2004 – Expérience pilote à Namur : cinq emplois pour apporter une assise structurelle aux associations d’immigrés


2004 – Expérience pilote à Namur : cinq emplois pour apporter une assise structurelle aux associations d’immigrés

Depuis la création du CSCIN, les associations issues de l’immigration font l’objet d’une attention particulière dans la coopération et le développement d’initiatives favorisant la mise en pratique de la démarche interculturelle pour faciliter le processus d’intégration. L’objectif est de permettre aux populations étrangères d’accéder, au même titre que les autochtones, aux droits fondamentaux.

Avant même la création du Centre en 1983, une large consultation avait été réalisée auprès des représentants de ces associations et de la société civile de la province de Namur. Cette démarche allait être à la base de la constitution des instances de l’ASBL, composées de représentants des pouvoirs publics, d’opérateurs de la société civile et d’associations issues de l’immigration.

Depuis 1998, dans le cadre de sa mission décrétale, le CAI accompagne les Initiatives locales d’intégration (ILI) dans différents domaines : administratif, juridique, financier, dans la gestion et la création de projets, la communication et le graphisme, mais aussi pour la mise en réseau.

En 2002, le nouveau ministre donne pour mandat à chaque CRI de créer un Conseil représentatif. Celui-ci est constitué d’acteurs de la société civile, de représentants des services publics à finalités sociales et des associations issues de l’immigration. Il s’organise en diverses commissions. Cependant, les associations d’immigrés éprouvent rapidement des difficultés à s’investir dans les travaux menés au sein de ces différentes commissions thématiques. La connaissance de ces opérateurs met en exergue le statut qu’elles occupent d’une part et, d’autre part, l’absence de moyens structurels, de professionnalisation liée à leur précarité financière, et à leur manque de moyens humains et logistiques.

En 2004, le CAI entreprend ce projet pilote. Il repose sur le constat que la grande majorité des associations d’immigrés ne dispose pas de postes d’emploi structurels et prévoit d’engager cinq travailleurs sur la base de contrats PTP (Programme de transition professionnelle) pour encadrer de manière suivie chacune des cinq grandes communautés présentes sur le territoire de la province de Namur  (africaine subsaharienne, albanaise, marocaine, turque, russophone).

De cette manière, le Centre entend participer à soutenir et à développer le secteur associatif immigré en renforçant sa stabilité, son autonomie, ses compétences et les occasions de collaborer. Le projet prend fin en 2006, alors que la mise en place du parcours d’intégration obligatoire modifie de manière profonde les manières de travailler. Cependant, le CAI continue son effort pour donner aux associations d’immigrés la place qui devrait leur revenir étant donné le rôle essentiel qu’elles jouent en matière d’inclusion sociale.

Dans le cadre de son travail d’accompagnement, le Centre dresse plusieurs constats :

  • L’absence de rémunération des responsables d’associations. La plupart d’entre eux travaillent bénévolement, ce qui limite leur disponibilité, car ils doivent aussi assurer la survie économique de leur famille.
  • La difficulté à mener des activités de manière structurelle et permanente. De la même manière, le manque de moyens financiers et de temps rend difficile la mise en œuvre d’activités durables au sein des associations.
  • Une dépendance vis-à-vis des intervenants sociaux. Les responsables d’associations se retrouvent parfois obligés de demander de l’aide aux intervenants sociaux, ce qui peut entraîner une certaine dépendance.
  • La difficulté à assumer les obligations légales. Certains responsables ont du mal à gérer les aspects administratifs liés à l’existence juridique d’une ASBL, comme l’organisation des assemblées générales et la comptabilité.
  • La limitation à un profil « folklorique ». Malgré leur volonté d’élargir leurs activités, de nombreuses associations restent cantonnées à des spécificités culturelles, renforçant ainsi les préjugés et l’écart vis-à-vis de la société d’accueil.

Pour répondre aux défis rencontrés par le secteur associatif immigré, le CAI met en place une stratégie tripartite. Premièrement, il cherche à stabiliser et à développer ce secteur, par un soutien immédiat aux activités des associations. Deuxièmement, il vise (à moyen et long terme) à promouvoir leur autonomie à travers un accompagnement pédagogique qui renforce leurs compétences et qui s’appuie sur les ressources internes des associations et des individus qui les animent. Troisièmement, il tente de dynamiser l’intégration des communautés immigrées dans la société d’accueil, en favorisant la collaboration entre les associations d’immigrés et avec les entités locales.

De manière concrète, les travailleurs engagés en contrat PTP organisent des permanences sociales pour les personnes de la communauté au sein des locaux des associations et accompagnent les personnes dans leurs démarches administratives, sociales et professionnelles. Ils affichent également au sein de ces permanences des offres d’emploi pour que les personnes immigrées puissent en prendre plus facilement connaissance. À l’époque, les associations ne sont pas du tout informatisées.

 Sur le plan collectif, des activités sont mises en place en matière d’encadrement des jeunes (comme l’organisation de tournoi de mini-foot), d’autres à destination du grand public. Il s’agit le plus souvent d’activités culturelles  ou d’information (par exemple, sur le droit de vote, organisée avec la commune de Namur).

Le Centre forme ainsi une équipe de cinq membres issus des communautés les plus significatives sur le territoire (africaine subsaharienne, albanaise, marocaine, turque, russophone) pour accomplir trois  missions principales : l’accompagnement pédagogique  des associations, l’assistance fonctionnelle quotidienne et la promotion d’un réseau de synergies interculturelles. Cette équipe a pour objectif de travailler à renforcer la présence et l’identité culturelle des associations sur le territoire de Namur, d’améliorer les compétences administratives et pédagogiques des membres et de tisser des liens entre les associations, les communautés, les institutions et les services de première ligne, pour une meilleure coordination des initiatives interculturelles.

Malheureusement, ce projet n’est pas renouvelé au terme des contrats PTP et s’arrête en 2006.

Les associations ont toutefois continué à être accompagnées par le CAI.

Lorsque, en 2007, la Région wallonne et de la Communauté Française font part de leur intention de mettre en place un parcours d’accueil pour les primo-arrivants, le CAI interpelle les pouvoirs publics. Il souhaite alors renforcer la collaboration avec les associations de terrain en leur offrant la possibilité d’être des lieux d’accueil des primo-arrivants : en permettant en particulier à celles issues de l’immigration de jouer le rôle de premier accueil et d’être financé pour ce faire. Malheureusement, cette idée n’est pas soutenue par les décideurs.

Malgré les différents contextes politiques et les orientations prises par le gouvernement, le CAI maintient toujours son souhait d’impliquer les associations dans les questions liées à l’intégration de migrants et dans la construction d’une société interculturelle. Tout au long de son évolution, le Centre s’est appuyé sur l’expertise et la représentativité des associations communautaires en menant des initiatives contribuant à la reconnaissance de ces communautés immigrées et à la valorisation des différentes cultures, dans la perspective d’un meilleur vivre-ensemble. Parmi ces initiatives, on peut citer : la Semaine maghrébine ; « Sens d’ailleurs » ; la participation à différents projets menés par ses partenaires, dont Multicité à Namur, Multicouleurs à Sambreville ; le colloque sur le codéveloppement, Equal-Vitar ; la co-coordination avec la Province de Namur d’une plateforme « Femmes migrantes » (2013).

En 2008, une recherche-action est menée par l’Institut de recherche et de formation sur la migration (IRFAM). Cette démarche fait l’objet d’une coopération avec l’ensemble des acteurs impliqués dans ce secteur spécifique. Cette recherche contribue à définir le statut des OSIM – Organismes de Solidarité internationale issues des migrations –, à les identifier, à les reconnaître et à créer des synergies avec d’autres structures spécialisées en la matière.

Le changement de décret de 2014 instaure l’obligation du parcours d’intégration et restreint les champs de financement au profit des activités liées strictement au parcours d’intégration. Ces modifications entraînent des conséquences à la fois sur les personnes concernées par cette obligation et sur la composition du réseau d’acteurs autour du CAI. Plus spécifiquement, elles ont un impact important sur les associations issues de l’immigration qui n’ont désormais plus la possibilité de financer leurs actions. Face à cette réalité, le CAI s’investit dans une collaboration plus étroite avec ces associations partenaires, en défendant leur rôle essentiel dans le processus d’inclusion sociale, professionnelle et culturelle des populations issues de l’immigration. Il participe à les renforcer pour qu’elles soient reconnues et visibilisées dans le secteur, en les impliquant, les informant et les formant à cet effet.

Aujourd’hui encore, le CAI œuvre à visibiliser cet axe de travail spécifique avec les associations d’immigrés. Il adapte l’organisation horaire des concertations pour leur permettre d’y prendre part, définit un plan de formation adapté à leurs profils et besoins, leur confie un rôle spécifique dans la construction d’un mémorandum  et leur propose un accompagnement personnalisé, qui diffère de celui des Initiatives locales d’intégration (ILI) qui s’adressent à des organisations plus structurées.

En 2022, le CAI lance, en partenariat avec l’IRFAM, une enquête visant à actualiser le cadastre des associations issues de l’immigration en province de Namur.

Cette recherche répond à un double objectif : valoriser le rôle de ces associations dans l’accueil et l’inclusion des personnes étrangères, et identifier les freins à leur développement. Elle fait suite à une demande de la Ville de Namur, préoccupée par les constats de discrimination relevés par l’ONU, notamment à l’égard des afrodescendants. Cette étude permet de produire une cartographie détaillée du secteur, un état des lieux, un plan de formation adapté et un dispositif d’accompagnement renforcé. Le CAI réaffirme ainsi son engagement à soutenir la reconnaissance, la visibilité et l’action de ces acteurs essentiels dans le champ de l’interculturalité et de l’intégration.

* Légende

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Sources :

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Catégories :

Axes stratégiques d’intervention :

☑ Accompagnement
☑ Interpellation
☑ Travail en réseau

Thématiques traversées par l’activité :

Générales :

☑ Citoyenneté
☑ Enseignement / formation / emploi
☑ Juridique / justice
☑ Logement
☑ Mobilité
☑ Santé

Spécifiques :

☑ Intégration
☑ Interculturalité
☑ Lutte contre les discriminations
☑ Lutte contre le racisme

 





1985 –  Lancement du bulletin de liaison Devenir du Migrant


1985 –  Lancement du bulletin de liaison Devenir du Migrant

Le Centre (CSCIN) lance l’édition d’un périodique trimestriel à destination des immigrés. Cet outil de communication est complémentaire aux actions menées sur le terrain. Il joue le rôle de trait d’union entre les membres d’une même origine linguistique, tout en servant de lien entre les différentes associations actives sur le territoire hors des trois centres urbains (Andenne, Namur et Sambreville).

Au départ, ce périodique est édité en français, mais également traduit en plusieurs langues –italien, arabe, turc et espagnol, et sert d’organe de liaison entre les différentes associations d’immigrés de la province de Namur. Son objectif est de favoriser leur connaissance mutuelle et de les tenir informées des dernières dispositions légales concernant les immigrés : à propos notamment du séjour, de la sécurité sociale, du travail, de la santé, du chômage ou de l’école. Mais également, de permettre à ces associations de découvrir les initiatives menées par leurs homologues dans d’autres régions. Son contenu mêle ainsi des articles traitant d’aspects juridiques, des articles de fond, des comptes-rendus, des données statistiques, de la poésie, promeut différentes activités et initiatives locales et propose un agenda culturel.

 

Tiré initialement à 3000 exemplaires, le bulletin voit le nombre d’exemplaires progressivement augmenter pour atteindre 5500 en 1986, puis 7000 l’année suivante. Ceux-ci sont envoyés par la poste à toutes les familles immigrées de la province de Namur, ainsi qu’à quelques deux cents organismes de la province. En plus des associations d’immigrés, des mouvements d’éducation permanente et des organisations syndicales, le périodique est aussi envoyé aux administrations communales (services sociaux et service population), aux différentes antennes des CPAS, aux services sociaux privés ou aux mutuelles.

 

En 1987, le périodique Devenir du migrant change de nom pour celui d’Horizons 2000 (qui deviendra simplement “Horizons” en 1998). Ce nouveau titre fait référence aux origines variées des destinataires (provenant de tous horizons), mais aussi à la volonté d’étendre sa diffusion tous azimuts et à la volonté d’avancer ensemble, Belges et étrangers, vers le cap symbolique du nouveau millénaire. À partir de 1991, chacun de ses numéros traite un dossier ou un thème d’actualité, tout en continuant à relayer les activités et services des associations et à promouvoir ses propres actions. Cette publication aborde des sujets comme la guerre du golfe, les demandes d’asile, le racisme, le rôle de la famille, l’acquisition de la nationalité, l’intégration ou la politique communale et permet au Centre de diffuser ses outils pédagogiques. Elle s’accompagne à partir de 2004 de la revue Coaxions, qui se concentre alors essentiellement sur des dossiers thématiques liées aux activités du Centre (devenu CAI). L’objectif de cette évolution est de « favoriser l’expression, la prise de parole critique et d’assurer la diffusion de cette parole et des expériences de terrain comme éléments majeurs d’une meilleure connaissance de l’autre »[1].

 

Le Centre collabore aussi à la revue trimestrielle Osmoses, éditée cette fois par la Fédération des Centres régionaux d’intégration (FéCRI) entre 1996 et 2009 et qui totalise 57 numéros. Il y propose des articles de réflexion sur différents sujets de fond, tire les bilans de ses expériences et revient sur les projets qu’il a initiés, permettant ainsi de nourrir le dialogue inter-centres. Parmi les sujets traités figurent par exemple : l’action sociale, le décret CRI, les défis des migrations et de l’intégration, la question de la diversité, celle de la participation des étrangers, la position de l’Europe, la médiation interculturelle dans les hôpitaux, l’inhumation des musulmans, la question des sans-papiers, les initiatives en matière d’apprentissage du français.

 

Ces outils évolueront jusqu’à disparaître petit à petit sous leur forme matérielle, au profit des canaux de communication numériques (mailing, newsletter, réseaux sociaux,…).

 

[1] « Horizons survivra »,  Couverture de Horizons, n° 2003-3 (2003), Centre d’action interculturelle de la province de Namur.

Couverture Horizons (2003/2)

Couverture de Horizons, n° 2003-2 (2003), Centre d’action interculturelle de la province de Namur.

📄 Voir le document

Courrier du lecteur, Le devenir du migrant ?, n° 1/85 (français), 1985, Archives du CAI.

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☑ Citoyenneté
☑ Enseignement / formation / emploi
☑ Juridique / justice
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Spécifiques :

☑ Intégration
☑ Interculturalité
☑ Lutte contre les discriminations
☑ Lutte contre le racisme

 





Réforme APE – que faire si j’ai un problème avec le VGE avant le 30 septembre 2022

Nous avons tous reçu en décembre 2021 ou janvier 2022 un courrier du Forem ainsi qu’un arrêté ministériel nous informant du montant de notre subvention APE, du nombre minimum de travailleurs et surtout de ce fameux VGE (volume global de l’emploi).

Comment est calculé ce Volume Global de l’Emploi ?

Le VGE est calculé par rapport à l’effectif de référence, à savoir la moyenne annuelle des travailleurs exprimée en équivalent temps plein pour les années 2017, 2018 et 2019. L’employeur est tenu de respecter ce nombre d’ETP.

Comment contrôler que le VGE repris sur l’arrêté ministériel est bien correct ?

En questionnant directement l’ONSS : https://www.onss.be/contactez-nous

En remplissant donc le formulaire de contact, le sujet à choisir étant : statistiques.
L’ONSS vous enverra par retour de mail, un formulaire reprenant vos ETP pour les années 2017 et suivantes.

En voici pour exemple 2017 :

Il vous restera donc à calculer la moyenne de toutes ces années et de comparer le résultat avec l’arrêté de subvention.

Que faire si il y a une différence entre la moyenne calculée de l’ONSS et l’arrêté de subvention ?

Vous devez vous rendre sur le site du Forem, sur la plateforme sécurisée, avec vos mots de passe et aller dans la rubrique :

https://www.leforem.be/espace-entreprise/aides/aides-promotion-emploi/Reforme-APE/recalculVGE

Il convient donc de compléter ce formulaire et d’y annexer la preuve que vous aurez reçue de l’ONSS.

N’hésitez pas à nous contacter pour toutes questions : fabienne@cainamur.be – 081 71 35 17