2022 – Accueil des réfugiés ukrainiens : deux poids, deux mesures dans l’accueil des publics immigrés

2022 – Accueil des réfugiés ukrainiens : deux poids, deux mesures dans l’accueil des publics immigrés

Février 2022 est marqué par le début de la guerre en Ukraine. S’ensuit un départ massif des populations touchées vers les pays européens, notamment frontaliers de l’Ukraine, mais aussi vers la Belgique. Un grand élan de solidarité se manifeste parmi les citoyens, conforté par les politiques européennes qui octroient le statut inédit de « Protection temporaire » aux personnes fuyant cette guerre. Constatant une différenciation de traitement selon l’origine des réfugiés, le CAI appelle à ce que cette souplesse momentanée de l’accueil soit uniformisée à l’ensemble des demandeurs d’asile. Depuis le 10 mars 2022, la Belgique a délivré 81.880 attestations de protection temporaire. Une fois encore, le CAI et le réseau d’accueil dans son ensemble se mobilisent pour répondre aux besoins du public. Mais très vite, les demandes dépassent largement leurs capacités d’actions. Constatant une différenciation de traitement selon l’origine des réfugiés, le CAI appelle à ce que cette souplesse momentanée de l’accueil soit uniformisée à l’ensemble des demandeurs d’asile. 

  • Un statut inédit aux contours imprécis :

Au départ, les contours du statut inédit de « protection temporaire » ne sont pas tracés clairement : si la procédure et l’accès à ce statut sont bien facilités, les obligations et les avantages sociaux associés ne sont précisés que progressivement. Ceci oblige des réajustements constants pour le Centre d’action interculturelle (CAI) et pour l’ensemble des acteurs concernés. Des éléments sont laissés dans le flou, notamment l’obligation de suivi du parcours d’intégration, question pourtant centrale aux yeux du CAI. Le 29 septembre 2022, le Gouvernement wallon adopte finalement un arrêté prévoyant une nouvelle catégorie de dispense à l’obligation de suivre le parcours d’intégration[1]. Mais entretemps, entre mars à septembre, le CAI considère par prudence ce public comme « obligés », avec les potentielles sanctions associées. Cette obligation créé une tension bien réelle pour ce nouveau public, ainsi que pour l’équipe de première ligne forcée de le rencontrer dans les délais impartis, avec trop peu de ressources. De nombreux réfugiés ukrainiens sont orientés vers le CAI, notamment par les Communes. Le Centre a d’ailleurs communiqué en ce sens. Le public ukrainien doit figurer dans leurs relevés, comme tous les primo-arrivants. Les demandes affluent, mais le CAI manque de ressources internes, tant pour l’accompagnement, que pour l’interprétariat. 

  • Un positionnement clair, dès le début :

Un réfugié est un réfugié… Le CAI dénonce, sur la place publique, l’existence de différences dans l’accueil des réfugiés ukrainiens par rapport aux réfugiés d’autres régions du monde. Il se réjouit évidemment des mesures positives prises par les gouvernements européens et belge pour accueillir les Ukrainiens, ainsi que de la solidarité manifestée par les citoyens. Cependant, il remarque que cette position contraste avec le traitement réservé aux autres réfugiés (notamment syriens) depuis 2015, alors que l’actualité est plutôt marquée par la de fermeture des frontières, de sous-traitance de la gestion des flux migratoires à des pays non respectueux des droits humains, de tragédies en Méditerranée, de conditions inhumaines dans les hot spots et de non-régularisation des sans-papiers. Avant la guerre en Ukraine, la Belgique a, en outre, été accusée de ne pas avoir respecté ses engagements en matière d’accueil, notamment envers les mineurs étrangers non accompagnés.

Avec d’autres intervenants, le CAI revendique alors une politique d’accueil plus humaine et uniforme pour tous les réfugiés, indépendamment de leur origine, en espérant que la solidarité envers les Ukrainiens entraîne une prise de conscience et des améliorations pour tous les réfugiés.

  • Adaptation des pratiques pour répondre aux demandes : 
  1. Une approche collective pour faire face aux demandes
    Face aux listes d’attentes, le CAI doit adapter sa stratégie de premier contact et de rencontre du public. Il privilégie les rencontres collectives à travers des séances d’information. Le contenu de ces séances, basé sur les séances « droits et devoirs » classiques, est spécifiquement adapté à ce nouveau public. Il est le fruit d’un groupe de travail inter-CRI mis en place avant la crise. C’est grâce au travail des coordinations locales et des liens tissés tout au long de l’année et grâce à sa connaissance du terrain que le CAI peut proposer ces séances d’information dans plusieurs localités. Ces séances sont principalement organisées en collaboration avec les CPAS et les PCS des différentes communes de la province et répondent clairement à un besoin des personnes présentes, mais aussi des travailleurs débordés par cette crise. Véritables outils, ces séances permettent également au CAI de recenser les personnes en attente d’un suivi et d’organiser son travail pour faciliter l’accompagnement. En fonction des besoins, des travailleurs du CAI peuvent renforcer leurs permanences décentralisées. 
  2. Renforcement des liens avec le réseau et la présence au niveau local.
    Dès le début du conflit, le CAI sonde régulièrement les opérateurs sur l’impact de l’arrivée du public ukrainien sur leurs activités, en particulier pour les formations en français et le soutien sociojuridique. Il intensifie sa présence dans les espaces de coordination locale, collaborant étroitement avec les communes et les CPAS qui accueillent alors les réfugiés ukrainiens. Le Centre met aussi en ligne un répertoire d’outils sur son site Internet. En parallèle, il participe activement aux groupes de travail mise en place par le Gouverneur de la Province de Namur pour l’accueil des ukrainiens.
  3. Développement d’un pool de volontaires interprètes.
    Face à la surcharge de travail pesant sur le SETIS-wallon, naît la nécessité de créer un pool d’interprètes parlant ukrainien, bénévoles, sensibilisés aux démarches sociales. Pour ce faire, trois Centres régionaux d’intégration, le CAI (Namur), le CRILUX (Luxembourg) et le CRIBW (Brabant wallon), collaborent à l’organisation d’une séance de information à leur destination. Ces mêmes constats amènent le CAI à travailler de façon rapprochée avec les CPAS pour pouvoir accueillir des facilitatrices interculturelles sous contrat « Article 60 ». Deux travailleuses sont engagées par ce biais, ce qui permet de soulager l’équipe déjà au maximum de ses capacités de travail. Cette place centrale occupée par le CAI lui permet d’organiser, avec le Centre de Médiation des Gens du voyage et des Roms (CMGV), une matinée de formation sur les Roms venant d’Ukraine et de Moldavie et de former les professeurs dans une école sur le contexte historico-culturel ukrainien. Enfin, le CAI dédie un moment spécifique à cette question lors de la plénière du Plan provincial et local d’intégration (PPLI). Vu l’ampleur de la tâche à mener, la Région wallonne débloque des moyens pour aider les Initiatives locales d’insertion (ILI) et les Centres régionaux d’intégration (CRI) dans leurs missions, ce qui permet à l’offre de formations à la langue française et d’accompagnement social de s’étoffer, et au CAI d’engager une personne à temps plein dédiée à ce projet.
  4. Les collaborations et un temps pour tirer des leçons pour l’avenirL’OIM pour la création d’un modèle de coordination pour les crises à venir :
    Le travail constant d’adaptation des secteurs publics et associatifs révèle un besoin accru de soutien et de coordination de l’accueil. En septembre 2022, le CAI est invité à participer au projet « Be with U ». Il s’agit d’une initiative conjointe du Service public de Wallonie Intérieur et Action sociale (SPW IAS), de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) et de la Direction générale de l’appui aux réformes structurelles de la Commission européenne (DG REFORM). Le projet vise à améliorer l’accueil et l’intégration des personnes déplacées d’Ukraine en Wallonie. Une enquête est lancée pour recueillir des données sur le secteur, avec une analyse des résultats prévue début 2023. L’objectif poursuivi est d’optimiser la coordination des parties prenantes et de servir de modèle pour d’autres crises futures.
  • Les hébergements collectifs

La stratégie initiale du Gouvernement s’appuie sur la générosité des citoyens pour accueillir les Ukrainiens fuyant le conflit. Avec l’épuisement de cette solution, les gouverneurs des provinces de Wallonie sont chargés de trouver des logements collectifs, gérés opérationnellement par la société Profirst. Plusieurs lieux d’accueil d’urgence sont maintenant actifs, notamment en province de Namur, et les CPAS peuvent solliciter les gouverneurs pour des relogements urgents. le CAI collabore dès lors avec ceux-ci pour accompagner les personnes ukrainiennes qui y résident.

  • Et aujourd’hui…

À partir de 2023, la gestion sociale liée à l’accompagnement des réfugiés ukrainiens passe à un niveau plus habituel. Le renfort de l’équipe du CAI par des personnes russophones/ukrainophones et un subside exceptionnel de la Région wallonne permettent de gérer la charge de travail. Face à l’incertitude de la fin du conflit, de nombreuses personnes souhaitent suivre le parcours d’intégration et reçoivent un accompagnement adapté à l’évolution de leurs besoins.

* Légende

Ressources à télécharger :

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Jargon, abréviations, sigles et acronymes : 

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Sources :

  • [1] « 29 septembre 2022 – Arrêté du Gouvernement wallon modifiant certaines dispositions du Livre III de la Partie deuxième du Code règlementaire wallon de l’Action sociale et de la Santé, en matière de dispense du parcours d’intégration » [En ligne] https://wallex.wallonie.be/eli/arrete/2022/09/29/2022033768.

Catégories :

Axes stratégiques d’intervention :

☑ Accompagnement
☑ Interpellation
☑ Travail en réseau

Thématiques traversées par l’activité :

Générales :

☑ Citoyenneté
☑ Enseignement / formation / emploi
☑ Juridique / justice
☑ Logement
☑ Mobilité
☑ Santé

Spécifiques :

☑ Intégration
☑ Interculturalité
☑ Lutte contre les discriminations
☑ Lutte contre le racisme

 




Les Roms d’Ukraine : mieux comprendre pour mieux accueillir

Le 21 juin 2022 de 9h à 12h30

« La crise de l’accueil à la suite de la guerre en Ukraine pose des défis particuliers. Un grand nombre de personnes fuyant leur pays, notamment des femmes et des enfants, recherchent la sécurité dans notre pays. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour répondre à ce besoin » – Annelies Verlinden.

Depuis cette déclaration, effectuée le 18 mars dernier lors de l’envoi d’une circulaire à l’ensemble des bourgmestres de Belgique, des familles ukrainiennes sont accueillies dans nos petites et grandes communes de Wallonie, que ce soit au sein des milliers de familles qui se sont portées volontaires ou dans des logements proposés par les autorités locales.

Si cette situation inédite pose des défis particuliers, il semble que l’accueil de ces familles, lorsqu’elles sont roms, en pose d’autres : choc culturel ? Familles élargies ? Scolarisation des enfants ?  Inadéquation des solutions proposées aux familles accueillies ?  Ces défis sont-ils réels ? Fantasmés par les stéréotypes ?  Les Ukrainiens roms sont-ils des Ukrainiens comme les autres ?  Comment les accueillir ?  Comment les insérer dans le parcours d’intégration ?

Pour répondre à ces questions – et bien d’autres ! – le Centre de Médiation des Gens du Voyage et des Roms organise, en partenariat avec le Centre d’Action interculturelle de la Province de Namur, une formation à destination des médiateurs(trices) roms et aussi à tout intervenant, médiateur, accompagnateur ou encore hébergeur qui accueille ou travaille en contact avec les populations concernées.

Objectifs :

  • Mieux connaître le public rom ukrainien : au niveau culturel, historique, politique
  • Comprendre la politique wallonne d’accueil des réfugiés ukrainiens
  • Connaître les services, les procédures d’aide aux réfugiés ukrainiens
  • Dégager les bonnes pratiques d’accueil et d’accompagnement

Programme de la matinée

9h00 Accueil
9h15 Introduction
par Benoîte DESSICY, directrice du CAI et Ahmed AHKIM, directeur du CMGVRW
9h30

Rétrospectives et perspectives actuelles des communautés roms de Moldavie et Ukraine

par Tatiana SIRBU – collaboratrice scientifique à l’Institut d’Analyse du Changement dans l’Histoire et les Sociétés Contemporaines (IACCHOS) et membre du Laboratoire d’anthropologie prospective de l’Université catholique de Louvain

10h30 Pause
10h45

Le dispositif wallon d’accueil des réfugiés ukrainiens

par la Cellule de coordination Accueil des réfugiés ukrainiens (SPW)

11h15 Questions/réponses
11h45

Echange d’expériences et de pratiques

animé par Ahmed AHKIM, directeur du CMGVRW

en présence de Ladislau WATZ et Ljulji SECIRI, médiateurs roms

12h30 Clôture

Remplissez le formulaire d'inscription en ligne !

Cette formation sera dispensée de manière hybride :

  • en présentiel au CMGV (rue Borgnet, 12 à 5000 Namur)
  • en ligne via ZOOM (un lien vous sera envoyé lors de votre inscription).




Les Roms d’Ukraine : mieux comprendre pour mieux accueillir

« La crise de l’accueil à la suite de la guerre en Ukraine pose des défis particuliers. Un grand nombre de personnes fuyant leur pays, notamment des femmes et des enfants, recherchent la sécurité dans notre pays. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour répondre à ce besoin« , Annelies Verlinden.

Depuis cette déclaration, effectuée le 18 mars dernier lors de l’envoi d’une circulaire à l’ensemble des bourgmestres de Belgique, des familles ukrainiennes sont accueillies dans nos petites et grandes communes de Wallonie, que ce soit au sein des milliers de familles qui se sont portées volontaires ou dans des logements proposés par les autorités locales.

Si cette situation inédite pose des défis particuliers, il semble que l’accueil de ces familles, lorsqu’elles sont roms, en pose d’autres : choc culturel ? Familles élargies ? Scolarisation des enfants ?  Inadéquation des solutions proposées aux familles accueillies ?  Ces défis sont-ils réels ? Fantasmés par les stéréotypes ?  Les Ukrainiens roms sont-ils des Ukrainiens comme les autres ?  Comment les accueillir ?  Comment les insérer dans le parcours d’intégration ?

Pour répondre à ces questions – et bien d’autres ! – le Centre de Médiation des Gens du Voyage et des Roms organise, en partenariat avec le Centre d’Action interculturelle de la Province de Namur, une formation à destination des médiateurs(trices) roms et aussi à tout intervenant, médiateur, accompagnateur ou encore hébergeur qui accueille ou travaille en contact avec les populations concernées.

Objectifs :

  • Mieux connaître le public rom ukrainien : au niveau culturel, historique, politique
  • Comprendre la politique wallonne d’accueil des réfugiés ukrainiens
  • Connaître les services, les procédures d’aide aux réfugiés ukrainiens
  • Dégager les bonnes pratiques d’accueil et d’accompagnement

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