2024 –  Nouvelle mission des CRI : l’accompagnement en insertion socio-professionnelle (ISP) des personnes étrangères

2024 –  Nouvelle mission des CRI : l’accompagnement en insertion socio-professionnelle (ISP) des personnes étrangères

Pendant des années, le travail d’accompagnement en insertion socio-professionnelle (ISP) mené par les Centres régionaux d’intégration (CRI) demeure peu reconnu, soutenu et valorisé. À partir de 2018 cependant, les politiques d’accueil et d’intégration des personnes étrangères et d’origine étrangère évoluent, avec une demande croissante de voir les CRI, dont le CAI, devenir des acteurs clés en matière d’insertion socio-professionnelle de ce public. 

C’est pour répondre à cette demande que le CAI développe au fil des ans plusieurs projets innovants en matière d’ISP, en renforçant ses partenariats notamment avec le FOREM et la Mirena et en mettant en place des dispositifs adaptés aux besoins des migrants, tout en favorisant une collaboration entre les acteurs du secteur, tant associatifs que publics, mais également avec le monde des entreprises. Depuis le changement de décret de 2024 mis en application en 2025, cet accompagnement fait pleinement partie des missions des CRI.

Entre 2017 et 2020, le CAI copilote une plateforme ISP-Diversité avec le Forem et sa cellule Migrant. Cette plateforme se réunit deux fois par an et a pour but de coordonner les actions des partenaires liées à l’insertion socio-professionnelle des migrants. Évoluant d’une année à l’autre, cette plateforme rassemble des initiatives locales d’intégration (ILI), des centres d’insertion socioprofessionnelle (CISP) accueillant des primo-arrivants, des chargés de projets œuvrant au sein des centres d’accueil de demandeurs d’asile, l’Instance Bassin Enseignement qualifiant-Formation-Emploi (IBEFE), ainsi que la cellule Migrant du Forem. L’objectif est de créer des synergies entre les acteurs du secteur et harmoniser le dispositif Migrant du Forem avec le parcours d’intégration. Cette initiative permet notamment de structurer les collaborations entre les acteurs de l’insertion socio-professionnelle et de l’intégration.

 

Début 2020, un important travail est mené pour organiser le Forum Emploi Diversité, qui s’ouvre le 13 février. En lien direct avec la plateforme ISP-Diversité, celui-ci vise à rassembler des partenaires pour mettre en lumière des projets ISP réussis. L’événement se déroule au Bureau économique de la Province de Namur (BEP) et attire une centaine de participants. À cette occasion, six capsules vidéo sont réalisées avec Télévision du Monde, mettant en avant des témoignages, des projets ISP et des acteurs du secteur. L’accent y est mis sur les facteurs de succès de ces initiatives.

C’est aussi dans le cadre de ses activités ISP que le CAI développe en 2015 un important projet de mentorat

Comme on le voit, le CAI porte des projets d’insertion socio-professionnelle depuis de nombreuses années, mais l’année 2022 marque un tournant

À partir de 2021, le parcours d’intégration des primo-arrivants reprend l’insertion socio-professionnelle comme étape obligatoire du parcours de la personne. Elle prend la forme d’un module qui bien que se limitant à quatre heures, fournit néanmoins une introduction aux questions d’emploi et plus largement au monde du travail. Bien que les Centres régionaux d’intégration (CRI) revendiquent depuis de nombreuses années d’être reconnus comme des acteurs-clé en matière d’emploi et de diversité, cette mission ne leur est pas immédiatement confiée. Ces 4 heures peuvent en effet être dispensées par le Forem et/ou par le CRI.

En 2022, les centres régionaux d’intégration, dont le CAI, ont désormais l’opportunité de répondre à l’appel à projets du Forem d’accompagnement et de formation en matière d’ISP, leur permettant ainsi de renforcer leurs équipes. Au CAI, la reconnaissance du projet « Levons les freins » entraîne des changements importants au sein de l’équipe ISP. Une nouvelle offre d’accompagnement en insertion socio-professionnelle est alors proposée. Une nouvelle offre d’accompagnement en insertion socio-professionnelle est alors proposée. Elle comprend vingt-trois modules mis en place pour mieux répondre aux besoins et profils des personnes accompagnées et faciliter leur intégration sur le marché du travail.

L’année 2023 marque une nouvelle période de transition et de consolidation pour les projets ISP du CAI, en effet le projet FSE (Fonds Social européen), intitulé “Go to Job”, développé conjointement avec d’autres CRI, est validé. Ce projet offre un nouveau renfort de son équipe ISP pour mieux répondre aux nombreuses demandes. celui-ci permet un accompagnement individuel des personnes à Namur et en décentralisé, mais aussi des séances d’information collectives à Namur. Dorénavant, le Centre propose trois dispositifs d’insertion socio-professionnelle, complémentaires et répondant à un même besoin d’accompagnement spécifique en ISP des personnes étrangères ou d’origine étrangère :

  1. Le module de quatre heures intégré au parcours d’intégration pour les personnes étrangères.
  2. Le projet « Levons les freins », financé par le Forem.
  3. Le projet « Go to Job », financé par le FSE.

Ces dispositifs offrent une gamme d’accompagnements variés, comprenant des sessions collectives et des suivis individuels adaptés aux besoins et attentes des participants.

En 2023, le CAI bénéficie d’un financement spécifique du secteur de la digitalisation (DigitalEES), pour s’équiper d’ordinateurs portables et en faire bénéficier le public dans le cadre des modules numériques récemment élaborés. 

Si l’insertion socio-professionnelle prend de l’importance au sein du CAI, c’est également tout le développement des partenariats et du travail en réseau qui connait alors un nouveau souffle. Le CAI construit de nouvelles collaborations avec des secteurs clés en lien avec l’emploi, notamment les agences d’intérim et les structures agréées pour l’autocréation d’emploi. Il met également en place de nouvelles collaborations avec le monde des entreprises, désormais considérées comme des partenaires incontournables pour mettre les personnes en relation avec le monde du travail. Le CAI continue d’élargir son réseau de contacts avec de nouvelles entreprises, chacune considérée comme un partenaire pour témoigner de la réalité d’un secteur, permettre un stage, une découverte d’un jour, voire offrir de l’emploi. Par ailleurs, il renforce son implication auprès des entreprises et des institutions pour les sensibiliser aux enjeux de l’insertion des personnes étrangères sur le marché de l’emploi. Un exemple clé de cette démarche est le projet « Briller Ensemble à Namur », mené avec des associations issues de l’immigration et l’IRFAM (Institut de Recherche, Formation et Action sur les Migrations), qui permet de recueillir des témoignages d’entrepreneurs étrangers sur leurs succès et difficultés. Ce projet trouve son aboutissement lors d’un colloque organisé le 7 décembre 2022, en marge de la Semaine de l’Emploi de la Ville de Namur.

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2022 – Accueil des réfugiés ukrainiens : deux poids, deux mesures dans l’accueil des publics immigrés

2022 – Accueil des réfugiés ukrainiens : deux poids, deux mesures dans l’accueil des publics immigrés

Février 2022 est marqué par le début de la guerre en Ukraine. S’ensuit un départ massif des populations touchées vers les pays européens, notamment frontaliers de l’Ukraine, mais aussi vers la Belgique. Un grand élan de solidarité se manifeste parmi les citoyens, conforté par les politiques européennes qui octroient le statut inédit de « Protection temporaire » aux personnes fuyant cette guerre. Constatant une différenciation de traitement selon l’origine des réfugiés, le CAI appelle à ce que cette souplesse momentanée de l’accueil soit uniformisée à l’ensemble des demandeurs d’asile. Depuis le 10 mars 2022, la Belgique a délivré 81.880 attestations de protection temporaire. Une fois encore, le CAI et le réseau d’accueil dans son ensemble se mobilisent pour répondre aux besoins du public. Mais très vite, les demandes dépassent largement leurs capacités d’actions. Constatant une différenciation de traitement selon l’origine des réfugiés, le CAI appelle à ce que cette souplesse momentanée de l’accueil soit uniformisée à l’ensemble des demandeurs d’asile. 

  • Un statut inédit aux contours imprécis :

Au départ, les contours du statut inédit de « protection temporaire » ne sont pas tracés clairement : si la procédure et l’accès à ce statut sont bien facilités, les obligations et les avantages sociaux associés ne sont précisés que progressivement. Ceci oblige des réajustements constants pour le Centre d’action interculturelle (CAI) et pour l’ensemble des acteurs concernés. Des éléments sont laissés dans le flou, notamment l’obligation de suivi du parcours d’intégration, question pourtant centrale aux yeux du CAI. Le 29 septembre 2022, le Gouvernement wallon adopte finalement un arrêté prévoyant une nouvelle catégorie de dispense à l’obligation de suivre le parcours d’intégration[1]. Mais entretemps, entre mars à septembre, le CAI considère par prudence ce public comme « obligés », avec les potentielles sanctions associées. Cette obligation créé une tension bien réelle pour ce nouveau public, ainsi que pour l’équipe de première ligne forcée de le rencontrer dans les délais impartis, avec trop peu de ressources. De nombreux réfugiés ukrainiens sont orientés vers le CAI, notamment par les Communes. Le Centre a d’ailleurs communiqué en ce sens. Le public ukrainien doit figurer dans leurs relevés, comme tous les primo-arrivants. Les demandes affluent, mais le CAI manque de ressources internes, tant pour l’accompagnement, que pour l’interprétariat. 

  • Un positionnement clair, dès le début :

Un réfugié est un réfugié… Le CAI dénonce, sur la place publique, l’existence de différences dans l’accueil des réfugiés ukrainiens par rapport aux réfugiés d’autres régions du monde. Il se réjouit évidemment des mesures positives prises par les gouvernements européens et belge pour accueillir les Ukrainiens, ainsi que de la solidarité manifestée par les citoyens. Cependant, il remarque que cette position contraste avec le traitement réservé aux autres réfugiés (notamment syriens) depuis 2015, alors que l’actualité est plutôt marquée par la de fermeture des frontières, de sous-traitance de la gestion des flux migratoires à des pays non respectueux des droits humains, de tragédies en Méditerranée, de conditions inhumaines dans les hot spots et de non-régularisation des sans-papiers. Avant la guerre en Ukraine, la Belgique a, en outre, été accusée de ne pas avoir respecté ses engagements en matière d’accueil, notamment envers les mineurs étrangers non accompagnés.

Avec d’autres intervenants, le CAI revendique alors une politique d’accueil plus humaine et uniforme pour tous les réfugiés, indépendamment de leur origine, en espérant que la solidarité envers les Ukrainiens entraîne une prise de conscience et des améliorations pour tous les réfugiés.

  • Adaptation des pratiques pour répondre aux demandes : 
  1. Une approche collective pour faire face aux demandes
    Face aux listes d’attentes, le CAI doit adapter sa stratégie de premier contact et de rencontre du public. Il privilégie les rencontres collectives à travers des séances d’information. Le contenu de ces séances, basé sur les séances « droits et devoirs » classiques, est spécifiquement adapté à ce nouveau public. Il est le fruit d’un groupe de travail inter-CRI mis en place avant la crise. C’est grâce au travail des coordinations locales et des liens tissés tout au long de l’année et grâce à sa connaissance du terrain que le CAI peut proposer ces séances d’information dans plusieurs localités. Ces séances sont principalement organisées en collaboration avec les CPAS et les PCS des différentes communes de la province et répondent clairement à un besoin des personnes présentes, mais aussi des travailleurs débordés par cette crise. Véritables outils, ces séances permettent également au CAI de recenser les personnes en attente d’un suivi et d’organiser son travail pour faciliter l’accompagnement. En fonction des besoins, des travailleurs du CAI peuvent renforcer leurs permanences décentralisées. 
  2. Renforcement des liens avec le réseau et la présence au niveau local.
    Dès le début du conflit, le CAI sonde régulièrement les opérateurs sur l’impact de l’arrivée du public ukrainien sur leurs activités, en particulier pour les formations en français et le soutien sociojuridique. Il intensifie sa présence dans les espaces de coordination locale, collaborant étroitement avec les communes et les CPAS qui accueillent alors les réfugiés ukrainiens. Le Centre met aussi en ligne un répertoire d’outils sur son site Internet. En parallèle, il participe activement aux groupes de travail mise en place par le Gouverneur de la Province de Namur pour l’accueil des ukrainiens.
  3. Développement d’un pool de volontaires interprètes.
    Face à la surcharge de travail pesant sur le SETIS-wallon, naît la nécessité de créer un pool d’interprètes parlant ukrainien, bénévoles, sensibilisés aux démarches sociales. Pour ce faire, trois Centres régionaux d’intégration, le CAI (Namur), le CRILUX (Luxembourg) et le CRIBW (Brabant wallon), collaborent à l’organisation d’une séance de information à leur destination. Ces mêmes constats amènent le CAI à travailler de façon rapprochée avec les CPAS pour pouvoir accueillir des facilitatrices interculturelles sous contrat « Article 60 ». Deux travailleuses sont engagées par ce biais, ce qui permet de soulager l’équipe déjà au maximum de ses capacités de travail. Cette place centrale occupée par le CAI lui permet d’organiser, avec le Centre de Médiation des Gens du voyage et des Roms (CMGV), une matinée de formation sur les Roms venant d’Ukraine et de Moldavie et de former les professeurs dans une école sur le contexte historico-culturel ukrainien. Enfin, le CAI dédie un moment spécifique à cette question lors de la plénière du Plan provincial et local d’intégration (PPLI). Vu l’ampleur de la tâche à mener, la Région wallonne débloque des moyens pour aider les Initiatives locales d’insertion (ILI) et les Centres régionaux d’intégration (CRI) dans leurs missions, ce qui permet à l’offre de formations à la langue française et d’accompagnement social de s’étoffer, et au CAI d’engager une personne à temps plein dédiée à ce projet.
  4. Les collaborations et un temps pour tirer des leçons pour l’avenirL’OIM pour la création d’un modèle de coordination pour les crises à venir :
    Le travail constant d’adaptation des secteurs publics et associatifs révèle un besoin accru de soutien et de coordination de l’accueil. En septembre 2022, le CAI est invité à participer au projet « Be with U ». Il s’agit d’une initiative conjointe du Service public de Wallonie Intérieur et Action sociale (SPW IAS), de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) et de la Direction générale de l’appui aux réformes structurelles de la Commission européenne (DG REFORM). Le projet vise à améliorer l’accueil et l’intégration des personnes déplacées d’Ukraine en Wallonie. Une enquête est lancée pour recueillir des données sur le secteur, avec une analyse des résultats prévue début 2023. L’objectif poursuivi est d’optimiser la coordination des parties prenantes et de servir de modèle pour d’autres crises futures.
  • Les hébergements collectifs

La stratégie initiale du Gouvernement s’appuie sur la générosité des citoyens pour accueillir les Ukrainiens fuyant le conflit. Avec l’épuisement de cette solution, les gouverneurs des provinces de Wallonie sont chargés de trouver des logements collectifs, gérés opérationnellement par la société Profirst. Plusieurs lieux d’accueil d’urgence sont maintenant actifs, notamment en province de Namur, et les CPAS peuvent solliciter les gouverneurs pour des relogements urgents. le CAI collabore dès lors avec ceux-ci pour accompagner les personnes ukrainiennes qui y résident.

  • Et aujourd’hui…

À partir de 2023, la gestion sociale liée à l’accompagnement des réfugiés ukrainiens passe à un niveau plus habituel. Le renfort de l’équipe du CAI par des personnes russophones/ukrainophones et un subside exceptionnel de la Région wallonne permettent de gérer la charge de travail. Face à l’incertitude de la fin du conflit, de nombreuses personnes souhaitent suivre le parcours d’intégration et reçoivent un accompagnement adapté à l’évolution de leurs besoins.

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Sources :

  • [1] « 29 septembre 2022 – Arrêté du Gouvernement wallon modifiant certaines dispositions du Livre III de la Partie deuxième du Code règlementaire wallon de l’Action sociale et de la Santé, en matière de dispense du parcours d’intégration » [En ligne] https://wallex.wallonie.be/eli/arrete/2022/09/29/2022033768.

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2018 – La solidarité citoyenne et associative s’organise autour des migrants en transit

2018 – La solidarité citoyenne et associative s’organise autour des migrants en transit

Le CAI accompagne les collectifs de citoyens se mobilisant pour aider les migrants qui, en transit vers l’Angleterre, font étape à proximité de certaines entités de la province de Namur. Il participe à coordonner l’action, à interpeller les pouvoirs politiques sur cette réalité, à sensibiliser et informer le grand public, de manière à apaiser les tensions générées par cet afflux migratoire. Le CAI œuvre aussi à ouvrir un dialogue avec les jeunes migrants de manière à éviter des drames. 

En 2015, l’Europe vit une crise migratoire majeure. Plus d’un million de réfugiés affluent vers l’Europe, en provenance principalement de Syrie alors en guerre. De nombreux migrants tentent de rejoindre l’Angleterre. La situation devient tendue au sein de la « jungle de Calais », dont le gouvernement français ordonne le démantèlement définitif pour la fin 2016. Mais le problème se déplace. Les migrants qui fuient leur pays en quête d’un avenir meilleur de l’autre côté de la Manche, se retrouvent alors le long des autoroutes, près des aires de repos, notamment sur le tracé de l’E411 et de l’E42. Dès 2018, on constate ainsi la présence de migrants en transit en province de Namur, principalement autour des communes de Rochefort, Spy, La Bruyère et Gembloux. Mais alors que l’Europe se crispe, des citoyens de ces entités se mobilisent pour aider ces migrants en route vers l’Angleterre. Pendant deux ans, ces citoyens s’organisent en collectifs pour leur fournir un accueil temporaire décent. Ils interpellent notamment le CAI sur la situation et sollicitent son appui, qui immédiatement rassemble ses partenaires afin de créer un réseau de soutien. 

Le CAI met dès lors en place une coordination provinciale de soutien aux collectifs citoyens. le premier objectif est de leur permettre de se rencontrer, d’échanger notamment sur les bonnes pratiques de chacun et de recevoir des informations utiles juridiques notamment. Le deuxième est de créer un réseau de soutien avec des associations de la société d’accueil (réseau wallon de lutte contre la pauvreté, le MOC et le PAC, le GABS etc…. Le troisième est d’interpeller les pouvoirs politiques et les institutions de la grande précarité, de même que de sensibiliser et informer le grand public, de manière à apaiser les tensions générées par ce flux migratoire. enfin un quatrième objectif est de faire connaître aux jeunes migrants les voies légales d’entrée sur le territoire, leur évitant des traversées clandestines périlleuses.

Avec les collectifs concernées et associations le centre prend ainsi plusieurs initiatives dont celle d’interpeller les communes concernées pour obtenir la mise à disposition de locaux et de sanitaires ou pour gérer les relations avec la police. Le Gouverneur et la Province de Namur sont également sollicités. Le Centre organise des séances d’information à l’adresse des citoyens solidaires des migrants sur le cadre juridique entourant l’accueil de réfugiés et la lutte contre la traite des êtres humains. D’autres rencontres d’information sont organisées sur l’aide médicale urgente avec l’inspection des CPAS et entre le CPAS et les collectifs citoyens. Des actions de sensibilisation, en collaboration avec différents partenaires, sont aussi mises sur pied à destination de la population, jeune et moins jeune. Elles visent à informer le public sur la situation, mais aussi à tenter d’apaiser les tensions au sein d’une population locale parfois divisée sur la présence de ces personnes migrantes.

Avec les collectifs citoyens et des opérateurs sociojuridiques actifs dans la province, le CAI entame également un dialogue avec les jeunes migrants pour les encourager à déposer une demande de protection internationale en Belgique et éviter le risque mortel d’une traversée clandestine. C’est dans le contexte de ce travail de sensibilisation qu’un jeune Érythréen, ancien migrant en transit, est engagé au CAI. Il intègre alors une expérience pilote visant à faciliter la communication entre les collectifs de citoyens, les associations et les migrants en transit. Cette nouvelle fonction, créée clé sur porte, de “facilitateur interculturel” sera introduite au CPAS de Namur qui la soutiendra dans le cadre du dispositif article 60. Le travailleur concerné postulera ensuite avec l’appui du CAI au Setis wallon ou la langue Tigrinya faisait défaut face au nombre croissant de demandes pour ce public.

Parallèlement, le Crilux développe comme le CAI un soutien dès qu’il identifie les difficultés qui se posent sur son territoire. A ce moment aucune institution n’estime que c’est son rôle de s’occper de ce public spécifique. Le centre interpelle la plateforme citoyenne de bruxelles dont l’action jusque là est centrée sur Bruxelles.

Après plusieurs mois, en collaboration avec le CRILUX (Centre régional d’intégration de la province du Luxembourg) et avec l’appui de la plateforme citoyenne, le CAI crée la Coordination walllonne des collectifs citoyens solidaires. Avec les collectifs citoyens, celle-ci interpelle  notamment la Région wallonne pour obtenir un soutien financier pour les collectifs de Wallonie.

Grâce à cette action, un appel à projets voit le jour en 2020, qui permet aux collectifs citoyens de subvenir aux besoins de base des personnes migrantes en transit. La Coordination demande aussi au ministre des Pouvoirs locaux d’envoyer une circulaire aux communes soulignant qu’il n’est pas illégal d’octroyer une aide humanitaire aux migrants en transit. Cette circulaire aura un effet positif sur plusieurs communes de Wallonie.

Cette subvention tant bien que mal sera à nouveau octroyée tant pour les collectifs que pour la coordination elle-même.

En 2023, a vérifier la date  c’est la plateforme citoyenne qui prend le pilotage de cette coordination, toujours avec l’appui des deux CRI.

2018 — Migrants en transit (vignette)

* Brochure CAI – « Migrants en transit » (13 p.), 2019.

* Documentaire sur l’appui des collectifs et associations envers les migrants en transit en Wallonie. Produit par le C.A.I. et réalisé par Télévision du monde dans le cadre du Plan provincial et local d’intégration – Novembre 2020

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2016 – Réforme du Code de la nationalité : un tournant dans l’accompagnement des personnes étrangères 

2016 – Réforme du code de la nationalité : un tournant dans l’accompagnement des personnes étrangères

À partir de la modification du Code de la nationalité belge en 2012, la loi fait référence à des réglementations régionales et communautaires. Souhaitée pour plus d’impartialité, dans un contexte politique et institutionnel complexe, cette réforme engendre, en réalité, un certain nombre de zones de flou et des inégalités de traitement. Depuis lors, le CAI n’a de cesse d’interpeller les pouvoirs publics et d’appeler à clarifier les procédures.

Le 4 décembre 2012, la loi sur le Code de la nationalité belge, datant du 28 juin 1984, est modifiée dans le but de rendre la nationalité belge neutre du point de vue de l’immigration. L’arrêté d’application paraît en janvier de l’année suivante. Ce changement législatif est sous-tendu par une évolution de la raison d’être de la loi. En effet, si jusque-là, la nationalité belge était perçue comme un outil d’intégration, elle est désormais considérée comme une « récompense » à l’intégration. L’acquisition de la nationalité est désormais soumise à la validation d’une série  de preuves documentaires : prouver son intégration se fait au moyen de différents vecteurs dont les indicateurs sont clairement indiqués dans les différents textes légaux (loi, arrêté royal ou circulaire). Or, si l’obtention de la nationalité est une compétence fédérale, sa mise en application dépend également de règles régionales et communautaires, ce qui complique la cohérence sur le terrain et l’interprétation selon les régions du pays. 

Depuis la mise en application de la loi, les personnes étrangères ont deux manières d’obtenir la nationalité belge : par attribution ou par acquisition. C’est cette deuxième démarche qui concerne plus spécifiquement le public accompagné par le CAI, qui est de ce fait particulièrement touché par les nouvelles dispositions de la loi. Les personnes qui souhaitent acquérir la nationalité belge doivent désormais démontrer qu’ils répondent à quatre grandes conditions : séjour légal et résidence principale en Belgique, intégration sociale, connaissance linguistique et participation économique. Pour leur faciliter la tâche, l’équipe des accompagnateurs interculturels du CAI se spécialise donc dans ces matières pour aider à la constitution des dossiers. 

En ce qui concerne l’intégration sociale, le législateur prévoit la reconnaissance d’un « cours d’intégration », correspondant au « Parcours d’intégration », dont la compétence est régionale. Or, en 2013, seule la Flandre met déjà en place un tel dispositif. Le législateur wallon n’est alors qu’aux prémices de l’élaboration du futur « Parcours d’accueil des primo-arrivants », qui n’entre en vigueur qu’en 2014. Dans un premier temps, ce dernier prévoit l’obligation de participer au module d’accueil, mais laisse le choix de participer ou non aux modules de formation à la citoyenneté, à l’apprentissage du français et à l’insertion socio-professionnelle. Ce parcours, dont seul l’accueil initial est obligatoire, ne permet pas de prétendre à la reconnaissance du suivi d’un « cours d’intégration » comme le requiert la loi. 

En 2016, lorsque le Gouvernement wallon ambitionne d’étendre l’obligation aux différents axes du parcours (formation à la citoyenneté, apprentissage du français, insertion socioprofessionnelle), l’incertitude persiste sur le terrain concernant la possibilité de le reconnaître comme une preuve d’intégration sociale. C’est dans ce contexte qu’en février, le CAI, fort de son expérience et mandaté en tant que CRI pour l’exécution de la politique wallonne d’intégration, organise une matinée d’étude sur la procédure de demande de nationalité qui réunit des experts et des acteurs de terrain. Celle-ci permet d’appréhender le cadre de l’intervention de chacun et les obligations auxquelles devra se conformer la personne étrangère qui souhaite accéder à la citoyenneté belge. 

À partir de cette réflexion, le CAI rédige un numéro spécial de sa revue bisannuelle Coaxions, initulé « Acquisition de la nationalité belge : liens avec le Parcours d’intégration ». Ce numéro, qui paraît en juin 2017, reprend les actes du colloque, mais propose aussi le regard d’experts juridiques de l’Association pour le droit des étrangers (ADDE), un témoignage, ainsi que d’autres outils et publications.

En 2018, l’obligation du Parcours d’intégration (PI) s’intensifie et les formations en citoyenneté deviennent plus longues (60 heures). Ces évolutions permettent la reconnaissance du Parcours en tant que preuve d’intégration sociale. En revanche, contrairement à la Flandre, l’attestation du Parcours d’intégration wallon ne constitue pas encore une preuve de connaissance linguistique, puisqu’il s’agit uniquement d’une obligation de suivi et non de résultat. Cela change, en 2021, à la suite d’une concertation entre les différents parquets wallons : désormais ces derniers conditionnent la reconnaissance à la maîtrise du français au niveau A2 (attestée par la réussite des tests informatiques ELAO organisés dans les Centres régionaux d’intégration) et à la preuve de fréquentation du Parcours d’intégration.  

Par ailleurs, les parquets prennent une position commune et rendent désormais obligatoires tous les axes du Parcours d’intégration, y compris l’insertion socioprofessionnelle. Après une rencontre avec le parquet de Namur, celui-ci reconnaît l’attestation de fréquentation du PI et fait confiance au CAI pour la vérification de l’effectivité de la preuve (attestation des opérateurs pour le niveau de français A2 et preuve de l’insertion socioprofessionnelle). Une note de clarification conjointe est rédigée et diffusée dans le réseau. 

Sur le terrain, l’effet de la réforme du Code de la nationalité belge se fait clairement ressentir. Les chiffres publiés par Myria (le Centre fédéral des migrations) montrent que le nombre d’acquisitions de la nationalité baisse de manière impressionnante, passant de 22 417 en 2012 à 9136 en 2014. Néanmoins dès 2015-2016, les chiffres remontent, sans doute grâce à la clarification du lien entre le parcours d’intégration et la procédure de demande de nationalité. 

Depuis, les Centres régionaux d’intégration (CRI) voient évoluer de manière très significative le nombre de demandes d’accompagnement pour cette démarche. Le CAI n’y fait pas exception. Depuis 2016, avec la reconnaissance du Parcours d’intégration comme preuve suffisante de l’intégration sociale, les demandes d’accompagnement à ce sujet ne cessent d’augmenter. En 2023, ce besoin d’accompagnement pour la demande de nationalité devient le premier motif d’ouverture d’un dossier au CAI, avec 439 personnes accompagnées, soit environ 30 % des dossiers.

Ces chiffres devraient encore augmenter dans les prochaines années, car de nouvelles évolutions législatives vont ouvrir la possibilité de devenir Belge à davantage de personnes. En effet, en 2024, à la suite d’un arrêt de la Cour constitutionnelle relevant le caractère discriminatoire de la loi envers les personnes analphabètes, le Code de la nationalité est une nouvelle fois réformé. Alors qu’en 2021, les parquets confirmaient au CAI que les personnes demanderesses devaient prouver leur connaissance de la langue au niveau A2 dans les quatre compétences, une exception est désormais prévue pour les personnes en situation d’analphabétisme. Il est en effet reconnu que malgré leurs efforts d’apprentissage de la langue, il leur serait très difficile d’atteindre le niveau exigé en expression écrite et que cela constitue une discrimination à leur égard. Néanmoins, du côté francophone, des zones de flou demeurent sur la mise en application de cette loi concernant les preuves à apporter. Ces questions sont notamment soulevées lors du colloque « Nationalité », organisé en février 2024 par les CRI, le Ciré, l’Association pour le droit des étrangers (ADDE) et l’ASBL Objectifs, qui conservent l’objectif de poursuivre le travail et d’interpeller les institutions concernées, tant au niveau régional que communautaire, pour tenter d’éclaircir la situation. 

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2016 – Du parcours d’accueil au parcours d’intégration obligatoire : une évolution qui transforme aussi les pratiques

2016 – Du parcours d’accueil au parcours d’intégration obligatoire : une évolution qui transforme aussi les pratiques

En 2016, le parcours d’accueil, dispositif mis en place en 2010, cède la place au parcours d’intégration qui devient obligatoire. Ce changement a un impact important sur les personnes accompagnées, mais affecte aussi l’équipe des travailleurs sociaux de première ligne, les forçant à s’adapter et à repenser leurs pratiques.

L’accueil, l’intégration et le vivre-ensemble ont constitué le fondement de l’action du CAI depuis sa création, mais depuis 2010, cette action a connu un véritable tournant avec l’entrée en application du parcours d’accueil et son évolution vers le parcours d’intégration. Si la Flandre applique un parcours d’intégration depuis 2003, il ne fait son apparition en Wallonie qu’à partir des années 2010. C’est en réalité en 2011 qu’un cadre commun pour la politique d’intégration est défini, centré autour des Centres régionaux d’intégration (CRI) et du Dispositif d’accueil des primo-arrivants (DAPA). Ce cadre vise alors à coordonner diverses actions à destination des nouveaux arrivants étrangers. L’objectif est de créer un réseau cohérent de services d’accueil et de soutien, impliquant des acteurs variés comme les services publics, les associations et les opérateurs de formation. La structuration du parcours d’accueil devient alors une priorité : en 2012, une note décisionnelle du Gouvernement wallon clarifie le parcours d’accueil pour les primo-arrivants, en définissant les publics cibles et les axes de travail et en lui attribuant un caractère obligatoire. Un décret doit suivre pour encadrer l’intégration des primo-arrivants. 

Ce décret est adopté en 2013 et formalise le parcours d’accueil en Wallonie. Celui-ci inclut un accueil initial, des formations à la langue française, des modules de participation citoyenne, et une orientation socioprofessionnelle. Les CRI, via les Bureaux d’accueil des primo-arrivants (BAPA), sont responsables de l’accueil initial. Les primo-arrivants doivent s’inscrire à ce programme dans les trois mois qui suivent leur inscription administrative, ce qui permet d’évaluer leurs besoins spécifiques et de les orienter efficacement. 

En 2014, le décret connait une première modification avec un renforcement du cadre légal du parcours d’accueil. Une circulaire publiée en 2015 vient préciser les contours du parcours d’accueil, obligeant les primo-arrivants à suivre un module initial comprenant un bilan social, une orientation dans les démarches administratives et une information sur les droits et devoirs en Belgique. Une seconde phase du parcours est également prévue, incluant la formation linguistique, la formation à la citoyenneté et l’orientation socioprofessionnelle. Cette seconde phase reste, à ce stade, facultative. 

C’est au cours de cette année 2015 que le Centre d’action interculturelle et son équipe d’accompagnement font face à des changements importants : augmentation du nombre de bénéficiaires, modification des missions qui se traduit par une hausse du travail de première ligne et d’accompagnement spécifique du public, nécessitant la mise en place d’un nouveau fonctionnement interne. Bien que ces transitions soient parfois difficiles, elles apportent une plus-value significative aux services offerts par le CAI. 

En 2016, le décret est à nouveau modifié : le parcours d’accueil devient alors le parcours d’intégration, dont l’ensemble des étapes devient obligatoire, y compris la formation à la langue française et la formation à la citoyenneté. Le décret souligne également le rôle crucial des Initiatives locales de développement social (ILDS), qui collaborent avec les CRI pour fournir des services essentiels tels que l’apprentissage du français et l’insertion socioprofessionnelle, garantissant ainsi une intégration réussie des migrants en Wallonie. 

En 2017, l’équipe des accompagnateurs interculturels met en œuvre les nouvelles dispositions du décret et de la circulaire, avec de nouveaux modèles de documents et de procédures. Le public visé par ces actions comprend toutes les personnes étrangères ou d’origine étrangère, sans distinction d’âge, de sexe, ou de statut socioprofessionnel. Cependant, une obligation de participer au module d’accueil reste en place pour les primo-arrivants, définis comme « les personnes étrangères disposant d’un titre de séjour légal de plus de 3 mois et séjournant en Belgique depuis moins de 3 ans ». Les autres publics ont donc la possibilité de s’inscrire dans ce parcours d’intégration, mais n’y sont pas contraints.

Entre 2011 et 2017, le cadre législatif et pratique pour l’accueil et l’intégration des primo-arrivants en Wallonie évolue donc de manière significative, passant d’un protocole d’accord initial à un système structuré et obligatoire, avec une attention croissante portée à la formation linguistique, à la citoyenneté, et à l’insertion socioprofessionnelle. 

Le 17 décembre 2018, de nouvelles modifications sont apportées au décret. Le nombre d’heures de formation proposées dans le cadre du parcours est revu à la hausse : l’apprentissage de la langue française passe de 120 à 400 heures et la formation à la citoyenneté de 20 à 60 heures. Une base de données informatisée est  implémentée par l’administration wallonne pour faciliter le suivi des personnes. Elle s’accompagne de la mise en œuvre d’un dispositif de sanctions en cas de non-suivi du parcours par une personne « obligée » : un agent sanctionnateur est désormais chargé du suivi administratif des personnes ne respectant pas leurs obligations. 

Le 12 mai 2021, l’insertion socio-professionnelle, en quatre heures, devient également obligatoire.

Toutes ces modifications bouleversent la façon de mettre en œuvre l’accompagnement du public. En lien avec son projet politique, le CAI décide d’utiliser le terme « accompagnateur interculturel » pour nommer la fonction de première ligne responsable de cet accompagnement spécifique.  Cette posture est définie dans un document officiel intitulé « Le métier d’accompagnateur interculturel au CAI » : tout au long de l’accompagnement, elle implique un sens de l’ouverture, la prise en compte de l’autre dans ce qu’il est. Elle prône de considérer la personne comme actrice de son parcours et insiste sur l’importance de lui laisser du temps pour le réaliser. Or, le cadre obligatoire et contraignant, qui se renforce au fil des modifications du décret, vient régulièrement questionner le métier des accompagnateurs et sa posture : quel est le sens pour certains usagers de suivre le parcours obligatoire ? Comment habiter la fonction d’accompagnateur interculturel dans un contexte d’obligation et de contrainte ? Et demain, l’obligation de suivre le parcours d’intégration sera-elle couplée à une obligation de résultat, comme c’est le cas en Flandre ? Comment le travailleur peut-il habiter sa posture d’accompagnateur interculturel tout en intégrant toutes ces exigences ? 

Face à ces constats, le CAI met en place différentes initiatives d’accompagnement de son équipe. L’une d’entre elles permet de travailler le cœur du métier interculturel. Une autre permet de s’interroger sur la charge de travail, la partie administrative et les injonctions contradictoires qui opposent le « sois acteur de ton parcours » à « tu es obligé de suivre ce parcours,  sous peine de sanctions financières ». Ces accompagnements sont là pour aider l’équipe à mieux appréhender les changements de décret. Au-delà d’une simple évolution des règles, c’est toute la politique d’accueil et d’intégration de la Wallonie et de la Belgique qui est en jeu, dans un contexte européen particulièrement tendu sur ces mêmes questions.

En parallèle, on note l’évolution de la loi sur l’acquisition de la nationalité belge (cf. Fiche 38 – Modification Code nationalité). Le parcours d’intégration devient un moyen reconnu pour prouver son « intégration sociale », ce qui provoque un afflux important de personnes en demande de nationalité et désormais contraintes, pour d’autres raisons, de suivre un parcours d’intégration.

En 2020, la pandémie de COVID-19 entraîne un passage massif au télétravail, nécessitant l’adaptation du travail des équipes et le passage aux outils numériques. L’organisation du travail de première ligne doit être adaptée pour permettre l’alternance entre distanciel et présentiel en fonction des situations et des urgences, et ce, dans le respect des mesures sanitaires. La communication par courriel, téléphone et visioconférence devient alors primordiale et prend une place importante dans la vie de l’équipe. 

En février 2022, le début de la guerre en Ukraine provoque un afflux massif de réfugiés en Belgique, bénéficiant du statut de « Protection temporaire » à partir du mois de mars. À peine remise d’une pandémie mondiale, l’équipe du CAI doit rapidement se réorganiser pour répondre à ces nouvelles demandes, en renforçant les réseaux existants et en organisant des séances d’information collectives dans 14 communes. Les demandes de formations en langue française et de solutions de logement explosent, nécessitant une augmentation rapide de l’offre, soutenue par la Région wallonne.

À partir de 2010, le parcours d’accueil, qui devient ensuite le parcours d’intégration, connait de nombreux changements, modifiant aussi les manières de travailler au sein du CAI. En quelques années, les lignes du parcours d’accueil se précisent, le public est de mieux en mieux ciblé, des actions ou activités sont identifiées et renforcées. En même temps, c’est la question de l’obligation qui est précisée : si dès 2011 le caractère obligatoire du parcours est bien présent, la teneur de cette obligation et le cadre légal du dispositif de sanction se construisent et se précisent au fil des années. Aujourd’hui encore, malgré son caractère contraignant, le parcours d’intégration est suivi de manière volontaire par de nombreuses personnes étrangères ou d’origine étrangère, obligées ou non de le suivre : sans doute leur apporte-t-il des éclairages, des réponses et des pistes d’action pour mieux vivre dans la société d’accueil.

Tous ces changements législatifs et les deux crises majeures (COVID-19 et crise ukrainienne), qui ont marqué ces quinze dernières années, ont impacté de plein fouet le CAI. En première ligne, au-delà des changements et des crises auxquelles il a fallu s’adapter, c’est le métier de toute une équipe qui a dû évoluer. Au CAI, l’accompagnateur de 2010 n’exerçait pas le même métier que celui de 2024. Ce changement, le CAI a décidé de l’envisager en équipe et de le travailler ensemble. Plusieurs intervenants externes l’ont accompagné à ce titre, pour mieux construire l’avenir du travail social du CAI.

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☑ Intégration
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2015 – Développement de plusieurs projets de mentorat


2015 – Développement de plusieurs projets de mentorat

En observant l’émergence de divers projets de mentorat destinés à établir un accompagnement entre des personnes expérimentées et celles en quête de soutien, le CAI décide de lancer le projet MIN (Mentorat interculturel namurois). Ce projet ambitieux vise à renforcer le capital social des personnes les plus isolées ou discriminées en développant leur réseau social et professionnel de manière à y puiser des ressources pour faciliter leur intégration et leur recherche d’emploi. Il participe également à la déconstruction des stéréotypes et préjugés tant du côté des personnes étrangères que de la société d’accueil. Depuis son lancement en 2014, le projet a prouvé son efficacité auprès des participants, qui ont unanimement salué la richesse des rencontres et la satisfaction de contribuer à une initiative essentielle et prometteuse pour la construction d’une société interculturelle.

Fin 2014, une analyse des besoins menée par l’équipe du CAI dresse plusieurs constats. Elle révèle notamment que certaines demandes adressées aux accompagnateurs dépassent le cadre de leur travail et qu’ils manquent de temps pour y répondre, mais aussi que les bénéficiaires ont besoin de mieux connaître la société d’accueil, de pratiquer la langue française, de créer des réseaux, etc. En réponse à cela, le CAI décide de lancer le projet MIN (Mentorat interculturel namurois) et participe, pour la première fois, à un salon du volontariat pour recruter des bénévoles à titre de mentors. En janvier 2015, le projet voit officiellement le jour. 

Mais le CAI n’a pas attendu 2014 pour lancer ce type d’initiative, déjà en avril 1999, il organisait un séminaire : “ un jeune, un parrain, un emploi” dans le cadre de ses activités d’insertion socio-professionnelle. Celui-ci comportait des analyses de chercheurs sur l’emploi des personnes immigrées, des témoignages d’entreprises mais aussi des propositions d’actions pratiques dont le parrainage.

Le mentorat est une forme d’accompagnement volontaire qui permet d’établir une relation interpersonnelle et réciproque entre une personne expérimentée, le mentor, et une autre souhaitant acquérir des compétences et atteindre des objectifs personnels et professionnels, le « mentoré » (ou mentee). Cette relation privilégiée, fondée sur l’échange et l’apprentissage, facilite le lien entre générations et la transmission des savoirs. Elle se caractérise par l’ouverture à l’autre et peut durer plus ou moins longtemps selon les besoins des deux parties. Elle doit toutefois être suffisamment longue pour permettre aux deux personnes impliquées d’en tirer le profit attendu et de se réaliser personnellement et professionnellement. Le mentor doit être ouvert à la différence (de préférence avoir une base de formation sur l’interculturalité), stable mentalement. Si le duo est avec un demandeur d’asile, il doit être prêt à ce que le demandeur voit sa demande refusée… cela nécessite une certaine force mentale. Et forcément une forte motivation d’aider autrui.

Dans le cadre de ce mentorat interculturel, une personne expérimentée (le mentor) consacre du temps à l’accompagnement d’une personne étrangère pour partager ses expériences humaines et professionnelles, ainsi que ses compétences. Elle répond aux besoins et questions du mentoré en matière de réseau, de scolarité des enfants ou d’orientation vers des formations ou l’emploi. Le mentor peut-être amené à réfléchir au projet de vie et donc de formation et/ou professionnel du mentee. Toujours en fontion des besoin du mentee. La relation permet aussi d’échanger sur différentes représentations. De manière pratique, les duos définissent conjointement le rythme et les lieux de rencontre soit, en moyenne deux heures tous les quinzes jours. Des temps formatifs et d’échanges collectifs sont organisés toutes les six semaines avec des groupes constitués de différents binômes et des chargés du projet MIN. Les duos y partagent leurs attentes mutuelles et y tracent les contours de la relation, à l’aide d’outils (guide du mentor et du mentoré avec des aspects théoriques et des carnets de suivi) mais aussi avec le soutien du chargé de projet. La  est exigée pour le mentor avant et pendant le mentorat. 

Le mentorat interculturel apporte plusieurs avantages pour le mentor et le mentoré : déconstruction des préjugés, soutien et accompagnement selon leurs besoins du mentoré, amélioration de la pratique de la langue française, apprentissage constant pour le mentor : satisfaction de participer à un projet social utile, remise en question de soi et satisfaction de contribuer à l’épanouissement du mentoré. 

En mars 2018, en collaboration avec les IBEFE (Instances Bassins Enseignement qualifiant – Formation – Emploi), d’autres formes de mentorat sont développées, telles que Net2Work. Ce dispositif de mentorat en entreprise met en lien un chercheur d’emploi étranger ou d’origine étrangère (mentoré) avec un travailleur expérimenté et volontaire (mentor) qui l’accompagne et le soutient dans sa recherche et son insertion professionnelle, grâce à son expérience, ses connaissances et son réseau professionnel. Le mentorat d’entreprise permet au mentoré de mieux connaître un métier, de comprendre les codes et spécificités du secteur qu’il souhaite intégrer  et de se connecter à un réseau professionnel. Il favorise également l’émergence d’une société interculturelle. Il n’y a pas de profil type de mentor ni de mentoré : le duo est organisé en fonction des aspirations de l’un et de l’expertise de l’autre. Le mentorat d’entreprise est complémentaire aux structures d’aide à l’insertion dans l’emploi, en apportant le «plus» nécessaire pour décrocher un emploi. 

À la suite de changements organisationnels au sein des IBEFE en 2019, le CAI doit reprendre la gestion du projet (incluant le recrutement de nouveaux mentors, le matching, la gestion des duos) et de la base de données. La même année, le CAI met en pause son implication dans le projet Net2Work pour se concentrer sur un nouveau projet intitulé Net2Work Asile. Ce projet complémentaire est pensé dans la continuité du projet initial, mais cible spécifiquement les personnes demandant la protection internationale en Belgique, un public particulièrement touché par des difficultés d’insertion professionnelle. 

Le but principal de ce nouveau dispositif de mentorat reste celui de découvrir le monde du travail pour confirmer ou infirmer ses projets professionnels. Net2Work Asile s’adresse à tous les bénéficiaires de l’accueil de plus de 18 ans, maîtrisant le français ou l’anglais. Financé par Fedasil à titre d’initiative pilote, le projet s’implante d’abord au sein de quatre structures d’accueil : les Initiatives locales d’accueil (ILA) d’Assesse et de Rochefort, ainsi que les centres d’accueil de Belgrade et de Sugny. Dès 2019, neuf duos mentor-mentoré sont constitués et se rencontrent régulièrement. En 2020, le CAI met davantage d’énergie dans le projet Net2Work Asile, directement soutenu financièrement. 

Les spécificités des projets de mentorat et leurs complémentarités doivent être consolidées pour permettre à chacun de se développer au mieux, en répondant aux besoins croissants en matière de vivre-ensemble. 

En 2021, le CAI continue à soutenir trois programmes de mentorat : le MIN, Net2Work et Net2Work Asile. La crise sanitaire complique cependant le suivi de plusieurs duos, obligeant certains à s’arrêter pour diverses raisons : impossibilité de se rencontrer en toute sécurité, inquiétude des mentors plus âgés, difficultés d’agenda, etc. Le télétravail obligatoire empêche également la concrétisation de rencontres du projet Net2Work sur le lieu de travail. Après la crise du COVID-19, le projet Net2Work est relancé, en appui à d’autres projets d’insertion professionnelle (ISP) du CAI, tels que «Levons les freins», qui permet de créer cinq nouveaux duos sur base du mentorat. 

En 2023, le CAI poursuit le déploiement des projets MIN et Net2work, en se focalisant sur ce dernier, particulièrement utile pour des personnes accompagnées dans le cadre du projet ISP. Le mentorat est alors proposé à des personnes ayant déjà un projet professionnel, mais souhaitant rencontrer un mentor du même secteur afin de l’affiner. Dans ce cadre, cinq mentorés ont ainsi rencontré un mentor, permettant des écahnges enrichissants.

Cette même année, le CAI devient partenaire de la KULeuven et deux autres organisations flamandes, Beyond the Horizon et FMDO, pour un appel à projet de Fedasil. Le projet consiste à développer et tester un modèle de mentorat vers l’emploi adapté au public des demandeurs d’asile « qualifié », c’est à dire ayant suivi au minimum une année d’enseignement supérieur. Ce projet fut reconduit jusque fin 2024 et a permis la formation, à l’échelle du projet, d’une cinquantaine de duos, dont 5 à Namur.

Sur cette base, les chercheurs de la KUL ont pu réaliser un rapport sur les avantages et les freins de ce modèle de mentorat.

A partir de 2025, par manque de financement pour assurer la gestion des projets mais également suite à la charge de travail tendue des accompagnateurs interculturels, le CAI a décidé de mettre en pause le mentorat.

 

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Est-ce que cette démarche se poursuit toujours aujourd’hui ?

En 2023, le CAI poursuit le déploiement de son projet de mentorat, particulièrement utile pour des personnes accompagnées dans le cadre du projet ISP. Ce projet est proposé à des personnes ayant déjà un projet professionnel, mais souhaitant rencontrer un mentor du même secteur afin de l’affiner. Dans ce cadre, cinq mentorés ont ainsi rencontré un mentor, permettant des échanges enrichissants. Le CAI introduit également, cette année-là, plusieurs candidatures à différents appels à projets, notamment avec la KUL, pour permettre aux demandeurs de protection internationale de continuer à se confronter au monde du travail par le biais du mentorat.

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☑ Enseignement / formation / emploi
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