2004 – Expérience pilote à Namur : cinq emplois pour apporter une assise structurelle aux associations d’immigrés


2004 – Expérience pilote à Namur : cinq emplois pour apporter une assise structurelle aux associations d’immigrés

Depuis la création du CSCIN, les associations issues de l’immigration font l’objet d’une attention particulière dans la coopération et le développement d’initiatives favorisant la mise en pratique de la démarche interculturelle pour faciliter le processus d’intégration. L’objectif est de permettre aux populations étrangères d’accéder, au même titre que les autochtones, aux droits fondamentaux.

Avant même la création du Centre en 1983, une large consultation avait été réalisée auprès des représentants de ces associations et de la société civile de la province de Namur. Cette démarche allait être à la base de la constitution des instances de l’ASBL, composées de représentants des pouvoirs publics, d’opérateurs de la société civile et d’associations issues de l’immigration.

Depuis 1998, dans le cadre de sa mission décrétale, le CAI accompagne les Initiatives locales d’intégration (ILI) dans différents domaines : administratif, juridique, financier, dans la gestion et la création de projets, la communication et le graphisme, mais aussi pour la mise en réseau.

En 2002, le nouveau ministre donne pour mandat à chaque CRI de créer un Conseil représentatif. Celui-ci est constitué d’acteurs de la société civile, de représentants des services publics à finalités sociales et des associations issues de l’immigration. Il s’organise en diverses commissions. Cependant, les associations d’immigrés éprouvent rapidement des difficultés à s’investir dans les travaux menés au sein de ces différentes commissions thématiques. La connaissance de ces opérateurs met en exergue le statut qu’elles occupent d’une part et, d’autre part, l’absence de moyens structurels, de professionnalisation liée à leur précarité financière, et à leur manque de moyens humains et logistiques.

En 2004, le CAI entreprend ce projet pilote. Il repose sur le constat que la grande majorité des associations d’immigrés ne dispose pas de postes d’emploi structurels et prévoit d’engager cinq travailleurs sur la base de contrats PTP (Programme de transition professionnelle) pour encadrer de manière suivie chacune des cinq grandes communautés présentes sur le territoire de la province de Namur  (africaine subsaharienne, albanaise, marocaine, turque, russophone).

De cette manière, le Centre entend participer à soutenir et à développer le secteur associatif immigré en renforçant sa stabilité, son autonomie, ses compétences et les occasions de collaborer. Le projet prend fin en 2006, alors que la mise en place du parcours d’intégration obligatoire modifie de manière profonde les manières de travailler. Cependant, le CAI continue son effort pour donner aux associations d’immigrés la place qui devrait leur revenir étant donné le rôle essentiel qu’elles jouent en matière d’inclusion sociale.

Dans le cadre de son travail d’accompagnement, le Centre dresse plusieurs constats :

  • L’absence de rémunération des responsables d’associations. La plupart d’entre eux travaillent bénévolement, ce qui limite leur disponibilité, car ils doivent aussi assurer la survie économique de leur famille.
  • La difficulté à mener des activités de manière structurelle et permanente. De la même manière, le manque de moyens financiers et de temps rend difficile la mise en œuvre d’activités durables au sein des associations.
  • Une dépendance vis-à-vis des intervenants sociaux. Les responsables d’associations se retrouvent parfois obligés de demander de l’aide aux intervenants sociaux, ce qui peut entraîner une certaine dépendance.
  • La difficulté à assumer les obligations légales. Certains responsables ont du mal à gérer les aspects administratifs liés à l’existence juridique d’une ASBL, comme l’organisation des assemblées générales et la comptabilité.
  • La limitation à un profil « folklorique ». Malgré leur volonté d’élargir leurs activités, de nombreuses associations restent cantonnées à des spécificités culturelles, renforçant ainsi les préjugés et l’écart vis-à-vis de la société d’accueil.

Pour répondre aux défis rencontrés par le secteur associatif immigré, le CAI met en place une stratégie tripartite. Premièrement, il cherche à stabiliser et à développer ce secteur, par un soutien immédiat aux activités des associations. Deuxièmement, il vise (à moyen et long terme) à promouvoir leur autonomie à travers un accompagnement pédagogique qui renforce leurs compétences et qui s’appuie sur les ressources internes des associations et des individus qui les animent. Troisièmement, il tente de dynamiser l’intégration des communautés immigrées dans la société d’accueil, en favorisant la collaboration entre les associations d’immigrés et avec les entités locales.

De manière concrète, les travailleurs engagés en contrat PTP organisent des permanences sociales pour les personnes de la communauté au sein des locaux des associations et accompagnent les personnes dans leurs démarches administratives, sociales et professionnelles. Ils affichent également au sein de ces permanences des offres d’emploi pour que les personnes immigrées puissent en prendre plus facilement connaissance. À l’époque, les associations ne sont pas du tout informatisées.

 Sur le plan collectif, des activités sont mises en place en matière d’encadrement des jeunes (comme l’organisation de tournoi de mini-foot), d’autres à destination du grand public. Il s’agit le plus souvent d’activités culturelles  ou d’information (par exemple, sur le droit de vote, organisée avec la commune de Namur).

Le Centre forme ainsi une équipe de cinq membres issus des communautés les plus significatives sur le territoire (africaine subsaharienne, albanaise, marocaine, turque, russophone) pour accomplir trois  missions principales : l’accompagnement pédagogique  des associations, l’assistance fonctionnelle quotidienne et la promotion d’un réseau de synergies interculturelles. Cette équipe a pour objectif de travailler à renforcer la présence et l’identité culturelle des associations sur le territoire de Namur, d’améliorer les compétences administratives et pédagogiques des membres et de tisser des liens entre les associations, les communautés, les institutions et les services de première ligne, pour une meilleure coordination des initiatives interculturelles.

Malheureusement, ce projet n’est pas renouvelé au terme des contrats PTP et s’arrête en 2006.

Les associations ont toutefois continué à être accompagnées par le CAI.

Lorsque, en 2007, la Région wallonne et de la Communauté Française font part de leur intention de mettre en place un parcours d’accueil pour les primo-arrivants, le CAI interpelle les pouvoirs publics. Il souhaite alors renforcer la collaboration avec les associations de terrain en leur offrant la possibilité d’être des lieux d’accueil des primo-arrivants : en permettant en particulier à celles issues de l’immigration de jouer le rôle de premier accueil et d’être financé pour ce faire. Malheureusement, cette idée n’est pas soutenue par les décideurs.

Malgré les différents contextes politiques et les orientations prises par le gouvernement, le CAI maintient toujours son souhait d’impliquer les associations dans les questions liées à l’intégration de migrants et dans la construction d’une société interculturelle. Tout au long de son évolution, le Centre s’est appuyé sur l’expertise et la représentativité des associations communautaires en menant des initiatives contribuant à la reconnaissance de ces communautés immigrées et à la valorisation des différentes cultures, dans la perspective d’un meilleur vivre-ensemble. Parmi ces initiatives, on peut citer : la Semaine maghrébine ; « Sens d’ailleurs » ; la participation à différents projets menés par ses partenaires, dont Multicité à Namur, Multicouleurs à Sambreville ; le colloque sur le codéveloppement, Equal-Vitar ; la co-coordination avec la Province de Namur d’une plateforme « Femmes migrantes » (2013).

En 2008, une recherche-action est menée par l’Institut de recherche et de formation sur la migration (IRFAM). Cette démarche fait l’objet d’une coopération avec l’ensemble des acteurs impliqués dans ce secteur spécifique. Cette recherche contribue à définir le statut des OSIM – Organismes de Solidarité internationale issues des migrations –, à les identifier, à les reconnaître et à créer des synergies avec d’autres structures spécialisées en la matière.

Le changement de décret de 2014 instaure l’obligation du parcours d’intégration et restreint les champs de financement au profit des activités liées strictement au parcours d’intégration. Ces modifications entraînent des conséquences à la fois sur les personnes concernées par cette obligation et sur la composition du réseau d’acteurs autour du CAI. Plus spécifiquement, elles ont un impact important sur les associations issues de l’immigration qui n’ont désormais plus la possibilité de financer leurs actions. Face à cette réalité, le CAI s’investit dans une collaboration plus étroite avec ces associations partenaires, en défendant leur rôle essentiel dans le processus d’inclusion sociale, professionnelle et culturelle des populations issues de l’immigration. Il participe à les renforcer pour qu’elles soient reconnues et visibilisées dans le secteur, en les impliquant, les informant et les formant à cet effet.

Aujourd’hui encore, le CAI œuvre à visibiliser cet axe de travail spécifique avec les associations d’immigrés. Il adapte l’organisation horaire des concertations pour leur permettre d’y prendre part, définit un plan de formation adapté à leurs profils et besoins, leur confie un rôle spécifique dans la construction d’un mémorandum  et leur propose un accompagnement personnalisé, qui diffère de celui des Initiatives locales d’intégration (ILI) qui s’adressent à des organisations plus structurées.

En 2022, le CAI lance, en partenariat avec l’IRFAM, une enquête visant à actualiser le cadastre des associations issues de l’immigration en province de Namur.

Cette recherche répond à un double objectif : valoriser le rôle de ces associations dans l’accueil et l’inclusion des personnes étrangères, et identifier les freins à leur développement. Elle fait suite à une demande de la Ville de Namur, préoccupée par les constats de discrimination relevés par l’ONU, notamment à l’égard des afrodescendants. Cette étude permet de produire une cartographie détaillée du secteur, un état des lieux, un plan de formation adapté et un dispositif d’accompagnement renforcé. Le CAI réaffirme ainsi son engagement à soutenir la reconnaissance, la visibilité et l’action de ces acteurs essentiels dans le champ de l’interculturalité et de l’intégration.

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Introduction à l’approche interculturelle pour accueillir le public étranger ou d’origine étrangère en situation de grande Précarité 


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1997 – Inhumation des personnes musulmanes


1997 – Inhumation des personnes musulmanes

À la demande des centres cultuels de Namur pointant l’absence de lieux d’inhumation adaptés aux préceptes de l’Islam, le CSCIN organise un groupe de travail spécifique pour analyser la situation sur les entités de Namur, Andenne et Sambreville. Le premier objectif est de faire le point sur les principes religieux régissant l’inhumation des personnes musulmanes, avant d’envisager les démarches nécessaires à leur prise en compte. Le second vise à permettre aux responsables des administrations communales et des associations culturelles islamiques de parvenir à un consensus sur la question.

La question de l’inhumation rituelle des personnes musulmanes se pose encore à la fin des années 1990. Mais un événement dramatique accélère sa prise en charge. En 1996, l’assassinat de la petite Loubna Ben Aïssa suscite l’émoi général au sein de la population belge, mais son corps doit être rapatrié au Maroc pour y être inhumé dans le respect du rite funéraire islamique. Au sein de la société belge, une réflexion s’engage alors sur les possibilités d’inhumation des défunts musulmans sur le territoire national. À Namur, la communauté musulmane interpelle le CSCIN (futur CAI) à cet effet, qui, dès 1997, met en place une dynamique de concertation, dont l’objectif est d’analyser les besoins et les modalités pouvant favoriser la création de parcelles adaptées. Un groupe de travail spécifique est mis en place pour analyser la situation sur les entités de Namur, Andenne et Sambreville. Son premier objectif est de faire le point sur les principes religieux régissant l’inhumation des personnes musulmanes, avant d’envisager les démarches nécessaires à leur prise en compte. Il vise ensuite à permettre aux responsables des administrations communales et des associations cultuelles islamiques de parvenir à un consensus sur la question.

Plusieurs règles du culte musulman entrent en effet en contradiction avec les éléments réglementaires des cimetières communaux : ainsi en est-il de la manière d’inhumer le corps du défunt – à même la terre dans l’Islam, dans un cercueil en Belgique –, de l’autorisation d’enterrer un fœtus – après quatre mois de grossesse chez les musulmans, après six mois en Belgique –, de la durée d’occupation de l’emplacement funéraire – illimitée dans la religion musulmane, limitée entre 5 et 100 ans en fonction du type de concession en Belgique. En outre, la loi belge interdit la création de cimetières privés à destination exclusive d’une communauté religieuse particulière. 

En province de Namur, aucun cimetière communal ne prévoit à l’époque d’aménagement pour enterrer les personnes de confession musulmane. Le CSCIN enclenche ainsi un processus de réflexion et de médiation réunissant la Ville de Namur, la Ville d’Andenne et les trois mosquées namuroises, soit les centres islamiques turc et albanais et le Centre islamique et culturel de Namur (marocain). Le groupe ainsi constitué s’adjoint le conseil de deux experts issus du Centre islamique de Bruxelles et du Centre pour l’égalité des chances. Une série de conditions régissant l’inhumation des personnes musulmanes doivent faire l’objet de compromis [Lesquels ?], mais certaines sont mises en place, comme l’alignement des sépultures vers la Mecque [la seule?].

Dans la décennie qui suit plusieurs parcelles spécifiques sont inaugurées. En 1999, le Collège communal d’Andenne décide de créer un espace d’inhumation dédié au culte musulman à titre expérimental, tout en restant dans le cadre de la loi et sans porter atteinte au caractère public, laïc et régulier des cimetières communaux. En 2004 et 2007, de nouveaux espaces de ce type sont respectivement créés à Sambreville et à Namur. 

D’autres exemples de soutien à la communauté musulmane

La Belgique est le premier pays européen à reconnaître le culte islamique en 1974, ouvrant droit à son financement au même titre que les autres religions reconnues. Le souci étant que la religion musulmane ne possède pas de structure hiérarchisée et incontestée, ce qui complique son application pleine et entière. Ce n’est que vingt ans plus tard, qu’un Exécutif des musulmans provisoire est officiellement reconnu comme interlocuteur officiel de l’État, qui devient définitif après l’élection de son assemblée fin 1998. En 1999, un arrêté royal fait de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) l’organe représentatif officiel du culte islamique, ce qui permet la pleine exécution de la loi de 1974 et favorise enfin l’égalité de traitement entre les cultes. La reconnaissance et le financement des mosquées deviennent, par ailleurs, une compétence régionale en 2002.

L’Exécutif des musulmans n’est pas une autorité morale, mais bien un organe chargé de s’occuper de la gestion pratique du culte. Quand ce dernier lance une campagne de formation des ministres du culte [quand ?], le CAI propose un nouvel accompagnement ciblé. Il met alors en place un module de formation pour que les mosquées intéressées puissent constituer un dossier de demande de reconnaissance. 

De manière complémentaire, le CAI appuie aussi la création d’abattoirs temporaires à l’occasion de la fête du sacrifice [quand et où ?]. Cependant, cette initiative ne survit pas aux normes européennes en matière d’abatage.

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1996 – Début de la formation à la médiation interculturelle en milieu hospitalier

1996 – Début de la formation à la médiation interculturelle en milieu hospitalier

Dès la journée d’étude intitulée « Les femmes immigrées en rupture avec leur milieu », en 1994, il apparaît essentiel de former des personnes d’origine étrangère pouvant servir de relais entre leur communauté et les interlocuteurs de différents services publics (écoles, services de protection de la jeunesse, administrations, etc.) (Voir Fiche 12). Cette réflexion s’approfondit par la suite, notamment pour répondre à des besoins s’exprimant dans le secteur hospitalier. À l’issue d’une conférence interministérielle est lancé un projet de médiation interculturelle à destination des hôpitaux. Le Centre socioculturel des immigrés de Namur (CSCIN, futur CAI) s’appuie sur ce projet financé par la ministre de la Santé, Magda de Galan, pour développer son action et son expertise en médiation interculturelle dans ce cadre. Il participe à la coordination de ce projet en prenant notamment en charge la question de la formation qui l’accompagne. La médiation interculturelle en milieu hospitalier permet d’atténuer les tensions entre patients et professionnels de la santé qui pourraient résulter d’incompréhensions liées de la barrière de la langue ou à la méconnaissance des valeurs et habitudes culturelles de chacun, mais aussi de mieux aiguiller des personnes peu au fait du fonctionnement administratif en Belgique.

Cette formation est développée dans la suite de la Conférence interministérielle à la politique de l’immigration organisée le 12 mars 1996 qui réunit tous les ministres (fédéraux, communautaires et régionaux) compétents en la matière. Le Centre pour l’égalité des chances (CECLR, futur Unia) en prépare l’agenda et y présente un rapport, ainsi que des recommandations aux pouvoirs publics. Parmi celles-ci figure ainsi la proposition de soutenir la création de dispositifs de médiation interculturelle dans les hôpitaux afin de lutter contre le problème de surconsommation des soins médicaux. Cette proposition rejoint les conclusions d’une recherche que l’ASBL liégeoise Résonnances avait réalisée précédemment sur l’interculturalité et les soins de santé. La conférence interministérielle reconnaît que pour faciliter l’accès aux soins de santé, il est nécessaire d’améliorer la communication entre les associations issues de l’immigration, les familles et les professionnels de la santé. Cela passe par une meilleure compréhension de la culture, des codes et des valeurs de chacun. Aussi, la ministre des Affaires sociales, Magda De Galan, présente-t-elle, lors de la conférence, un projet visant à la mise en place d’expériences de médiation interculturelle en milieu hospitalier, de manière à aboutir, dès 1998, à une solution structurelle en la matière.

Le projet est lancé et sa coordination est confiée au CSCIN et à l’ASBL Résonnances. Il se déploie à Bruxelles, Namur, La Louvière, Charleroi et Liège et s’accompagne d’une offre de formation. Le CSCIN est plus spécifiquement chargé d’organiser cette dernière et d’assurer la supervision des médiateurs et médiatrices interculturelles dans les hôpitaux.

Le Centre dispose déjà d’une expérience certaine en matière de médiation interculturelle. En effet, dès 1994, dans le cadre d’un projet FIPI (Fonds d’impulsion à la politique des immigrés), il a engagé une médiatrice interculturelle de terrain qui œuvre alors essentiellement dans les quartiers de Namur.

Le Centre encourage l’engagement et la formation de personnel socio-administratif « culturellement » compétent : c’est-à-dire d’un personnel capable de s’adapter à un public multiculturel en tenant compte de ses références culturelles. Des problèmes de communication se posent dans de nombreuses interactions sociales, qui peuvent concerner les relations entre l’école et les parents face à l’échec scolaire, l’accueil dans les administrations publiques et les relations entre patients et professionnels dans les hôpitaux, voire la communication avec les services socio-judiciaires. Le Centre soutient que ces problèmes peuvent être résolus en grande partie par l’engagement de Belges d’origine étrangère qui connaissent de manière empirique leur culture, mais aussi par la formation à la communication interculturelle du personnel déjà en place dans diverses structures. Cette aide permet souvent de décharger la famille immédiate (souvent les enfants) de ce rôle d’intermédiaire, parfois pesant, permettant aussi un traitement plus confidentiel de certaines situations.

À partir de 1997, des services de médiation interculturelle seront progressivement mis sur pied au CHR de Namur et dans les administrations communales de Namur et de Sambreville.  Le Centre y contribuera en mettant un médiateur interculturel à disposition de la Ville de Namur pendant un an avant que son service ne s’autonomise en 1998. De même en 2001, il affectera un de ses médiateurs à la cellule de médiation interculturelle nouvellement créée au sein de la commune de Sambreville, [un service précieux quand on sait que la commune compte alors quelques quarante et une nationalités sur son territoire]. 

La réflexion autour de la médiation interculturelle restera prégnante au sein du Centre (devenu entretemps CAI), qui participera en 2003 à un échange transnational, à Almeria en Espagne, autour de cette question dans le cadre du projet ALAMEDA. En 2007, le CAI consacre même le numéro de mai de son magazine Coaxions au thème : « La Médiation interculturelle : entre approche conceptuelle et pratique professionnelle ». C’est l’occasion de revenir sur l’histoire et les fonctions de cette pratique, de mieux comprendre le métier de médiateur interculturel, son champ d’action et la nature de ses interventions, de dresser un état des lieux et quelques recommandations, en plus de lister les services de médiation interculturelle existants en province de Namur.

Dans les années qui suivent, de nouvelles mesures décrétales bousculeront un peu la pratique. Dans le cadre/la suite du décret de 2009, et grâce à un financement européen (FEI), le CAI engagera ainsi un premier travailleur responsable du Bureau d’accueil des primo-arrivants : la fonction de « médiation interculturelle » sera alors redéfinie sous l’appellation d’« accompagnement interculturel ».

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1995 – Formation d’intervenants sociaux à la « relation interculturelle »


1995 – Formation d’intervenants sociaux à la « relation interculturelle »

À partir de 1995, le Centre (CSCIN, puis CAI) systématise son offre d’accompagnement à la relation interculturelle auprès de divers intervenants amenés à côtoyer des personnes d’origines étrangères (personnel des administrations publiques, de la santé, travailleurs sociaux, travailleurs du monde associatif, etc.) (Voir Fiche 12). Du coaching et des formations sont proposés et ajustés en fonction des publics. Cet accompagnement permet aux professionnels de mieux intégrer les enjeux de l’interculturalité dans leurs pratiques et d’enrichir leurs compétences en les sensibilisant à la diversité des cultures. Il permet ainsi d’améliorer la compréhension et la gestion des différences culturelles pour mieux dépasser les barrières existantes. Ces formations continuent d’évoluer jusqu’à aujourd’hui, en s’adaptant aux besoins du terrain, tout en conservant l’objectif initial de favoriser la qualité de la rencontre et du dialogue interculturel.

Jusqu’en 1994, le CSCIN travaille principalement à réunir des données et des connaissances sur l’immigration, à l’exemple de la recherche statistique de Bernard Debacker, intitulée La population immigrée en province de Namur. Le travail de médiation réalisé entre les familles immigrées et les différents services et institutions permet d’étoffer ces connaissances et de valider sur le terrain l’expertise acquise par l’équipe. Fort de ces compétences, le Centre étend progressivement son action, en proposant un accompagnement ciblé, puis des formations pour aider les services et institutions à mieux intégrer les enjeux interculturels dans leurs pratiques.

Cette offre de formation est d’abord proposée au cas par cas, puis structurée pour répondre aux besoins spécifiques de services sociaux, hospitaliers, éducatifs et judiciaires. Cette dynamique est renforcée après les Assises de l’Intégration (1994 ?) qui consacrent cette mission de formation. Elle rencontre d’abord l’intérêt des services provinciaux, entre autres des services de santé mentale de la Province et de l’Observatoire de la Santé. Par la suite, d’autres institutions sollicitent, ponctuellement ou régulièrement, le CAI pour des formations ou du coaching, à l’exemple de l’École de soins infirmiers Sainte-Elisabeth de Namur et de l’École normale de Champion où le CAI présente des conférences  dans le cadre des cours réguliers à destination des futurs infirmiers ou enseignants.

La Communauté française soutient aussi cette démarche. À son initiative, une formation de formateurs à la relation interculturelle est proposée au Centre socioculturel des immigrés de Namur (futur CAI), mais aussi au Centre bruxellois d’Action interculturelle (CBAI) et au sein de l’ASBL liégeoise Résonnances. L’objectif est d’intégrer l’approche de la psychologue française Margalit Cohen-Emerique, spécialiste des questions d’interculturalité, dans les formations à destination des travailleurs sociaux et culturels en Belgique francophone. Celle-ci est notamment à l’origine de la « méthode des incidents critiques » basée sur l’analyse des chocs culturels et qui vise à atteindre un certain degré de neutralité culturelle chez les intervenants, de manière à favoriser le dialogue interculturel et la résolution des conflits.

Parallèlement, une recherche-action, financée par le ministre de l’Éducation Philippe Mahoux, est menée par Ahmed Ahkim sur le thème « Les parents immigrés et l’école », où il tente d’introduire de la complexité dans la compréhension des phénomènes interculturels vécus dans le milieu scolaire. L’expertise du CAI s’approfondit aussi avec la pratique de terrain.

Les demandes d’information et d’accompagnement des intervenants sociaux, éducatifs et médicaux adressées au Centre se multiplient, ce qui conduit le CAI à mettre en place des modules de formation, seul ou en partenariat. 

De 1995 à 1999, le module de « Formation à la relation interculturelle » a beaucoup de succès. Face à cet engouement, des formations sectorielles spécifiques sont organisées en partenariat avec l’École des Cadres de la Province de Namur (« Formation PISQ » [Petites infrastructures de quartier], à la demande de la Région wallonne) ou la Ville de Namur (« Formation d’animateurs de quartier », pour les quartiers des Balances et Plomcot). À la demande du ministère de la Santé, une « Formation à la médiation interculturelle » est également organisée dans un partenariat renouvelé avec l’École des Cadres de la Province de Namur, avec pour objectif de former la première génération de médiateurs et médiatrices pour les hôpitaux francophones.

Ces diverses formations sont organisées au sein de différentes institutions et à l’attention de différents intervenants et futurs intervenants : élèves des écoles d’infirmières et écoles normales, animateurs, formateurs des CEFA-Namur (Centre d’éducation et de formation en alternance), régies de quartiers, personnel des administrations publiques, personnel médico-social de la Province, etc.

Parmi les questions abordées lors de ces formations, on peut citer : les réalités interculturelles, la notion d’identité personnelle en fonction de sa culture propre, les systèmes de référence de l’autre, la négociation interculturelle, etc.

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1985 –  Formation d’animateurs en milieu immigré


1985 –  Formation d’animateurs en milieu immigré

Différents cycles de formation complémentaires sont organisés par le Centre pour permettre aux animateurs d’origines étrangère travaillant en milieu immigré d’élaborer des projets d’animation sur la base de techniques diverses. C’est le début d’un axe de travail important pour le Centre.

Cette formation est organisée en collaboration avec l’ASBL ATAC (Association Travail-Amitié-Culture – service formation de la FGTB Namur). 

Le premier cycle aborde les thèmes suivants : 

  • L’analyse et la construction de l’histoire de l’immigration au travers des histoires individuelles. 
  • L’insertion sociale, culturelle et politique des immigrés, aujourd’hui dans la société d’accueil.
  • Les éléments de synthèse pour une photographie de l’immigration et son devenir. 
  • L’analyse de stéréotypes, leurs origines et leurs significations. 
  • Le rôle social et la communication, analyse de la communication par le jeu de rôles. 
  • Comment construire un projet d’animation à partir de cultures différentes ? Pistes d’action. 

Le second cycle permet, quant à lui, d’aborder des domaines plus spécifiques de l’animation. Il propose une introduction aux techniques d’animation et d’affiner les connaissances dans certains domaines tels que : la scolarisation et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes migrants ; l’insertion sociale, culturelle et politique du migrant ; le développement de la personnalité ou l’élaboration d’un projet d’animation. Le troisième cycle approfondit certains points traités lors des deux premiers cycles.

Par la suite, cette formation évoluera vers une formation à la relation interculturelle et en développement de projets interculturels (à partir de 1995). Celle-ci ne s’adresse alors plus spécifiquement aux animateurs d’origine étrangère, mais plus largement aux intervenants sociaux de la société d’accueil. 

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