1997 – Agrément comme Centre régional d’intégration


1997 – Agrément comme Centre régional d’intégration

En juillet 1996, la Région wallonne vote le « Décret relatif à l’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère ». Dans ce cadre, le gouvernement reconnait six centres régionaux d’intégration (CRI) dans différentes zones d’action prioritaire en Wallonie. Parmi eux figure le Centre socioculturel des immigrés de Namur (CSCIN), officiellement agréé en mars 1997. Le décret confère aux centres de nouvelles missions et s’inscrit dans une orientation privilégiant la notion d’intégration. Pour réaffirmer le sens de son action axée sur l’interculturalité, le Centre change de nom et devient, en octobre 1998, le Centre d’action interculturelle de la province de Namur (CAI). Dans cette même visée, il présente, en 2002, son projet politique qui met en avant ses principes fondateurs et rappelle ses valeurs.

Le projet de décret relatif à l’intégration des personnes étrangères trouve ses racines au milieu des années 1980, mais n’est voté que le 4 juillet 1996. Il entend établir « une politique cohérente d’intégration des personnes immigrées ou issues de l’immigration, promouvoir l’égalité des chances et favoriser une société respectueuse de la diversité culturelle, de manière à améliorer les conditions objectives et subjectives d’une cohabitation harmonieuse ». Il prévoit la reconnaissance de plusieurs ASBL existantes en Centres régionaux d’intégration disséminés dans les zones d’action prioritaire, soit à Charleroi, La Louvière, Liège, Mons, Namur et Verviers. D’autres Centres verront le jour par la suite pour arriver à un nombre total de 8 (Crilux et Cribw).

En 1996, l’année de sa promulgation, le CSCIN organise une formation collective du personnel de tous les centres existants où sont abordés différents contenus (historique de l’immigration, « législation, aspects statistiques, aspects institutionnels, aspects conceptuels/ racisme », le rapport à l’autre, réflexion sur l’identité). Un support sous forme de guide est réalisé à cette occasion.

L’année suivante, le CSCIN introduit une demande d’agrément, qui est acceptée. Cette reconnaissance nécessite un ajustement structurel : révision de plusieurs aspects du Centre (règlement d’ordre intérieur, définition des profils et postes de travail, ainsi que des secteurs d’activités, création d’un organigramme) et une réorganisation de l’équipe. Les nouvelles missions, définies par secteurs d’activités, demanderont alors une approche plus transversale et le développement d’une dynamique d’interaction et d’interdisciplinarité.

Le décret exigeant la parité des organes de gestion, la configuration de ceux-ci doit être remaniée, même s’ils étaient déjà composés d’acteurs associatifs et publics. Le Centre doit également se doter d’un conseil représentatif rassemblant des acteurs locaux d’intégration, une instance consultative ayant un droit de regard sur la définition, la promotion et l’évaluation de la politique d’intégration du champ d’action du Centre et de son action, elle-même évaluée par un comité d’accompagnement dont le Gouvernement wallon a fixé la composition et les règles de fonctionnement. Cependant, l’existence de ce conseil représentatif ne perdure pas au-delà de 2002, faute de participation des associations d’immigrés. En effet, ces dernières ne parviennent pas à s’y investir, bien qu’elles fassent partie des instances du Centre et participent aux projets concrets.

Les différentes assemblées (travailleurs, assemblée générale, acteurs de terrains, conseil consultatif) travaillent donc à mettre en place la nouvelle structure.

C’est dans ce contexte que le CSCIN décide en 1998 de se rebaptiser Centre d’Action Interculturelle de la province de Namur (CAI). Cette décision entend mettre en avant une approche davantage axée sur l’interculturalité que sur l’intégration. Il s’agit, dans ce tournant institutionnel voulu par le décret, de parvenir à concilier le développement des missions du Centre dans le cadre d’une politique régionale d’intégration avec sa volonté de préserver son identité et de conserver une certaine indépendance de vue.

Le projet politique du CAI de 2002 découle ainsi de son besoin de se repositionner à la suite du nouveau décret de la Région wallonne. Ses organes de gestion et ses travailleurs collaborent à son élaboration. L’objectif est alors de définir l’action interculturelle en lien avec l’action collective et avec les valeurs et principes du centre. Le Centre travaille ensuite à élaborer un projet pédagogique et méthodologique et à définir ses axes de travail. 

En 1997 également et à la demande du ministre de l’Action sociale, le Centre met aussi en place un lieu d’observation et d’accompagnement : la Cellule d’appui aux Centres régionaux d’intégration (CACRI).

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1997 – Inhumation des personnes musulmanes


1997 – Inhumation des personnes musulmanes

À la demande des centres cultuels de Namur pointant l’absence de lieux d’inhumation adaptés aux préceptes de l’Islam, le CSCIN organise un groupe de travail spécifique pour analyser la situation sur les entités de Namur, Andenne et Sambreville. Le premier objectif est de faire le point sur les principes religieux régissant l’inhumation des personnes musulmanes, avant d’envisager les démarches nécessaires à leur prise en compte. Le second vise à permettre aux responsables des administrations communales et des associations culturelles islamiques de parvenir à un consensus sur la question.

La question de l’inhumation rituelle des personnes musulmanes se pose encore à la fin des années 1990. Mais un événement dramatique accélère sa prise en charge. En 1996, l’assassinat de la petite Loubna Ben Aïssa suscite l’émoi général au sein de la population belge, mais son corps doit être rapatrié au Maroc pour y être inhumé dans le respect du rite funéraire islamique. Au sein de la société belge, une réflexion s’engage alors sur les possibilités d’inhumation des défunts musulmans sur le territoire national. À Namur, la communauté musulmane interpelle le CSCIN (futur CAI) à cet effet, qui, dès 1997, met en place une dynamique de concertation, dont l’objectif est d’analyser les besoins et les modalités pouvant favoriser la création de parcelles adaptées. Un groupe de travail spécifique est mis en place pour analyser la situation sur les entités de Namur, Andenne et Sambreville. Son premier objectif est de faire le point sur les principes religieux régissant l’inhumation des personnes musulmanes, avant d’envisager les démarches nécessaires à leur prise en compte. Il vise ensuite à permettre aux responsables des administrations communales et des associations cultuelles islamiques de parvenir à un consensus sur la question.

Plusieurs règles du culte musulman entrent en effet en contradiction avec les éléments réglementaires des cimetières communaux : ainsi en est-il de la manière d’inhumer le corps du défunt – à même la terre dans l’Islam, dans un cercueil en Belgique –, de l’autorisation d’enterrer un fœtus – après quatre mois de grossesse chez les musulmans, après six mois en Belgique –, de la durée d’occupation de l’emplacement funéraire – illimitée dans la religion musulmane, limitée entre 5 et 100 ans en fonction du type de concession en Belgique. En outre, la loi belge interdit la création de cimetières privés à destination exclusive d’une communauté religieuse particulière. 

En province de Namur, aucun cimetière communal ne prévoit à l’époque d’aménagement pour enterrer les personnes de confession musulmane. Le CSCIN enclenche ainsi un processus de réflexion et de médiation réunissant la Ville de Namur, la Ville d’Andenne et les trois mosquées namuroises, soit les centres islamiques turc et albanais et le Centre islamique et culturel de Namur (marocain). Le groupe ainsi constitué s’adjoint le conseil de deux experts issus du Centre islamique de Bruxelles et du Centre pour l’égalité des chances. Une série de conditions régissant l’inhumation des personnes musulmanes doivent faire l’objet de compromis [Lesquels ?], mais certaines sont mises en place, comme l’alignement des sépultures vers la Mecque [la seule?].

Dans la décennie qui suit plusieurs parcelles spécifiques sont inaugurées. En 1999, le Collège communal d’Andenne décide de créer un espace d’inhumation dédié au culte musulman à titre expérimental, tout en restant dans le cadre de la loi et sans porter atteinte au caractère public, laïc et régulier des cimetières communaux. En 2004 et 2007, de nouveaux espaces de ce type sont respectivement créés à Sambreville et à Namur. 

D’autres exemples de soutien à la communauté musulmane

La Belgique est le premier pays européen à reconnaître le culte islamique en 1974, ouvrant droit à son financement au même titre que les autres religions reconnues. Le souci étant que la religion musulmane ne possède pas de structure hiérarchisée et incontestée, ce qui complique son application pleine et entière. Ce n’est que vingt ans plus tard, qu’un Exécutif des musulmans provisoire est officiellement reconnu comme interlocuteur officiel de l’État, qui devient définitif après l’élection de son assemblée fin 1998. En 1999, un arrêté royal fait de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) l’organe représentatif officiel du culte islamique, ce qui permet la pleine exécution de la loi de 1974 et favorise enfin l’égalité de traitement entre les cultes. La reconnaissance et le financement des mosquées deviennent, par ailleurs, une compétence régionale en 2002.

L’Exécutif des musulmans n’est pas une autorité morale, mais bien un organe chargé de s’occuper de la gestion pratique du culte. Quand ce dernier lance une campagne de formation des ministres du culte [quand ?], le CAI propose un nouvel accompagnement ciblé. Il met alors en place un module de formation pour que les mosquées intéressées puissent constituer un dossier de demande de reconnaissance. 

De manière complémentaire, le CAI appuie aussi la création d’abattoirs temporaires à l’occasion de la fête du sacrifice [quand et où ?]. Cependant, cette initiative ne survit pas aux normes européennes en matière d’abatage.

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1996 – Début de la formation à la médiation interculturelle en milieu hospitalier

1996 – Début de la formation à la médiation interculturelle en milieu hospitalier

Dès la journée d’étude intitulée « Les femmes immigrées en rupture avec leur milieu », en 1994, il apparaît essentiel de former des personnes d’origine étrangère pouvant servir de relais entre leur communauté et les interlocuteurs de différents services publics (écoles, services de protection de la jeunesse, administrations, etc.) (Voir Fiche 12). Cette réflexion s’approfondit par la suite, notamment pour répondre à des besoins s’exprimant dans le secteur hospitalier. À l’issue d’une conférence interministérielle est lancé un projet de médiation interculturelle à destination des hôpitaux. Le Centre socioculturel des immigrés de Namur (CSCIN, futur CAI) s’appuie sur ce projet financé par la ministre de la Santé, Magda de Galan, pour développer son action et son expertise en médiation interculturelle dans ce cadre. Il participe à la coordination de ce projet en prenant notamment en charge la question de la formation qui l’accompagne. La médiation interculturelle en milieu hospitalier permet d’atténuer les tensions entre patients et professionnels de la santé qui pourraient résulter d’incompréhensions liées de la barrière de la langue ou à la méconnaissance des valeurs et habitudes culturelles de chacun, mais aussi de mieux aiguiller des personnes peu au fait du fonctionnement administratif en Belgique.

Cette formation est développée dans la suite de la Conférence interministérielle à la politique de l’immigration organisée le 12 mars 1996 qui réunit tous les ministres (fédéraux, communautaires et régionaux) compétents en la matière. Le Centre pour l’égalité des chances (CECLR, futur Unia) en prépare l’agenda et y présente un rapport, ainsi que des recommandations aux pouvoirs publics. Parmi celles-ci figure ainsi la proposition de soutenir la création de dispositifs de médiation interculturelle dans les hôpitaux afin de lutter contre le problème de surconsommation des soins médicaux. Cette proposition rejoint les conclusions d’une recherche que l’ASBL liégeoise Résonnances avait réalisée précédemment sur l’interculturalité et les soins de santé. La conférence interministérielle reconnaît que pour faciliter l’accès aux soins de santé, il est nécessaire d’améliorer la communication entre les associations issues de l’immigration, les familles et les professionnels de la santé. Cela passe par une meilleure compréhension de la culture, des codes et des valeurs de chacun. Aussi, la ministre des Affaires sociales, Magda De Galan, présente-t-elle, lors de la conférence, un projet visant à la mise en place d’expériences de médiation interculturelle en milieu hospitalier, de manière à aboutir, dès 1998, à une solution structurelle en la matière.

Le projet est lancé et sa coordination est confiée au CSCIN et à l’ASBL Résonnances. Il se déploie à Bruxelles, Namur, La Louvière, Charleroi et Liège et s’accompagne d’une offre de formation. Le CSCIN est plus spécifiquement chargé d’organiser cette dernière et d’assurer la supervision des médiateurs et médiatrices interculturelles dans les hôpitaux.

Le Centre dispose déjà d’une expérience certaine en matière de médiation interculturelle. En effet, dès 1994, dans le cadre d’un projet FIPI (Fonds d’impulsion à la politique des immigrés), il a engagé une médiatrice interculturelle de terrain qui œuvre alors essentiellement dans les quartiers de Namur.

Le Centre encourage l’engagement et la formation de personnel socio-administratif « culturellement » compétent : c’est-à-dire d’un personnel capable de s’adapter à un public multiculturel en tenant compte de ses références culturelles. Des problèmes de communication se posent dans de nombreuses interactions sociales, qui peuvent concerner les relations entre l’école et les parents face à l’échec scolaire, l’accueil dans les administrations publiques et les relations entre patients et professionnels dans les hôpitaux, voire la communication avec les services socio-judiciaires. Le Centre soutient que ces problèmes peuvent être résolus en grande partie par l’engagement de Belges d’origine étrangère qui connaissent de manière empirique leur culture, mais aussi par la formation à la communication interculturelle du personnel déjà en place dans diverses structures. Cette aide permet souvent de décharger la famille immédiate (souvent les enfants) de ce rôle d’intermédiaire, parfois pesant, permettant aussi un traitement plus confidentiel de certaines situations.

À partir de 1997, des services de médiation interculturelle seront progressivement mis sur pied au CHR de Namur et dans les administrations communales de Namur et de Sambreville.  Le Centre y contribuera en mettant un médiateur interculturel à disposition de la Ville de Namur pendant un an avant que son service ne s’autonomise en 1998. De même en 2001, il affectera un de ses médiateurs à la cellule de médiation interculturelle nouvellement créée au sein de la commune de Sambreville, [un service précieux quand on sait que la commune compte alors quelques quarante et une nationalités sur son territoire]. 

La réflexion autour de la médiation interculturelle restera prégnante au sein du Centre (devenu entretemps CAI), qui participera en 2003 à un échange transnational, à Almeria en Espagne, autour de cette question dans le cadre du projet ALAMEDA. En 2007, le CAI consacre même le numéro de mai de son magazine Coaxions au thème : « La Médiation interculturelle : entre approche conceptuelle et pratique professionnelle ». C’est l’occasion de revenir sur l’histoire et les fonctions de cette pratique, de mieux comprendre le métier de médiateur interculturel, son champ d’action et la nature de ses interventions, de dresser un état des lieux et quelques recommandations, en plus de lister les services de médiation interculturelle existants en province de Namur.

Dans les années qui suivent, de nouvelles mesures décrétales bousculeront un peu la pratique. Dans le cadre/la suite du décret de 2009, et grâce à un financement européen (FEI), le CAI engagera ainsi un premier travailleur responsable du Bureau d’accueil des primo-arrivants : la fonction de « médiation interculturelle » sera alors redéfinie sous l’appellation d’« accompagnement interculturel ».

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1996 – Assises de l’intégration des populations étrangères en province de Namur


1996 – Assises de l’intégration des populations étrangères en province de Namur

Vaste projet mené à partir de mars 1995, le projet « Assises de l’intégration des populations étrangères en province de Namur » a pour objectif de brosser un portrait actualisé de la situation des personnes étrangères ou d’origine étrangère en province de Namur, de réaliser une évaluation globale des problématiques spécifiques rencontrées par ces personnes avec l’ensemble des acteurs de la Province, afin de dégager des pistes d’actions prioritaires pour l’avenir. Il s’inscrit dans un contexte socio-politique marqué par… et dans le cadre de l’élaboration de l’avant-projet de décret de la Région wallonne sur les centres régionaux d’intégration. Le moment est opportun pour prendre le temps de faire le point sur la réalité de l’immigration sur le territoire namurois. Vingt ans ont passé depuis la fin officielle de l’immigration économique, la situation socio-économique s’est dégradée et les immigrés en paient parfois les frais. La journée de clôture de ce projet a lieu en avril 1996 et permet de présenter le rapport global.

L’immigration économique s’est officiellement arrêtée en 1974. La société belge réalise progressivement que la plupart des immigrés installés dans le pays y resteront de façon définitive. La notion de séjour temporaire tend à disparaître. Ces immigrés vivent en Belgique depuis longtemps, y ont fondé leur foyer, élargi leur famille. En revanche, ils se sont installés avec les moyens à leur disposition, dans des conditions parfois précaires. La succession des crises économiques au cours des vingt années précédentes déteint sur la conjoncture sociale. De nouvelles problématiques apparaissent parmi lesquelles une marginalisation croissante d’une certaine tranche de la population : les jeunes immigrés, peu qualifiés et vivant dans des quartier spécifiques. Les émeutes de Forest en 1991 sont symptomatiques du sentiment de révolte de ces jeunes qui se sentent exclus par la société belge. Elles mettent alors en lumière les problèmes d’inégalité sociale, de discrimination et d’intégration de la population immigrée. Pour y remédier, s’élaborent des programmes de lutte contre l’exclusion sociale. Ces derniers, ainsi que ceux relatifs à l’emploi, au développement économique, au logement et à l’amélioration du cadre de vie, sont considérés comme des priorités dans la déclaration gouvernementale de la Région wallonne du 7 juin 1995. Un peu plus tard, une politique spécifique pour l’intégration des populations d’origine étrangère est énoncée dans l’avant-projet de décret concernant la reconnaissance des centres régionaux d’intégration, dans lequel s’inscrira le CSCIN (futur CAI).

C’est face à ces éléments de contexte politique, économique et social et dans le cadre de l’élaboration de l’avant-projet de décret de la Région wallonne pour la reconnaissance des CRI, que le conseil d’administration du CSCIN (futur CAI) décide d’effectuer une évaluation globale de l’intégration des populations d’origine étrangère en province de Namur. Des groupes de travail, brassant des thématiques variées, sont constitués, réunissant l’équipe et les administrateurs du Centre, ainsi qu’un large réseau d’acteurs. Deux axes de travail principaux sont alors définis : mener, avec le monde associatif, un travail d’évaluation, de prospective et de définition de priorités en matière de programme d’accueil des populations d’origine étrangère (novembre 1995) et organiser une journée d’interpellation et de réflexion des acteurs de terrain avec les mandataires politiques (avril 1996). 

Le titre exact de cette journée est : « L’intégration des populations d’origine étrangère en province de Namur : Quelle est la situation aujourd’hui ? Comment se vit-elle ? Que peut-on essentiellement en dire ? ». Il s’agit alors de faire le point sur les politiques d’immigration et d’accueil. Les premières concernent essentiellement la gestion des flux migratoires et le contrôle des étrangers ; les secondes, les dispositions visant les immigrés installés, dans des domaines aussi divers que l’emploi, la scolarité, le logement, les activités culturelles et religieuses ou la participation sociale et politique. Un rapport sera publié à l’issue de ces assises.

Les pistes dressent des lignes directrices d’une politique à développer en province de Namur, les objectifs d’un centre d’intégration, la définition des champs d’action du centre.

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1995 – Formation d’intervenants sociaux à la « relation interculturelle »


1995 – Formation d’intervenants sociaux à la « relation interculturelle »

À partir de 1995, le Centre (CSCIN, puis CAI) systématise son offre d’accompagnement à la relation interculturelle auprès de divers intervenants amenés à côtoyer des personnes d’origines étrangères (personnel des administrations publiques, de la santé, travailleurs sociaux, travailleurs du monde associatif, etc.) (Voir Fiche 12). Du coaching et des formations sont proposés et ajustés en fonction des publics. Cet accompagnement permet aux professionnels de mieux intégrer les enjeux de l’interculturalité dans leurs pratiques et d’enrichir leurs compétences en les sensibilisant à la diversité des cultures. Il permet ainsi d’améliorer la compréhension et la gestion des différences culturelles pour mieux dépasser les barrières existantes. Ces formations continuent d’évoluer jusqu’à aujourd’hui, en s’adaptant aux besoins du terrain, tout en conservant l’objectif initial de favoriser la qualité de la rencontre et du dialogue interculturel.

Jusqu’en 1994, le CSCIN travaille principalement à réunir des données et des connaissances sur l’immigration, à l’exemple de la recherche statistique de Bernard Debacker, intitulée La population immigrée en province de Namur. Le travail de médiation réalisé entre les familles immigrées et les différents services et institutions permet d’étoffer ces connaissances et de valider sur le terrain l’expertise acquise par l’équipe. Fort de ces compétences, le Centre étend progressivement son action, en proposant un accompagnement ciblé, puis des formations pour aider les services et institutions à mieux intégrer les enjeux interculturels dans leurs pratiques.

Cette offre de formation est d’abord proposée au cas par cas, puis structurée pour répondre aux besoins spécifiques de services sociaux, hospitaliers, éducatifs et judiciaires. Cette dynamique est renforcée après les Assises de l’Intégration (1994 ?) qui consacrent cette mission de formation. Elle rencontre d’abord l’intérêt des services provinciaux, entre autres des services de santé mentale de la Province et de l’Observatoire de la Santé. Par la suite, d’autres institutions sollicitent, ponctuellement ou régulièrement, le CAI pour des formations ou du coaching, à l’exemple de l’École de soins infirmiers Sainte-Elisabeth de Namur et de l’École normale de Champion où le CAI présente des conférences  dans le cadre des cours réguliers à destination des futurs infirmiers ou enseignants.

La Communauté française soutient aussi cette démarche. À son initiative, une formation de formateurs à la relation interculturelle est proposée au Centre socioculturel des immigrés de Namur (futur CAI), mais aussi au Centre bruxellois d’Action interculturelle (CBAI) et au sein de l’ASBL liégeoise Résonnances. L’objectif est d’intégrer l’approche de la psychologue française Margalit Cohen-Emerique, spécialiste des questions d’interculturalité, dans les formations à destination des travailleurs sociaux et culturels en Belgique francophone. Celle-ci est notamment à l’origine de la « méthode des incidents critiques » basée sur l’analyse des chocs culturels et qui vise à atteindre un certain degré de neutralité culturelle chez les intervenants, de manière à favoriser le dialogue interculturel et la résolution des conflits.

Parallèlement, une recherche-action, financée par le ministre de l’Éducation Philippe Mahoux, est menée par Ahmed Ahkim sur le thème « Les parents immigrés et l’école », où il tente d’introduire de la complexité dans la compréhension des phénomènes interculturels vécus dans le milieu scolaire. L’expertise du CAI s’approfondit aussi avec la pratique de terrain.

Les demandes d’information et d’accompagnement des intervenants sociaux, éducatifs et médicaux adressées au Centre se multiplient, ce qui conduit le CAI à mettre en place des modules de formation, seul ou en partenariat. 

De 1995 à 1999, le module de « Formation à la relation interculturelle » a beaucoup de succès. Face à cet engouement, des formations sectorielles spécifiques sont organisées en partenariat avec l’École des Cadres de la Province de Namur (« Formation PISQ » [Petites infrastructures de quartier], à la demande de la Région wallonne) ou la Ville de Namur (« Formation d’animateurs de quartier », pour les quartiers des Balances et Plomcot). À la demande du ministère de la Santé, une « Formation à la médiation interculturelle » est également organisée dans un partenariat renouvelé avec l’École des Cadres de la Province de Namur, avec pour objectif de former la première génération de médiateurs et médiatrices pour les hôpitaux francophones.

Ces diverses formations sont organisées au sein de différentes institutions et à l’attention de différents intervenants et futurs intervenants : élèves des écoles d’infirmières et écoles normales, animateurs, formateurs des CEFA-Namur (Centre d’éducation et de formation en alternance), régies de quartiers, personnel des administrations publiques, personnel médico-social de la Province, etc.

Parmi les questions abordées lors de ces formations, on peut citer : les réalités interculturelles, la notion d’identité personnelle en fonction de sa culture propre, les systèmes de référence de l’autre, la négociation interculturelle, etc.

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1994 – Journée d’étude « Les femmes immigrées en rupture avec leur milieu », prélude à la réflexion sur la médiation interculturelle


1994 – Journée d’étude « Les femmes immigrées en rupture avec leur milieu », prélude à la réflexion sur la médiation culturelle

De graves difficultés rencontrées par des jeunes filles turques en rupture avec leur communauté, [accompagnées d’/jumelée/couplées] à une demande du Service de Protection de la Jeunesse, font apparaître un manque de structures d’accueil adaptées. Cette réalité pose la question de l’insertion des communautés immigrées dans la société belge et celle de la résolution des conflits intrafamiliaux. Ces situations sont en effet source de tension tant au sein de la famille qu’avec les intervenants sociaux, d’autant que le dialogue entre eux est rendu difficile en raison de points de vue parfois antagonistes. Ces réflexions font l’objet d’une journée d’étude en 1994 et seront le point de départ de la mise en place de la médiation interculturelle, qui prendra, au fil des années, différentes formes.

La jeune femme immigrée porte en elle une histoire tissant des liens entre son pays d’origine, sa communauté et la société dans laquelle elle vit et évolue. Ces éléments participent à forger une identité complexe où s’entremêle un ensemble de valeurs et de sentiments d’appartenance, parfois contradictoires. Elle peut également se trouver tiraillée entre différents modèles de vie. Sensibles à cette réalité, plusieurs institutions et associations, telles que le Centre pour l’égalité des chances, le Service de Protection de la Jeunesse (SPJ), Fonds d’impulsion à la politique des immigrés (FIPI), Espace communautaire, etc.), demandent au CSCIN d’organiser un groupe de réflexion autour de cette problématique. L’objectif est de comprendre les défis d’intégration rencontrés par ces jeunes filles, de proposer des pistes pour apaiser les tensions intrafamiliales et de sensibiliser les acteurs sociaux à ces enjeux (notamment à travers une journée de formation).

Une journée d’étude à Wépion, au Centre de La Marlagne, réunit ces partenaires et permet de dégager plusieurs axes d’intervention. Il apparaît d’abord essentiel de mettre en place un « Espace femmes » à Namur, un lieu d’accueil où les femmes pourraient se rencontrer, échanger, s’informer et se former. Il est question de greffer cet espace au groupe « Alpha femmes », ajoutant à l’aide à l’alphabétisation, une dimension d’échanges et de convivialité, d’entraide et de soutien, où il soit notamment possible d’obtenir des conseils administratifs (pour remplir des papiers par exemple), mais aussi un éclairage pour comprendre le système scolaire ou de santé.

Parallèlement, l’importance de former et d’engager des personnes d’origine étrangère s’impose comme une nécessité. Plus au fait des situations vécues dans leur communauté, ces personnes peuvent être des relais utiles auprès des structures officielles telles que les hôpitaux, les écoles ou encore les services de protection de la jeunesse.

Une formation allant en ce sens est élaborée par le CSCIN et lancée début 1995. Elle marque d’une certaine manière le point de départ de la médiation interculturelle ; notion que les milieux concernés commencent alors à conceptualiser. Cette démarche se structure ensuite dans plusieurs directions. D’abord avec le programme de formation précité (d’environ 230 heures). Ensuite, à travers la création de services de médiation interculturelle dans tous les grands hôpitaux francophones ; un projet mené à l’initiative du Centre, en collaboration avec des partenaires locaux (l’ASBL Résonnances à Liège, le Centre universitaire de Charleroi-CUNIC) et avec le soutien financier du ministère de la Santé. En parallèle, en 1998, une cellule de médiation interculturelle est créée au sein du Centre, rebaptisé entretemps le CAI, et ensuite implantée au sein des administrations des villes de Namur et de Sambreville. L’implication forte du CAI dans le projet d’interprétariat social, antennes fondatrices du SeTIS wallon (Service de Traduction et d’Interprétariat en milieu social), est également à mettre en lien avec la volonté de s’appuyer sur le concept de médiation interculturelle. Enfin, le CAI s’engage dans le développement de plusieurs projets d’« accompagnateurs interculturels » pour faciliter ce dialogue interculturel.

La prise en compte d’une problématique de terrain suscite ainsi un vaste processus de réflexion et d’actions basées sur la médiation culturelle ; une approche que le CAI porte avec convictions et continue de promouvoir.

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