire proposé par la Région wallonne et pour être plus en phase avec la réalité du réseau. En effet, au-delà des cours de français langue étrangère, il existe d’autres formations, comme l’alphabétisation et la remise à niveau, qui peuvent concerner les personnes étrangères francophones, pas ou peu scolarisées.

Cette même année, le CAI, l’Henallux et le CRILUX (Centre régional d’Intégration de la province de Luxembourg) mettent en place le Certificat en didactique du français langue étrangère/langue de scolarisation et en pédagogie interculturelle (FLESCO) au sein des antennes de l’Henallux à Malonne et à Bastogne. Cette formation, reconnue par l’ARES[1], contribue à la professionnalisation des intervenants, telle que voulue par la Région wallonne, à la diffusion et à l’utilisation d’un langage harmonisé et d’une méthodologie commune basés sur le CECRL, ainsi qu’à la création d’un réseau de formateurs. Dès son origine, ce certificat met un point d’honneur à former les futurs formateurs et formatrices sur la nécessité d’adopter une posture interculturelle dans l’enseignement du français en contexte migratoire. C’est pour cette raison que les deux centres régionaux d’intégration, de Namur (CAI) et du Luxembourg (CRILUX), prennent en charge les quatre à cinq journées consacrées au module interculturel. Aujourd’hui, près de 45 formatrices et formateurs ont obtenu ce certificat et enseignent la langue française aux personnes allophones au sein d’associations et d’écoles en région wallonne.

Dès 2014, le CAI collabore également avec l’Henallux à l’organisation d’une journée d’étude sur l’enseignement et l’apprentissage du français langue étrangère et seconde en contexte migratoire. Cette journée d’étude s’adresse aux professionnels, mais également aux étudiants du bachelier en français et à ceux du Certificat FLESCO pour lesquels cet événement fait partie intégrante de leur formation.

En 2020, afin de poursuivre l’objectif de création d’un réseau de formateurs qui réfléchit ensemble, collabore et harmonise ses pratiques, le partenariat entre le CAI et l’Henallux se renforce encore à travers la création d’une « intervision ». À plusieurs reprises, les formateurs et formatrices se rencontrent pour échanger autour de questions pédagogiques. Ils renforcent ainsi leur interconnaissance et améliorent l’harmonisation de leur pratique. 

Cette évolution du travail en réseau permet, encore de nos jours, de travailler en commun pour faire avancer la reconnaissance du secteur. Depuis fin 2023, deux groupes de travail de la plateforme se réunissent de manière régulière pour travailler sur la complémentarité de l’offre et la gestion des listes d’attente à Namur (en organisant notamment, en septembre 2024, une journée d’inscription commune qui remporte un vif succès), mais aussi sur la validation, en proposant un canevas de test harmonisé. L’objectif de développer la complémentarité des acteurs du secteur et d’améliorer sa visibilité demeure une priorité pour les années à venir.

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Sources :

  • [1] Académie de recherche et d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

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☑ Travail en réseau

Thématiques traversées par l’activité :

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2009 – Un travail en réseau pour accompagner les personnes étrangères en insertion socioprofessionnelle


2009 – Un travail en réseau pour accompagner les personnes étrangères en insertion socioprofessionnelle

L’emploi est un vecteur important de l’intégration des personnes étrangères et le CAI malgré qu’il n’en n’ai pas la mission officielle par la Région wallonne estime qu’il est important de développer cette dimension.

Il introduit donc cette dimension dans l’appel à projets du Fonds social européen (FSE) pour permettre l’amélioration de l’insertion socioprofessionnelle des migrants sur le territoire de la province de Namur, différentes actions sont mises en œuvre.

Avant la mise en œuvre de ce projet européen dénommé DISIE, le CAI s’est cependant déjà impliqué dans plusieurs projets visant à renforcer l’insertion professionnelle, projets bénéficiant de plusieurs financements, dont des fonds européens.

Il développe un projet  « Relance » à Namur. Ce financement européen, qui se jumelle à d’autres (FIPI par exemple), lui permet de renforcer un axe de travail qu’il a depuis longtemps investi et pour lequel il possède déjà une expertise.

 Par ailleurs, le CAI collabore à la création de la cellule d’insertion sociale « L’EnTrain » à Sambreville et ce dans le cadre d’un projet européen piloté par la Commune.

Le projet DISIE ne marque pas le début de l’action d’insertion socio-professionnelle (ISP) du Centre, qui, depuis sa création, a engagé différentes initiatives dans ce domaine. Lors de l’agrément des Centres régionaux d’intégration (CRI) en 1997, la Région wallonne n’a pas suffisamment de budget pour financer les missions qui leur sont demandées. Elle soutient donc les CRI dans l’introduction d’un projet européen (« Now et Intégra ») destiné à soutenir l’insertion socio-professionnelle des immigrés de manière large, en cofinançant toutes les missions. C’est dans ce cadre que le CAI commence à développer des actions d’ISP, notamment le séminaire « Un parrain, un jeune, un emploi » dans le cadre de son projet de parrainage de l’époque.

Le projet DISIE, financé par le FSE, vise à améliorer l’insertion socioprofessionnelle des migrants sur le territoire de la province de Namur. Il entend construire un dispositif de partenaires complémentaires, avec des initiatives variées coordonnées au réseau existant de l’insertion professionnelle, pour réduire les obstacles et les discriminations rencontrés par les personnes, et ainsi faciliter leur intégration dans le monde du travail. Autrement dit, la finalité de ce projet est de permettre à tous les citoyens d’être égaux devant le marché du travail. 

Différents services sont proposés au public :

  • un accompagnement individuel (« Un coup de pouce pour l’emploi ») ;
  • un accompagnement collectif mettant l’accent sur la mise en réseau du public (« L’interculturalité au service des personnes ») ;
  • la prise en compte des freins à l’emploi ; 
  • la valorisation des compétences particulières des personnes migrantes ;
  • la diffusion d’informations facilitant l’accès à l’emploi. 

À Namur, le CAI met en place ou participe à différents lieux de concertation, notamment ceux des plateformes partenariales du Forem. Le Centre prend l’initiative de co-organiser, en 2010, le salon « Place à l’Emploi ».

Le dispositif DISIE permet aussi la mise en place du projet « Relance » qui repose sur les relations entre divers partenaires au sein des quartiers namurois.  Ce projet se développe de 2010 à 2015 (date de la fin du financement FIPI) et est impulsé par le CAI dans le cadre du Plan de cohésion sociale (PCS) qui réunit la Ville de Namur, la Mirena (Mission régionale pour l’Emploi des arrondissements de Namur et Dinant) et le CAI. Des permanences sont organisées par la Mirena au sein des sept quartiers namurois. Elles bénéficient de l’appui du CAI pour accompagner les personnes étrangères ou d’origine étrangère dans leurs démarches spécifiques (équivalence de diplôme, permis de travail, droit des étrangers, etc.). Le rôle du CAI consiste aussi à faire le lien avec les lieux communautaires des quartiers communautaires et d’y attirer le public immigré pour les orienter vers la Mirena.

En avril 2010 puis en mars 2012 le CAI co-organise avec le Forem, la Ville de Namur, le CPAS et la Mirena, des salons “Place à l’Emploi” ,Un salon pas comme les autres, à la Bourse. Des stands d’opérateurs de mobilisation, d’orientation, de formation sont présents, des séances d’information, des ateliers, mais aussi des rencontres d’entreprises sont proposées au public.  Ces deux grosses organisations rencontrent  du succès grâce à la complémentarité des partenaires…

À Sambreville, en 2008, le CAI co-organise le premier rallye « Métier-Formation-
Emploi »
avec le CPAS, la Commune, le CRAC’S (centre culturel local de Sambreville) et la Plateforme communale des quartiers (projet déjà financé par Urban dans le cadre du Fonds social européen). Il s’implique ensuite, en 2010, dans le Salon « Destination Emploi ».

A Sambreville c’est aussi la cellule d’insertion sociale « L’En Train » qui est mise en place.

Sa création, en 2009, s’inscrit dans le cadre du projet PIPSISS (Portefeuille intégré de projets structurants en insertion sociale à Sambreville) qui bénéficie également d’un financement du FSE (URBAN). Elle est cogérée par deux acteurs publics, la Commune et le CPAS, et deux acteurs associatifs, le GABS (Groupe d’animation de la Basse-Sambre) et le CAI. La cellule L’En train est composée d’une équipe pluridisciplinaire comprenant une éducatrice de rue, un médiateur interculturel, une assistante sociale et un psychologue. Son objectif est de sensibiliser et de mobiliser les populations en situation d’exclusion en organisant des actions de socialisation et d’insertion socioprofessionnelle de manière individuelle ou collective. Elle a une double mission d’accrochage et d’accompagnement du public le plus précarisé, et a pour ambition de travailler en partenariat avec l’ensemble des opérateurs existants sur le territoire. Le CAI s’investit dans ce projet en mettant à disposition son médiateur interculturel jusqu’à la fin 2014.

Au fil des ans, le CAI s’est spécialisé dans l’accompagnement à l’insertion socio-professionnelle, qui, depuis la dernière modification du décret de 2024, est devenu une mission officielle.

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Axes stratégiques d’intervention :

☑ Accompagnement
☑ Interpellation
☑ Travail en réseau

Thématiques traversées par l’activité :

Générales :

☑ Citoyenneté
☑ Enseignement / formation / emploi
☑ Juridique / justice
☑ Logement
☑ Mobilité
☑ Santé

Spécifiques :

☑ Intégration
☑ Interculturalité
☑ Lutte contre les discriminations
☑ Lutte contre le racisme