2017 – Chartes et motions pour un meilleur accueil des personnes étrangères en province de Namur

2017 – Chartes et motions pour un meilleur accueil des personnes étrangères en province de Namur

Dans le cadre de la campagne « Justice migratoire » du CNCD 11.11.11, le CAI se mobilise, aux côtés de citoyens, pour faire voter les motions « Communes hospitalières » aux majorités politiques communales et provinciale en province de Namur. Cet engagement symbolique permet d’obtenir des avancées en matière d’accueil, d’intégration et de vivre-ensemble. 

Dès 2013, le Centre d’action interculturelle de la province de Namur (CAI) affiche sa volonté de renforcer le développement de l’interculturalité dans les politiques communales et provinciale. C’est pourquoi il élabore la Charte interculturelle et la propose aux différentes communes.

Cette charte fait référence à la notion de « Villes ou Cités interculturelles », définie par le Conseil de l’Europe, ainsi qu’à la notion de charte associative. En effet, le constat posé par le Conseil de l’Europe met en évidence l’aspect de plus en plus diversifié des communautés, d’où la nécessité d’une gestion de cette diversité, qui devient un enjeu d’avenir. La charte de Modène en Italie l’énonce ainsi :

« Car les villes (et les sociétés) de demain devront être interculturelles ; elles devront donc être capables de gérer et de valoriser leur diversité culturelle afin de stimuler la créativité et l’innovation et, ainsi, assurer leur prospérité économique et améliorer leur qualité de vie.

[La] ville interculturelle sera le résultat d’une vision partagée et d’efforts communs d’un panel d’intervenants de la société civile et institutionnelle, respectant la complexité des aspects qui ont été pris en considération dans l’enjeu de la diversité. Les concepts d’intégration et d’interculturalité nécessitent un projet global dans lequel un processus dynamique de co-construction et de partage contribue à l’élaboration d’un meilleur vivre ensemble et surtout à l’accès aux droits fondamentaux pour toutes et tous[1].

 

En  Wallonie, la gestion de cette diversité est mise en place localement, notamment par le Plan local d’intégration (PLI) piloté par chaque centre régional d’intégration. Celui-ci met en évidence les besoins spécifiques des personnes étrangères ou d’origine étrangère dans l’accès aux droits et définit les stratégies à développer pour mieux les rencontrer sur le territoire de la Ville, tout en stimulant un travail en réseau.

Dans ce cadre, la Charte interculturelle  précise le cadre de partenariat des opérateurs/intervenants/acteurs de terrain. Elle propose une mise en oeuvre concrète des intentions politiques afin de faire progresser l’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère et favoriser le vivre-ensemble. Elle définit – en les rappelant – les concepts de base qui fondent cette finalité : l’interculturalité et l’intégration. Celle-ci est adoptée par la commune de Sambreville en 2014, puis par plusieurs communes et villes en province de Namur.

Il s’agit en  pratique de :

  • Valoriser les initiatives, les actions et les réflexions des associations adhérant au projet de société interculturelle.
  • Favoriser l’appropriation de l’espace public par les minorités.
  • Créer des synergies entre les différents acteurs de l’immigration / intégration et de l’interculturalité tant du secteur privé que du secteur public.
  • Favoriser la visibilité de ces acteurs par une politique de communication appropriée.
  • Agir pour le dépassement de toute communautarisation ou ghettoïsation des diverses communautés.
  • Offrir à l’intégration un sens et une pratique quotidienne, en mettant la citoyenneté au centre de toute action développée dans ce cadre..
  • Favoriser le dialogue et le rapprochement entre les différentes composantes culturelles de la société environnante pour une meilleure cohabitation et une gestion de la diversité.

En 2017, le CNCD 11.11.11 lance sa campagne annuelle sur le thème de la « Justice migratoire ». Il met à la disposition des citoyens, une proposition-type de motion « Commune Hospitalière », que chacun peut proposer au vote lors des conseils communaux. Cette initiative entraîne l’abandon de la Charte interculturelle telle que développée par le CAI. En effet, comme ces motions prônent les mêmes valeurs et contenus que la Charte interculturelle et que les Plans locaux d’intégration, le CAI décide plutôt de travailler à l’adoption et à la mise en place de ces motions sur son territoire avec les partenaires mobilisés.  

En province de Namur, certaines communes adoptent la motion « Commune hospitalière » en l’état et se déclarent ainsi symboliquement en faveur d’un meilleur accès aux droits fondamentaux des personnes étrangères sur leur territoire. En revanche, avec d’autres associations, le CAI accompagne des collectifs citoyens pour travailler cette motion-type de manière à l’adapter à certaines réalités communales. En parallèle, la Province de Namur, suite à une proposition conjointe du CAI et du CNCD et par ailleurs l’Université de Namur s’affichent officiellement en tant qu’institutions hospitalières. Cet engagement politique et institutionnel permet alors, et aujourd’hui encore, à la société civile, dont le CAI fait partie, d’obtenir des avancées sur des situations problématiques existant sur certains territoires communaux, que ce soit en matière d’accueil, d’accès aux droits fondamentaux et de vivre-ensemble. Citons à cet égard : l’ouverture d’un second centre d’accueil pour demandeurs de protection  internationale à Namur, les initiatives communales prises en faveur des migrants en transit et des collectifs citoyens solidaires, l’organisation de formations pour le personnel communal ou le soutien de projets  par la Province.

Par ailleurs, toujours en 2017, le CAI organise également, en partenariat avec le CNCD 11.11.11, les « Assises des migrations à Namur ». Il s’agit d’un forum d’acteurs namurois réuni autour des enjeux de la justice migratoire  et de projets en faveur de l’accueil des personnes migrantes ou du vivre ensemble… Une cinquantaine de participants issus des secteurs culturel, public, jeunesse, scolaire et social répondent à l’appel. Trois ateliers, dont les thèmes reposent sur le principe de libre circulation, sont organisés : – la lutte contre les inégalités pour réduire l’écart entre le Nord et le Sud ; la convergence entre les combats en faveur des droits des migrants et ceux pour plus de justice sociale ; la question des voies d’accès légales et sûres vers l’Europe – ceux-ci permettent de faire émerger les recommandations du terrain. Ces dernières sont relayées dans un cahier de revendications à destination du pouvoir fédéral.

À ce jour, les communes de la province de Namur ayant adopté la   « Commune hospitalière » sont : Couvin, Florennes, Gembloux, Gesves, Hastière, Jemeppe-Sur-Sambre, Namur, Rochefort et Viroinval.

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2014 – « Engagements croisés : 50 ans d’immigration, 30 ans d’interculturalité » : un projet autour de deux anniversaires

2014 – « Engagements croisés : 50 ans d’immigration, 30 ans d’interculturalité » : un projet autour de deux anniversaires

Le projet « Engagements croisés » est constitué d’une série d’activités de commémoration, mais aussi de sensibilisation locale, prenant appui sur les actions, les acteurs de la province de Namur et les partenaires du CAI.

Ce projet s’inscrit dans le cadre des 50 ans de l’immigration marocaine et turque, mais aussi des 30 ans du CAI. Une série d’activités sont organisées les 28 et 29 avril 2014 à la Maison de la Culture de Namur. Elles aspirent à améliorer les connaissances des citoyens sur l’histoire de leur région en matière de multiculturalisme, à médiatiser des initiatives favorisant le vivre-ensemble et à encourager une approche interculturelle dans la relation liant les populations migrantes, les acteurs sociaux et politiques et la population en général.

Le programme de ces deux journées se décline en une série d’activités : séminaire, conférence, lectures publiques, table-ronde et débats, pièce de théâtre, ateliers de calligraphie ou de henné, présentation du résultat d’atelier créatif, concert, film, expositions, stands littéraire et musical, présentation d’outils pédagogiques. Celles-ci explorent et interrogent : la place de l’interculturalité dans les processus d’intégration, les causes des migrations, les pratiques multiculturelles, etc. Elles mettent aussi en valeur les apports culturels des populations issues de l’immigration, et plus spécialement de celles venant du Maroc et de Turquie dont on commémore la venue. En effet, c’est en 1964 que la Belgique signe deux accords bilatéraux, avec le Maroc (en février) et la Turquie (en juillet), pour faire venir de la main-d’œuvre étrangère et répondre à la pénurie de travailleurs qui affecte ses secteurs industriels (mines, métallurgie, construction, etc.), comme en 1946 avec l’Italie.   

Des réalisations du CAI y sont mises à l’honneur comme les outils pédagogiques intitulés « Causes des migrations », « Le mot juste pour démêler quelques préjugés sur les étrangers » et « Récits de vie ». Le Centre y présente également une exposition de photographies réalisée pour l’occasion : « Visages, regards et présences : 50 ans d’immigrations marocaine et turque en province de Namur », ainsi que deux expositions plus anciennes : « Mines et mineurs de Wallonie, d’Italie et d’ailleurs » et « Des hommes et des carrières ». La réalisation de la nouvelle exposition sur les immigrations marocaine et turque, ainsi que du projet « Engagements croisés » de manière plus globale, est le résultat d’un travail de longue haleine, mené en collaboration avec de nombreux partenaires tels que la Province de Namur(et la Maison de la Culture), Espace Magh, Annoncer la couleur, les Grignoux, le Centre Culturel de Namur, Article 27 et bien d’autres. Il se clôture, à la fin de l’année 2014, par la publication d’un Coaxions, qui résume et rassemble l’ensemble du travail réalisé. Tout au long de ce processus de travail, le CAI agit comme agent de réseau, pour harmoniser et coordonner les actions menées sur la province de Namur.

En 2024 et 2025, pour marquer les 60 ans des accords bilatéraux avec le Maroc et la Turquie, de nouvelles actions sont organisées, en collaboration avec les communautés concernées et le Centre culturel de Namur (Bomel). 

Cette initiative s’inscrivait dans continuité et une volonté de donner la parole aux descendants de la première génération de travailleurs immigrés ; une mise en lumière des parcours individuels et collectifs, des héritages culturels et des engagements citoyens qui façonnent aujourd’hui la société namuroise. Nous avons pour cela réalisé, entre octobre 2024 et mai 2025 :

  • des ateliers d’expression avec des jeunes,
  • une exposition photographique accompagnée de témoignages intitulée Instants d’années – avec Lillo Canta,
  • un ouvrage intitulé Accords au présent – Résonances turques et marocaines en namurois (rédigé avec Ahmed Ahkim et Altay Manço, publié par Couleur livres)
  • une inauguration et une séance de découverte de ces outils en présence des consuls marocains et turcs mais aussi le Gouverneur de la province de Namur au Centre Culturel de Namur (Bomel).
2014 — Couv Batisseurs Inter (vignette)

* Centre d’Action Interculturelle de la province de Namur (CAI). Les “Bâtisseurs” de l’interculturalité en province de Namur : Face à l’objectif. (Projet « Engagements croisés : 50 ans d’immigration / 30 ans d’interculturalité »). Namur : CAI, 2014, 40 p. Éditrice responsable : Benoîte Dessicy

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2007 – Journée découverte de services à Sambreville


2007 – Journée découverte de services à Sambreville

Dans le cadre du comité d’accompagnement des projets du Fonds d’impulsion à la politique des immigrés (FIPI) de la Commune de Sambreville, une analyse des besoins de la population issue de l’immigration est effectuée par les opérateurs financés dans le cadre du FIPI et le CAI. Les observations mettent en évidence la nécessité de renforcer l’accueil et l’intégration de ce public en favorisant une démarche interculturelle. Pour ce faire, une journée « découverte » est co-organisée pour permettre à cette population de rencontrer et d’échanger avec des services publics à finalité sociale et des associations socio-éducatives de Sambreville.

L’organisation de cette journée de découverte des services s’adresse en priorité aux nouveaux migrants établis sur la commune de Sambreville et a pour objectif de leur faire découvrir les services auxquels ils peuvent s’adresser dans leurs démarches d’intégration (en matière de logement, de santé, d’accompagnement, par exemple). Cette initiative émane de porteurs de projets FIPI, parmi lesquels l’administration communale et le CPAS de Sambreville, le Centre d’animation interculturelle de la Basse-Sambre, les Compagnons dépanneurs, l’ASBL Sambre-Alpha et le Centre d’action interculturelle de la province de Namur (CAI). 

Pour rappel, les projets soutenus par le Fonds d’impulsion à la politique des immigrés (FIPI), créé en 1991 par le Gouvernement fédéral, doivent favoriser l’intégration sociale des personnes d’origine étrangère, la prévention des discriminations et le dialogue interculturel.

Depuis toujours, le CAI développe des initiatives pour répondre aux besoins de la population et de ses partenaires en favorisant l’essaimage et l’ancrage de manière à pérenniser ces actions.  C’est ainsi qu’on observe que des projets similaires, organisés une fois l’an, voient le jour dans les communes de Sambreville, Gembloux et Florennes notamment, qui permettent de faciliter l’accueil de tous les nouveaux résidents.

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2006 – « Les échanges de midi autour de l’interculturel »


2006 – « Les échanges de midi autour de l’interculturel »

« Les échanges de midi autour de l’interculturel », dont la première édition est organisée en 2006, sont des cycles de conférences, sur des thématiques touchant les réalités de personnes issues de l’immigration. Organisées principalement à Namur, elles poursuivent comme objectifs de sensibiliser des professionnels et citoyens désireux d’enrichir leurs connaissances sur l’immigration dans toutes ses dimensions et de développer leur esprit critique. En effet, la diversité d’origines, de langues et de codes culturels auxquels ils peuvent être confrontés sont souvent source d’incompréhension, de malaise et de frustration, voire de conflits. Dans certains cas, cela se traduit par un repli sur soi et par un renforcement des représentations négatives à l’égard des étrangers.

Le CAI n’invente pas le concept en 2006. Déjà dans les années 1990, un cycle de conférences intitulé «Santé et cultures» avait été organisé afin d’amener les participants à une réflexion sur l’aspect culturel dans l’accès à la santé. Y étaient notamment abordés : la Sécurité sociale et l’immigration, la perception du corps médical par les personnes de différentes ethnies, la santé mentale, la santé chez les femmes, la santé et l’Islam, les soins à domicile, le troisième âge ou encore la mort.

En 2006, commence la programmation d’un cycle de rencontres intitulé « Les échanges de midi » son objectif est de fournir des outils et des clés d’information sur des aspects culturels, sociaux et historiques liés aux populations issues de l’immigration, de contribuer à la compréhension des réalités et des cultures des personnes d’origine étrangère, afin de lever des représentations faussées et de créer des synergies entre les acteurs du terrain autour de la dimension interculturelle. D’abord organisées à Namur, Gembloux, Sambreville (entre 2013 et 2016, en collaboration avec le PCS) et Andenne, ces conférences-rencontres se concentrent, au fil des années, à Namur même. 

Ces échanges sont modulés en trois temps : d’abord, une rencontre conviviale entre les participants autour d’un repas, suivie de la présentation du sujet du jour par un intervenant, expert en la matière, puis par une séance de questions-réponses. Le tout en un temps limité au temps de midi (de 12h à 14h30), permettant ainsi aux participants de ne pas empiéter sur leur temps de travail.

La dernière édition des « échanges de midi » se déroule en 2019. Par la suite, le CAI proposera plutôt des matinées thématiques, intégrées directement dans le catalogue de formations. Ces demi-journées de formation visent à permettre aux opérateurs, ainsi qu’à toute personne intéressée, d’accéder à différents sujets thématiques liés à l’interculturalité. Comme « Les échanges de midi », il s’agit d’un espace de dialogue et d’échanges dans lequel les exposés des intervenants sont enrichis par les expériences et les connaissances des participants.

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2004 – Expérience pilote à Namur : cinq emplois pour apporter une assise structurelle aux associations d’immigrés


2004 – Expérience pilote à Namur : cinq emplois pour apporter une assise structurelle aux associations d’immigrés

Depuis la création du CSCIN, les associations issues de l’immigration font l’objet d’une attention particulière dans la coopération et le développement d’initiatives favorisant la mise en pratique de la démarche interculturelle pour faciliter le processus d’intégration. L’objectif est de permettre aux populations étrangères d’accéder, au même titre que les autochtones, aux droits fondamentaux.

Avant même la création du Centre en 1983, une large consultation avait été réalisée auprès des représentants de ces associations et de la société civile de la province de Namur. Cette démarche allait être à la base de la constitution des instances de l’ASBL, composées de représentants des pouvoirs publics, d’opérateurs de la société civile et d’associations issues de l’immigration.

Depuis 1998, dans le cadre de sa mission décrétale, le CAI accompagne les Initiatives locales d’intégration (ILI) dans différents domaines : administratif, juridique, financier, dans la gestion et la création de projets, la communication et le graphisme, mais aussi pour la mise en réseau.

En 2002, le nouveau ministre donne pour mandat à chaque CRI de créer un Conseil représentatif. Celui-ci est constitué d’acteurs de la société civile, de représentants des services publics à finalités sociales et des associations issues de l’immigration. Il s’organise en diverses commissions. Cependant, les associations d’immigrés éprouvent rapidement des difficultés à s’investir dans les travaux menés au sein de ces différentes commissions thématiques. La connaissance de ces opérateurs met en exergue le statut qu’elles occupent d’une part et, d’autre part, l’absence de moyens structurels, de professionnalisation liée à leur précarité financière, et à leur manque de moyens humains et logistiques.

En 2004, le CAI entreprend ce projet pilote. Il repose sur le constat que la grande majorité des associations d’immigrés ne dispose pas de postes d’emploi structurels et prévoit d’engager cinq travailleurs sur la base de contrats PTP (Programme de transition professionnelle) pour encadrer de manière suivie chacune des cinq grandes communautés présentes sur le territoire de la province de Namur  (africaine subsaharienne, albanaise, marocaine, turque, russophone).

De cette manière, le Centre entend participer à soutenir et à développer le secteur associatif immigré en renforçant sa stabilité, son autonomie, ses compétences et les occasions de collaborer. Le projet prend fin en 2006, alors que la mise en place du parcours d’intégration obligatoire modifie de manière profonde les manières de travailler. Cependant, le CAI continue son effort pour donner aux associations d’immigrés la place qui devrait leur revenir étant donné le rôle essentiel qu’elles jouent en matière d’inclusion sociale.

Dans le cadre de son travail d’accompagnement, le Centre dresse plusieurs constats :

  • L’absence de rémunération des responsables d’associations. La plupart d’entre eux travaillent bénévolement, ce qui limite leur disponibilité, car ils doivent aussi assurer la survie économique de leur famille.
  • La difficulté à mener des activités de manière structurelle et permanente. De la même manière, le manque de moyens financiers et de temps rend difficile la mise en œuvre d’activités durables au sein des associations.
  • Une dépendance vis-à-vis des intervenants sociaux. Les responsables d’associations se retrouvent parfois obligés de demander de l’aide aux intervenants sociaux, ce qui peut entraîner une certaine dépendance.
  • La difficulté à assumer les obligations légales. Certains responsables ont du mal à gérer les aspects administratifs liés à l’existence juridique d’une ASBL, comme l’organisation des assemblées générales et la comptabilité.
  • La limitation à un profil « folklorique ». Malgré leur volonté d’élargir leurs activités, de nombreuses associations restent cantonnées à des spécificités culturelles, renforçant ainsi les préjugés et l’écart vis-à-vis de la société d’accueil.

Pour répondre aux défis rencontrés par le secteur associatif immigré, le CAI met en place une stratégie tripartite. Premièrement, il cherche à stabiliser et à développer ce secteur, par un soutien immédiat aux activités des associations. Deuxièmement, il vise (à moyen et long terme) à promouvoir leur autonomie à travers un accompagnement pédagogique qui renforce leurs compétences et qui s’appuie sur les ressources internes des associations et des individus qui les animent. Troisièmement, il tente de dynamiser l’intégration des communautés immigrées dans la société d’accueil, en favorisant la collaboration entre les associations d’immigrés et avec les entités locales.

De manière concrète, les travailleurs engagés en contrat PTP organisent des permanences sociales pour les personnes de la communauté au sein des locaux des associations et accompagnent les personnes dans leurs démarches administratives, sociales et professionnelles. Ils affichent également au sein de ces permanences des offres d’emploi pour que les personnes immigrées puissent en prendre plus facilement connaissance. À l’époque, les associations ne sont pas du tout informatisées.

 Sur le plan collectif, des activités sont mises en place en matière d’encadrement des jeunes (comme l’organisation de tournoi de mini-foot), d’autres à destination du grand public. Il s’agit le plus souvent d’activités culturelles  ou d’information (par exemple, sur le droit de vote, organisée avec la commune de Namur).

Le Centre forme ainsi une équipe de cinq membres issus des communautés les plus significatives sur le territoire (africaine subsaharienne, albanaise, marocaine, turque, russophone) pour accomplir trois  missions principales : l’accompagnement pédagogique  des associations, l’assistance fonctionnelle quotidienne et la promotion d’un réseau de synergies interculturelles. Cette équipe a pour objectif de travailler à renforcer la présence et l’identité culturelle des associations sur le territoire de Namur, d’améliorer les compétences administratives et pédagogiques des membres et de tisser des liens entre les associations, les communautés, les institutions et les services de première ligne, pour une meilleure coordination des initiatives interculturelles.

Malheureusement, ce projet n’est pas renouvelé au terme des contrats PTP et s’arrête en 2006.

Les associations ont toutefois continué à être accompagnées par le CAI.

Lorsque, en 2007, la Région wallonne et de la Communauté Française font part de leur intention de mettre en place un parcours d’accueil pour les primo-arrivants, le CAI interpelle les pouvoirs publics. Il souhaite alors renforcer la collaboration avec les associations de terrain en leur offrant la possibilité d’être des lieux d’accueil des primo-arrivants : en permettant en particulier à celles issues de l’immigration de jouer le rôle de premier accueil et d’être financé pour ce faire. Malheureusement, cette idée n’est pas soutenue par les décideurs.

Malgré les différents contextes politiques et les orientations prises par le gouvernement, le CAI maintient toujours son souhait d’impliquer les associations dans les questions liées à l’intégration de migrants et dans la construction d’une société interculturelle. Tout au long de son évolution, le Centre s’est appuyé sur l’expertise et la représentativité des associations communautaires en menant des initiatives contribuant à la reconnaissance de ces communautés immigrées et à la valorisation des différentes cultures, dans la perspective d’un meilleur vivre-ensemble. Parmi ces initiatives, on peut citer : la Semaine maghrébine ; « Sens d’ailleurs » ; la participation à différents projets menés par ses partenaires, dont Multicité à Namur, Multicouleurs à Sambreville ; le colloque sur le codéveloppement, Equal-Vitar ; la co-coordination avec la Province de Namur d’une plateforme « Femmes migrantes » (2013).

En 2008, une recherche-action est menée par l’Institut de recherche et de formation sur la migration (IRFAM). Cette démarche fait l’objet d’une coopération avec l’ensemble des acteurs impliqués dans ce secteur spécifique. Cette recherche contribue à définir le statut des OSIM – Organismes de Solidarité internationale issues des migrations –, à les identifier, à les reconnaître et à créer des synergies avec d’autres structures spécialisées en la matière.

Le changement de décret de 2014 instaure l’obligation du parcours d’intégration et restreint les champs de financement au profit des activités liées strictement au parcours d’intégration. Ces modifications entraînent des conséquences à la fois sur les personnes concernées par cette obligation et sur la composition du réseau d’acteurs autour du CAI. Plus spécifiquement, elles ont un impact important sur les associations issues de l’immigration qui n’ont désormais plus la possibilité de financer leurs actions. Face à cette réalité, le CAI s’investit dans une collaboration plus étroite avec ces associations partenaires, en défendant leur rôle essentiel dans le processus d’inclusion sociale, professionnelle et culturelle des populations issues de l’immigration. Il participe à les renforcer pour qu’elles soient reconnues et visibilisées dans le secteur, en les impliquant, les informant et les formant à cet effet.

Aujourd’hui encore, le CAI œuvre à visibiliser cet axe de travail spécifique avec les associations d’immigrés. Il adapte l’organisation horaire des concertations pour leur permettre d’y prendre part, définit un plan de formation adapté à leurs profils et besoins, leur confie un rôle spécifique dans la construction d’un mémorandum  et leur propose un accompagnement personnalisé, qui diffère de celui des Initiatives locales d’intégration (ILI) qui s’adressent à des organisations plus structurées.

En 2022, le CAI lance, en partenariat avec l’IRFAM, une enquête visant à actualiser le cadastre des associations issues de l’immigration en province de Namur.

Cette recherche répond à un double objectif : valoriser le rôle de ces associations dans l’accueil et l’inclusion des personnes étrangères, et identifier les freins à leur développement. Elle fait suite à une demande de la Ville de Namur, préoccupée par les constats de discrimination relevés par l’ONU, notamment à l’égard des afrodescendants. Cette étude permet de produire une cartographie détaillée du secteur, un état des lieux, un plan de formation adapté et un dispositif d’accompagnement renforcé. Le CAI réaffirme ainsi son engagement à soutenir la reconnaissance, la visibilité et l’action de ces acteurs essentiels dans le champ de l’interculturalité et de l’intégration.

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