2022 – « Guide du migrant en province de Namur » : une base de données sur les services utiles pour les personnes étrangères

2022 – « Guide du migrant en province de Namur » : une base de données sur les services utiles pour les personnes étrangères

Après avoir durant de nombreuses années imprimé des bases de données et répertoires sous format papier et ceux-ci s’avérant rapidement obsolètes, le CAI décide de créer un outil adapté en éditant en ligne un site internet : le Guide du migrant en province de Namur. Consultable sur ordinateur ou smartphone, il rassemble les informations de base sur les services actifs auprès du public d’origine étrangère ; ceux dont le rôle est d’informer, d’orienter ou d’accompagner ces personnes dans diverses démarches.

Le « Guide du migrant » est un outil développé en ligne pour faciliter l’intégration des migrants dans la province de Namur et est destiné prioritairement à ce public. Édité par le CAI, il constitue une aide précieuse pour les migrants qui cherchent à s’orienter parmi les services offerts en province de Namur. 

Concrètement, ce site internet (https://guidedumigrant-provnamur.be) s’organise sous la forme d’un répertoire. S’y retrouvent des données pratiques relatives à une multitude d’acteurs et d’opérateurs présents en province de Namur : implantation géographique, type d’offres et de services, coordonnées de contact, horaires, etc. Pour faciliter la recherche, tous ces partenaires sont classés dans des rubriques thématiques.  

L’objectif de ce répertoire en ligne est clair : aider toutes les personnes étrangères installées sur le territoire namurois à trouver les bons interlocuteurs ou structures pour avancer dans ses démarches, qu’elles soient administratives, de formation, juridiques ou autre. Plus largement, ce site a l’ambition de renseigner aux personnes étrangères des points de contact à proximité de chez elles, de manière à répondre à toute question qu’elles souhaiteraient aborder auprès d’un acteur local. 

Le tournant du numérique pris par le CAI en 2022 a pour but de renforcer la connexion avec le public en s’ajustant à l’évolution des pratiques de celui-ci en matière de recherche d’informations. Cet outil est aussi consulté par l’équipe de première ligne du CAI et par les services généralistes de différentes structures, comme source d’informations utile pour informer et orienter les personnes. 

Par ailleurs, le CAI travaille aussi avec la Ville de Namur pour identifier les références des services namurois, afin d’éditer l’outil « Bienvenue à Namur », complémentaire au site « Guide du migrant ». Celui-ci est édité en version papier, également téléchargeable en ligne[1]. Il s’agit d’un bel exemple d’outil pratique construit de manière collaborative avec les acteurs du secteur de l’accueil et de l’intégration.

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Sources :

  • [1] bienvenue-a-namur-2022.pdf

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Axes stratégiques d’intervention :

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☑ Travail en réseau

Thématiques traversées par l’activité :

Générales :

☑ Citoyenneté
☑ Enseignement / formation / emploi
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☑ Lutte contre les discriminations
☑ Lutte contre le racisme

 




2022 – Accueil des réfugiés ukrainiens : deux poids, deux mesures dans l’accueil des publics immigrés

2022 – Accueil des réfugiés ukrainiens : deux poids, deux mesures dans l’accueil des publics immigrés

Février 2022 est marqué par le début de la guerre en Ukraine. S’ensuit un départ massif des populations touchées vers les pays européens, notamment frontaliers de l’Ukraine, mais aussi vers la Belgique. Un grand élan de solidarité se manifeste parmi les citoyens, conforté par les politiques européennes qui octroient le statut inédit de « Protection temporaire » aux personnes fuyant cette guerre. Constatant une différenciation de traitement selon l’origine des réfugiés, le CAI appelle à ce que cette souplesse momentanée de l’accueil soit uniformisée à l’ensemble des demandeurs d’asile. Depuis le 10 mars 2022, la Belgique a délivré 81.880 attestations de protection temporaire. Une fois encore, le CAI et le réseau d’accueil dans son ensemble se mobilisent pour répondre aux besoins du public. Mais très vite, les demandes dépassent largement leurs capacités d’actions. Constatant une différenciation de traitement selon l’origine des réfugiés, le CAI appelle à ce que cette souplesse momentanée de l’accueil soit uniformisée à l’ensemble des demandeurs d’asile. 

  • Un statut inédit aux contours imprécis :

Au départ, les contours du statut inédit de « protection temporaire » ne sont pas tracés clairement : si la procédure et l’accès à ce statut sont bien facilités, les obligations et les avantages sociaux associés ne sont précisés que progressivement. Ceci oblige des réajustements constants pour le Centre d’action interculturelle (CAI) et pour l’ensemble des acteurs concernés. Des éléments sont laissés dans le flou, notamment l’obligation de suivi du parcours d’intégration, question pourtant centrale aux yeux du CAI. Le 29 septembre 2022, le Gouvernement wallon adopte finalement un arrêté prévoyant une nouvelle catégorie de dispense à l’obligation de suivre le parcours d’intégration[1]. Mais entretemps, entre mars à septembre, le CAI considère par prudence ce public comme « obligés », avec les potentielles sanctions associées. Cette obligation créé une tension bien réelle pour ce nouveau public, ainsi que pour l’équipe de première ligne forcée de le rencontrer dans les délais impartis, avec trop peu de ressources. De nombreux réfugiés ukrainiens sont orientés vers le CAI, notamment par les Communes. Le Centre a d’ailleurs communiqué en ce sens. Le public ukrainien doit figurer dans leurs relevés, comme tous les primo-arrivants. Les demandes affluent, mais le CAI manque de ressources internes, tant pour l’accompagnement, que pour l’interprétariat. 

  • Un positionnement clair, dès le début :

Un réfugié est un réfugié… Le CAI dénonce, sur la place publique, l’existence de différences dans l’accueil des réfugiés ukrainiens par rapport aux réfugiés d’autres régions du monde. Il se réjouit évidemment des mesures positives prises par les gouvernements européens et belge pour accueillir les Ukrainiens, ainsi que de la solidarité manifestée par les citoyens. Cependant, il remarque que cette position contraste avec le traitement réservé aux autres réfugiés (notamment syriens) depuis 2015, alors que l’actualité est plutôt marquée par la de fermeture des frontières, de sous-traitance de la gestion des flux migratoires à des pays non respectueux des droits humains, de tragédies en Méditerranée, de conditions inhumaines dans les hot spots et de non-régularisation des sans-papiers. Avant la guerre en Ukraine, la Belgique a, en outre, été accusée de ne pas avoir respecté ses engagements en matière d’accueil, notamment envers les mineurs étrangers non accompagnés.

Avec d’autres intervenants, le CAI revendique alors une politique d’accueil plus humaine et uniforme pour tous les réfugiés, indépendamment de leur origine, en espérant que la solidarité envers les Ukrainiens entraîne une prise de conscience et des améliorations pour tous les réfugiés.

  • Adaptation des pratiques pour répondre aux demandes : 
  1. Une approche collective pour faire face aux demandes
    Face aux listes d’attentes, le CAI doit adapter sa stratégie de premier contact et de rencontre du public. Il privilégie les rencontres collectives à travers des séances d’information. Le contenu de ces séances, basé sur les séances « droits et devoirs » classiques, est spécifiquement adapté à ce nouveau public. Il est le fruit d’un groupe de travail inter-CRI mis en place avant la crise. C’est grâce au travail des coordinations locales et des liens tissés tout au long de l’année et grâce à sa connaissance du terrain que le CAI peut proposer ces séances d’information dans plusieurs localités. Ces séances sont principalement organisées en collaboration avec les CPAS et les PCS des différentes communes de la province et répondent clairement à un besoin des personnes présentes, mais aussi des travailleurs débordés par cette crise. Véritables outils, ces séances permettent également au CAI de recenser les personnes en attente d’un suivi et d’organiser son travail pour faciliter l’accompagnement. En fonction des besoins, des travailleurs du CAI peuvent renforcer leurs permanences décentralisées. 
  2. Renforcement des liens avec le réseau et la présence au niveau local.
    Dès le début du conflit, le CAI sonde régulièrement les opérateurs sur l’impact de l’arrivée du public ukrainien sur leurs activités, en particulier pour les formations en français et le soutien sociojuridique. Il intensifie sa présence dans les espaces de coordination locale, collaborant étroitement avec les communes et les CPAS qui accueillent alors les réfugiés ukrainiens. Le Centre met aussi en ligne un répertoire d’outils sur son site Internet. En parallèle, il participe activement aux groupes de travail mise en place par le Gouverneur de la Province de Namur pour l’accueil des ukrainiens.
  3. Développement d’un pool de volontaires interprètes.
    Face à la surcharge de travail pesant sur le SETIS-wallon, naît la nécessité de créer un pool d’interprètes parlant ukrainien, bénévoles, sensibilisés aux démarches sociales. Pour ce faire, trois Centres régionaux d’intégration, le CAI (Namur), le CRILUX (Luxembourg) et le CRIBW (Brabant wallon), collaborent à l’organisation d’une séance de information à leur destination. Ces mêmes constats amènent le CAI à travailler de façon rapprochée avec les CPAS pour pouvoir accueillir des facilitatrices interculturelles sous contrat « Article 60 ». Deux travailleuses sont engagées par ce biais, ce qui permet de soulager l’équipe déjà au maximum de ses capacités de travail. Cette place centrale occupée par le CAI lui permet d’organiser, avec le Centre de Médiation des Gens du voyage et des Roms (CMGV), une matinée de formation sur les Roms venant d’Ukraine et de Moldavie et de former les professeurs dans une école sur le contexte historico-culturel ukrainien. Enfin, le CAI dédie un moment spécifique à cette question lors de la plénière du Plan provincial et local d’intégration (PPLI). Vu l’ampleur de la tâche à mener, la Région wallonne débloque des moyens pour aider les Initiatives locales d’insertion (ILI) et les Centres régionaux d’intégration (CRI) dans leurs missions, ce qui permet à l’offre de formations à la langue française et d’accompagnement social de s’étoffer, et au CAI d’engager une personne à temps plein dédiée à ce projet.
  4. Les collaborations et un temps pour tirer des leçons pour l’avenirL’OIM pour la création d’un modèle de coordination pour les crises à venir :
    Le travail constant d’adaptation des secteurs publics et associatifs révèle un besoin accru de soutien et de coordination de l’accueil. En septembre 2022, le CAI est invité à participer au projet « Be with U ». Il s’agit d’une initiative conjointe du Service public de Wallonie Intérieur et Action sociale (SPW IAS), de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) et de la Direction générale de l’appui aux réformes structurelles de la Commission européenne (DG REFORM). Le projet vise à améliorer l’accueil et l’intégration des personnes déplacées d’Ukraine en Wallonie. Une enquête est lancée pour recueillir des données sur le secteur, avec une analyse des résultats prévue début 2023. L’objectif poursuivi est d’optimiser la coordination des parties prenantes et de servir de modèle pour d’autres crises futures.
  • Les hébergements collectifs

La stratégie initiale du Gouvernement s’appuie sur la générosité des citoyens pour accueillir les Ukrainiens fuyant le conflit. Avec l’épuisement de cette solution, les gouverneurs des provinces de Wallonie sont chargés de trouver des logements collectifs, gérés opérationnellement par la société Profirst. Plusieurs lieux d’accueil d’urgence sont maintenant actifs, notamment en province de Namur, et les CPAS peuvent solliciter les gouverneurs pour des relogements urgents. le CAI collabore dès lors avec ceux-ci pour accompagner les personnes ukrainiennes qui y résident.

  • Et aujourd’hui…

À partir de 2023, la gestion sociale liée à l’accompagnement des réfugiés ukrainiens passe à un niveau plus habituel. Le renfort de l’équipe du CAI par des personnes russophones/ukrainophones et un subside exceptionnel de la Région wallonne permettent de gérer la charge de travail. Face à l’incertitude de la fin du conflit, de nombreuses personnes souhaitent suivre le parcours d’intégration et reçoivent un accompagnement adapté à l’évolution de leurs besoins.

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Sources :

  • [1] « 29 septembre 2022 – Arrêté du Gouvernement wallon modifiant certaines dispositions du Livre III de la Partie deuxième du Code règlementaire wallon de l’Action sociale et de la Santé, en matière de dispense du parcours d’intégration » [En ligne] https://wallex.wallonie.be/eli/arrete/2022/09/29/2022033768.

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2017 – Chartes et motions pour un meilleur accueil des personnes étrangères en province de Namur

2017 – Chartes et motions pour un meilleur accueil des personnes étrangères en province de Namur

Dans le cadre de la campagne « Justice migratoire » du CNCD 11.11.11, le CAI se mobilise, aux côtés de citoyens, pour faire voter les motions « Communes hospitalières » aux majorités politiques communales et provinciale en province de Namur. Cet engagement symbolique permet d’obtenir des avancées en matière d’accueil, d’intégration et de vivre-ensemble. 

Dès 2013, le Centre d’action interculturelle de la province de Namur (CAI) affiche sa volonté de renforcer le développement de l’interculturalité dans les politiques communales et provinciale. C’est pourquoi il élabore la Charte interculturelle et la propose aux différentes communes.

Cette charte fait référence à la notion de « Villes ou Cités interculturelles », définie par le Conseil de l’Europe, ainsi qu’à la notion de charte associative. En effet, le constat posé par le Conseil de l’Europe met en évidence l’aspect de plus en plus diversifié des communautés, d’où la nécessité d’une gestion de cette diversité, qui devient un enjeu d’avenir. La charte de Modène en Italie l’énonce ainsi :

« Car les villes (et les sociétés) de demain devront être interculturelles ; elles devront donc être capables de gérer et de valoriser leur diversité culturelle afin de stimuler la créativité et l’innovation et, ainsi, assurer leur prospérité économique et améliorer leur qualité de vie.

[La] ville interculturelle sera le résultat d’une vision partagée et d’efforts communs d’un panel d’intervenants de la société civile et institutionnelle, respectant la complexité des aspects qui ont été pris en considération dans l’enjeu de la diversité. Les concepts d’intégration et d’interculturalité nécessitent un projet global dans lequel un processus dynamique de co-construction et de partage contribue à l’élaboration d’un meilleur vivre ensemble et surtout à l’accès aux droits fondamentaux pour toutes et tous[1].

 

En  Wallonie, la gestion de cette diversité est mise en place localement, notamment par le Plan local d’intégration (PLI) piloté par chaque centre régional d’intégration. Celui-ci met en évidence les besoins spécifiques des personnes étrangères ou d’origine étrangère dans l’accès aux droits et définit les stratégies à développer pour mieux les rencontrer sur le territoire de la Ville, tout en stimulant un travail en réseau.

Dans ce cadre, la Charte interculturelle  précise le cadre de partenariat des opérateurs/intervenants/acteurs de terrain. Elle propose une mise en oeuvre concrète des intentions politiques afin de faire progresser l’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère et favoriser le vivre-ensemble. Elle définit – en les rappelant – les concepts de base qui fondent cette finalité : l’interculturalité et l’intégration. Celle-ci est adoptée par la commune de Sambreville en 2014, puis par plusieurs communes et villes en province de Namur.

Il s’agit en  pratique de :

  • Valoriser les initiatives, les actions et les réflexions des associations adhérant au projet de société interculturelle.
  • Favoriser l’appropriation de l’espace public par les minorités.
  • Créer des synergies entre les différents acteurs de l’immigration / intégration et de l’interculturalité tant du secteur privé que du secteur public.
  • Favoriser la visibilité de ces acteurs par une politique de communication appropriée.
  • Agir pour le dépassement de toute communautarisation ou ghettoïsation des diverses communautés.
  • Offrir à l’intégration un sens et une pratique quotidienne, en mettant la citoyenneté au centre de toute action développée dans ce cadre..
  • Favoriser le dialogue et le rapprochement entre les différentes composantes culturelles de la société environnante pour une meilleure cohabitation et une gestion de la diversité.

En 2017, le CNCD 11.11.11 lance sa campagne annuelle sur le thème de la « Justice migratoire ». Il met à la disposition des citoyens, une proposition-type de motion « Commune Hospitalière », que chacun peut proposer au vote lors des conseils communaux. Cette initiative entraîne l’abandon de la Charte interculturelle telle que développée par le CAI. En effet, comme ces motions prônent les mêmes valeurs et contenus que la Charte interculturelle et que les Plans locaux d’intégration, le CAI décide plutôt de travailler à l’adoption et à la mise en place de ces motions sur son territoire avec les partenaires mobilisés.  

En province de Namur, certaines communes adoptent la motion « Commune hospitalière » en l’état et se déclarent ainsi symboliquement en faveur d’un meilleur accès aux droits fondamentaux des personnes étrangères sur leur territoire. En revanche, avec d’autres associations, le CAI accompagne des collectifs citoyens pour travailler cette motion-type de manière à l’adapter à certaines réalités communales. En parallèle, la Province de Namur, suite à une proposition conjointe du CAI et du CNCD et par ailleurs l’Université de Namur s’affichent officiellement en tant qu’institutions hospitalières. Cet engagement politique et institutionnel permet alors, et aujourd’hui encore, à la société civile, dont le CAI fait partie, d’obtenir des avancées sur des situations problématiques existant sur certains territoires communaux, que ce soit en matière d’accueil, d’accès aux droits fondamentaux et de vivre-ensemble. Citons à cet égard : l’ouverture d’un second centre d’accueil pour demandeurs de protection  internationale à Namur, les initiatives communales prises en faveur des migrants en transit et des collectifs citoyens solidaires, l’organisation de formations pour le personnel communal ou le soutien de projets  par la Province.

Par ailleurs, toujours en 2017, le CAI organise également, en partenariat avec le CNCD 11.11.11, les « Assises des migrations à Namur ». Il s’agit d’un forum d’acteurs namurois réuni autour des enjeux de la justice migratoire  et de projets en faveur de l’accueil des personnes migrantes ou du vivre ensemble… Une cinquantaine de participants issus des secteurs culturel, public, jeunesse, scolaire et social répondent à l’appel. Trois ateliers, dont les thèmes reposent sur le principe de libre circulation, sont organisés : – la lutte contre les inégalités pour réduire l’écart entre le Nord et le Sud ; la convergence entre les combats en faveur des droits des migrants et ceux pour plus de justice sociale ; la question des voies d’accès légales et sûres vers l’Europe – ceux-ci permettent de faire émerger les recommandations du terrain. Ces dernières sont relayées dans un cahier de revendications à destination du pouvoir fédéral.

À ce jour, les communes de la province de Namur ayant adopté la   « Commune hospitalière » sont : Couvin, Florennes, Gembloux, Gesves, Hastière, Jemeppe-Sur-Sambre, Namur, Rochefort et Viroinval.

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2016 – Lancement de la plateforme de lutte contre le racisme en province de Namur

2016 – Lancement de la plateforme de lutte contre le racisme en province de Namur

Promouvoir l’interculturalité ou lutter contre le racisme sont deux objectifs qui visent la même finalité : la construction d’une société interculturelle. Depuis sa création, le CAI a développé différentes actions en faveur d’une société riche de sa diversité mais aussi contre toutes les formes de rejet d’exclusion xénophobes et racistes. en 2016, elle développe la plateforme namuroise de lutte contre le racisme.

Les premiers engagements du CAI se poursuivent avec la Plateforme de lutte contre le racisme en province de Namur, créée en 2016 à la suite d’un diagnostic du Plan provincial et local d’intégration (PPLI) et d’une campagne de sensibilisation de la Fédération Wallonie-Bruxelles lancée à l’occasion de l’adoption du décret « Promotion à l’interculturalité et la citoyenneté ». Rassemblant plus de quarante acteurs associatifs, syndicaux, publics et institutionnels, cette plateforme coordonne les actions menées autour du 21 mars, Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Elle s’inscrit également dans un mouvement national de concertation, aujourd’hui dissoute, en raison de tensions autour de la représentativité des acteurs traditionnels de l’antiracisme.

En 2020, la mort de George Floyd et la vague mondiale de mobilisation qui s’ensuit donnent une nouvelle impulsion à l’antiracisme politique, qui remet en question les approches des acteurs traditionnels. Face à ces évolutions, le CAI et son conseil d’administration engagent une réflexion collective. En 2022, après une concertation avec Unia, le CBAI, l’Université de Liège et les autres centres régionaux d’intégration, il adopte une position médiane entre les tendances universaliste et pluriversaliste : renforcer la participation des personnes concernées, intégrer une lecture intersectionnelle des discriminations, tout en maintenant un espace de dialogue inclusif (voir positionnement du CAI: Le racisme vu par le CAI – CAI Namur).

Aujourd’hui, la plateforme dépasse la seule sensibilisation : elle formule des recommandations politiques aux autorités locales pour garantir l’accès équitable aux droits fondamentaux. Elle s’appuie sur les plans de lutte contre le racisme récemment adoptés aux niveaux fédéral, communautaire et wallon.

Le CAI continue également son travail de terrain en renforçant le pouvoir d’agir des personnes discriminées, via des outils d’information accessibles (méthode FALC, traduction multilingue), et en développant de nouveaux espaces de concertation pour faire remonter les constats du terrain vers les décideurs politiques.

Aujourd’hui, le CAI et les autres de la lutte contre le racisme se trouvent confrontés à une société de plus en plus polarisée sur les questions d’immigration et de diversité culturelle. Les discours xénophobes se multiplient de manière décomplexée contraignant le CAI à rejoindre d’autres coalitions, notamment ceux qui luttent contre l’extrême droite comme la coalition 8 mai.

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2015 – Radicalisme, stigmatisation et repli : le CAI sensibilise et outille les opérateurs et les citoyens


2015 – Radicalisme, stigmatisation et repli : le CAI sensibilise et outille les opérateurs et les citoyens

Dans le contexte des attentats de Paris et de la crise de l’accueil, le CAI se mobilise sur trois plans : pour déconstruire le discours médiatique anxiogène qui se développe autour d’une supposée invasion massive de réfugiés, contrer la stigmatisation croissante d’une partie de la population, victime d’islamophobie, et prévenir les phénomènes de radicalisation violente. Différentes activités de sensibilisation sont alors mises sur pied.

2015 est une année marquante pour toutes les structures de l’intégration et de l’accueil des personnes primo-arrivantes en Belgique, mais aussi en Europe. Plusieurs éléments de contexte se combinent qui, pour les uns, alimentent la montée de la xénophobie, et plus particulièrement de l’islamophobie, au sein des sociétés occidentales, et pour les autres, génèrent des phénomènes de radicalisation violente chez des jeunes, conduisant parfois à commettre des actes terroristes. Parmi ces éléments, citons la création de l’État islamique en Irak et en Syrie (2014), la crise de l’accueil en Europe (2015) ou les attentats de Paris en janvier et novembre 2015 (Charlie Hebdo, hypermarché Cacher, 13 novembre) revendiqués par l’État islamique.

Dans ce contexte particulier, le CAI développe, dès février 2015, une série d’activités de sensibilisation. Il participe à la promotion et à la diffusion de la pièce Djihad, écrite par Ismaël Saïdi. Cet outil pédagogique est fortement sollicité pour permettre aux professionnels, aux élèves du secondaire supérieur, ainsi qu’aux citoyens de mieux comprendre l’actualité. Elle se joue une première fois à Namur dans les locaux des Abattoirs de Bomel en 2015, puis en 2016, à Sambreville, dans le cadre de la coordination des activités de sensibilisation des élèves du secondaire supérieur et des citoyens pour laquelle le CAI a obtenu des financements PCI (Promotion à la citoyenneté et à l’interculturalité). La présentation de la pièce est souvent suivie d’un débat, qui permet de poursuivre la réflexion avec le public. Au total, ce sont près de 800 citoyens, jeunes et moins jeunes, qui sont ainsi sensibilisés au phénomène de radicalisation chez les jeunes. 

Le Centre répond également aux demandes d’outils pédagogiques d’enseignants qui souhaitent éclairer leurs étudiants sur la crise de l’asile ou les attentats à Paris. 

Il organise à Walcourt, Dinant et Namur des séances d’information à destination des citoyens sur la crise de l’accueil, thème auquel il consacre, dans la foulée, un support pédagogique pour déconstruire les préjugés qui alimentent le discours dominant, évoquant une invasion massive de réfugiés en Belgique. 

Dix jours après les attentats du 13 novembre 2015, le CAI, la Maison de la Laïcité de Namur et les différents représentants des cultes et convictions religieuses et philosophiques se mobilisent pour organiser un rassemblement place du Grognon à Namur. Celui-ci réunit 200 personnes, avec la volonté de condamner fermement les attaques terroristes et d’exprimer sa solidarité avec les victimes, mais aussi de lancer un appel à la société civile et aux décideurs politiques pour réinvestir la lutte contre l’exclusion sociale, la pauvreté, le décrochage scolaire, le racisme et la discrimination, afin d’éviter la radicalisation des jeunes.

De 2015 à 2017, les « Échanges de midi » organisés par le CAI proposent des conférences-débats sur différentes thématiques liées à l’actualité afin de les analyser (Voir Fiche 25 – Échanges de midi). Ces éclairages sont d’autant plus pertinents qu’en 2016 de nouveaux attentats islamistes se produisent à Bruxelles (à la station de métro Maelbeek et à l’aéroport de Zaventem), qui polarisent l’opinion publique sur de la question de l’immigration. Parmi les thèmes abordés lors de ces échanges, on trouve ainsi : 

  • « Djihadisme international : quelles conséquences pour la cohabitation multiculturelle ? » ; 
  • « L’immigration : ce qu’elle rapporte, ce qu’elle coûte » ;
  • « Crise de l’immigration : équilibre ou invasion ? » ;
  • « La montée du racisme dans le discours quotidien » ; 
  • « Moyen-Orient : contexte géostratégique et migrations » ;
  • « Hommes, femmes et enfants réfugiés : entre attraction de l’Europe et fuite de son pays » ;
  • « L’islamophobie : un frein pour l’intégration » ;
  • « Actualités et perspectives de l’immigration en Europe ».

Entre 2017 et 2018, des formations intitulées « Comprendre et réagir face au radicalisme violent » sont organisées par le CAI en province de Namur pour permettre aux professionnels de terrain de comprendre les phénomènes de polarisation sociale et de radicalisation et ainsi mieux accompagner leur public. En parallèle, une publication intitulée  Radicalisme est éditée et diffusée par le centre de ressources du CAI. 

Le CAI participe également aux initiatives de lutte contre la radicalisation violente menées au sein de plusieurs communes de la province de Namur. Notamment, en collaborant avec différents référents « radicalisme » lors d’évènements organisés par les communes elles-mêmes. 

Les accompagnateurs interculturels de première ligne sont également sensibilisés au phénomène, pour être en mesure de détecter de potentielles situations à risque dans le public qu’il accompagne.

Aujourd’hui, la thématique de la radicalisation violente traitée par le CAI depuis plusieurs années prend aussi en considération la montée des idées d’extrême droite dans la population et le développement de certains groupes et partis politiques appartenant à cette tendance en Wallonie (ex. Nation ou Chez Nous). Le Centre a ainsi rejoint, depuis 2023, différentes initiatives antifascistes comme la « Coalition 8 mai » ou encore « Nuit blanche contre liste Noire ».

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2007 – Faciliter l’accès aux droits fondamentaux et le vivre-ensemble : la mise en place du plan local d’intégration

2007 – Faciliter l’accès aux droits fondamentaux et le vivre-ensemble : la mise en place du plan local d’intégration

Dans un contexte politique favorable à l’inclusion et à la cohésion sociale, le CAI s’engage, avant même d’en avoir reçu la mission, dans l’élaboration de plans locaux d’intégration. Deux ans plus tard, cette mission est officiellement octroyée à tous les Centres régionaux d’intégration (CRI) dans le cadre du nouveau décret de 2009, modifiant celui de 1996 relatif à l’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère. Ces plans d’intégration entendent impulser une logique de cohabitation harmonieuse des cultures au sein des villes et communes. À partir de l’analyse des barrières rencontrées par les personnes étrangères dans l’accès aux droits fondamentaux, l’objectif est de construire collectivement, avec l’ensemble du réseau d’acteurs de terrain (associations, communautés d’immigrés, etc.) et les pouvoirs locaux, des solutions pour en faciliter l’accès.

En réalité, la mise en place de plans d’intégration visant à faciliter l’accès aux droits fondamentaux des personnes étrangères démarre bien avant que cette mission ne soit officiellement confiée aux Centres régionaux d’intégration en 2009.

Pour en comprendre les prémices, il faut remonter aux années 1980 et se rappeler que la Wallonie connaît alors un déclin socio-économique, qui la pousse à réfléchir à de nouvelles politiques pour redynamiser son économie. Un ensemble de rapports, parmi lesquels le bilan du Commissariat royal à l’Immigration en 1992, puis le Rapport général sur la pauvreté (RGP) en 1995, font apparaître que la Région wallonne ne pourra se contenter de stimuler les secteurs d’activités économiques pour redresser la situation, mais qu’elle devra aussi « s’attaquer plus profondément aux causes structurelles de la pauvreté et de la précarité » de sa population, au sein de laquelle figurent aussi des personnes immigrées. 

Si, en 1992, les besoins spécifiques en matière d’accès aux droits fondamentaux des personnes immigrées sont englobés dans la politique générale de l’Action sociale (et plus particulièrement de la Cohésion sociale, à travers la création de la Direction interdépartementale de l’Intégration sociale, DIIS), progressivement, les pouvoirs politiques en place prennent conscience des freins et obstacles spécifiques rencontrés par cette population originaire d’ailleurs. C’est ainsi qu’en 1996, l’intégration des personnes étrangères et d’origine étrangère devient une matière à part entière, tout en restant liée à l’Action sociale (voir Fiche 37 – Parcours d’intégration).  

En 2000, un premier Contrat d’Avenir pour la Wallonie (CAW) voit le jour. Il définit des actions prioritaires en matière d’emploi, de formation, d’enseignement, de recherche, de lutte contre la pauvreté, d’aménagement du territoire, etc. Il a pour ambition de créer une Wallonie active et solidaire. Le Gouvernement wallon doit mettre en œuvre douze objectifs, parmi lesquels figure le renforcement de la cohésion sociale. 

Ce contrat est renouvelé en 2005. Le Contrat d’Avenir renouvelé (CAR) définit des actions prioritaires et les moyens pour les mettre en œuvre. Il repose sur quatre plans stratégiques : la création d’activités, le développement du capital humain, des connaissances et des savoir-faire, l’inclusion sociale et le développement territorial équilibré et durable. 

Plus spécifiquement, le 19 octobre 2005, le Gouvernement adopte le Plan stratégique transversal – Inclusion sociale 2006-2009 (PST 3) « pour plus de cohésion sociale en Région wallonne ». Il doit contribuer à ce que chaque personne en Wallonie puisse vivre dignement, accéder à l’ensemble des droits fondamentaux et participer à la vie de la société, sans subir de discrimination. À travers ce plan, le Gouvernement s’engage à poursuivre ses efforts et à créer ou renforcer les mesures qui, au sein des compétences régionales, peuvent rencontrer l’objectif d’une meilleure prise en compte de ceux qui ont le plus besoin du soutien des politiques publiques. Le PST 3 s’articule en six axes : « Un logement décent pour tous » ; « Une société seniors admis » ; « Les personnes handicapées : des citoyens à part entière » ; « Les personnes précarisées : des citoyens à soutenir » ; « L’intégration des personnes d’origine étrangère » et « Les demandeurs d’emploi : des personnes à accompagner ». 

Sur le plan local, dès 1992, 250 communes wallonnes, bénéficiant d’un soutien de la DIIS et d’une subvention de la Région wallonne, s’engagent à lutter contre les inégalités et la pauvreté, à travers notamment les plans sociaux intégrés, les plans de prévention de proximité, les plans « Habitat permanent » et d’autres projets comme « Été solidaire, je suis partenaire ». Elles entreprennent des actions de proximité en partenariat avec le tissu associatif, telles que des animations de quartier ou de l’accueil extrascolaire. Il faut cependant attendre 2008 pour qu’il soit confié aux Villes et Communes, l’élaboration de Plans de Cohésion sociale basé sur l’approche des droits fondamentaux définie par le Conseil de l’Europe. La Région wallonne participe, en revanche, dès 1999 aux travaux de réflexion du Conseil de l’Europe pour tenter de définir la Cohésion sociale et ses indicateurs. 

Ce contexte explique pourquoi le CAI se lance anticipativement dans la construction des plans locaux d’intégration, car, tant au niveau local que régional, les politiques s’inscrivent déjà en faveur d’une société plus solidaire et plus juste. Même si les responsables politiques ne prévoient pas encore de complémentarité entre les Plans locaux d’intégration (PLI) et les Plans de cohésion sociale (PCS), le CAI commence stratégiquement à le faire localement dès 2007, profitant de la convergence des volontés entre les deux niveaux de pouvoirs.

 

Dès 2006, soit quelque temps après l’adoption du PST 3, le CAI réalise un premier cahier de revendications (« À nous la parole ») à destination des candidats des élections communales et provinciales, pour une meilleure prise en compte des besoins spécifiques des personnes étrangères en province de Namur. Cette production, fruit d’un travail collectif entre le CAI, des opérateurs namurois et des personnes étrangères, permet d’élargir le débat démocratique pour une société plus juste et plus solidaire grâce à leurs témoignages.  

Dans le prolongement de cette initiative, le CAI poursuit le processus de concertation et de collaboration avec les mandataires communaux et provinciaux pour identifier, ensemble, les leviers existants d’une politique locale favorable à la diversité. C’est ainsi qu’en novembre et en décembre 2007, un colloque est organisé à Namur, en collaboration avec Carrefour des Cultures, puis un séminaire à Dinant, pour entamer la construction des futurs Plans locaux d’intégration dont l’objectif est de faciliter l’accès de tous aux droits fondamentaux. Un nouveau cahier des charges est rédigé par le CAI dans ce cadre sous le titre «  Pour une ville respectueuse des droits et de la diversité », proposant des pistes concrètes à inscrire dans la politique locale. 

Entre 2007 et 2008, le CAI se lance dans de nombreux chantiers « Plan local d’intégration » avec différentes communes. La méthode est inductive, c’est-à-dire, qu’elle part des besoins des personnes et des associations communautaires, pour construire des réponses avec les services communaux et les acteurs associatifs présents sur le territoire communal concerné. Ceci est à mettre en perspective avec le nouveau décret de la Cohésion sociale de 2008, qui confie désormais aux Villes et Communes wallonnes un cadre réglementaire plus précis pour mettre en œuvre l’accès aux droits fondamentaux à l’échelon communal. Le plan de cohésion sociale apparaît pour soutenir les communes wallonnes qui s’engagent à promouvoir la cohésion sociale sur leur territoire. La cohésion est vue comme l’accès de tous aux droits fondamentaux et au bien-être social, culturel et économique. Il couvre, à l’époque, quatre axes : l’insertion socioprofessionnelle ; l’accès à un logement décent ; l’accès à la santé et le traitement des assuétudes ; le retissage des liens sociaux.  Pour construire un tel plan, les communes partent d’un diagnostic des besoins des populations présentes et de l’offre existante sur leur territoire avec les acteurs, tout comme la méthodologie du PLI. 

De 2008 à 2016, les premiers plans locaux d’intégration (PLI) sont mis en place selon une logique géographique de proximité, afin d’œuvrer à « l’intégration des personnes étrangères et d’origine étrangère (PEOE), en mettant en évidence leurs besoins spécifiques et en définissant les stratégies à développer pour mieux les rencontrer… ». Les entités communales retenues pour mettre en pratique cette approche sont Namur, Sambreville et Gembloux, Dinant, puis Florennes (PLIC : plan local d’intégration et de cohabitation, vu la présence du centre d’accueil sur le territoire communal). Le choix de ces différentes localités n’est pas anodin, car on y retrouve une part plus importante de communautés d’immigrés de première et seconde générations. D’autres communes de la province sont également interpellées par la suite, notamment dans le Sud : Viroinval, Beauraing, Philippeville et Couvin. 

Après ces années de mise en pratique collective, menée en partenariat avec la majorité des acteurs du secteur associatif, des associations d’immigrés et des services publics impliqués dans l’Accueil et la Cohésion sociale, plusieurs constats d’importance ressortent : 

  • La similitude, malgré des différences de contexte, des freins et problématiques pour accéder pleinement aux droits fondamentaux. Ces barrières ne sont pas ancrées et spécifiques au substrat local, mais relèvent de « logiques » plus structurelles que l’on retrouve à une échelle plus large. 
  • Le faible intérêt des communes au niveau local, qui s’investissaient plutôt dans les plans de cohésion sociale.
  • Le besoin d’appréhender la notion d’intégration selon une logique à double sens, soit : 
    • Accompagner les personnes étrangères dans leur parcours d’apprentissage des codes culturels belges et de leur insertion dans la société wallonne : langue française, citoyenneté, insertion socioprofessionnelle, etc. ; 
    • Œuvrer à l’ouverture de la société d’accueil en travaillant sur les freins et réticences de celle-ci qui reste toujours « dominante et majoritaire » à accepter l’autre dans sa différence sans que celle-ci n’engendre la peur de la perte de son identité – ou un sentiment non fondé d’invasion. 

Déjà conscient de ces enjeux, le CAI a entrepris de diversifier son offre de services afin de l’étoffer et de la rendre plus accessible géographiquement en ouvrant sept autres Bureaux d’accueil des primo-arrivants (BAPA). Ce faisant, les personnes invitées dans un premier temps à suivre le parcours d’accueil et qui, depuis 2016, sont dans l’obligation légale d’adhérer au parcours d’intégration, ont désormais un relai de proximité. Elles ont ainsi accès à l’ensemble des services proposés par le CAI ainsi qu’à l’ensemble des acteurs du réseau associatif de proximité, étant donné la capacité du Centre à connecter tant les personnes que les institutions. 

Afin d’anticiper ce changement majeur et de capitaliser sur les principaux constats des Plans locaux d’intégration (PLI), le CAI en partenariat avec la Province et le Centre local de promotion de la Santé (CLPS) de Namur ont décidé de donner une autre envergure au dispositif PLI en passant à un plan d’intégration à l’échelon provincial – tout en gardant ses spécificités au niveau local. C’est ainsi que naît le premier Plan provincial et local d’intégration (PPLI) des personnes étrangères et d’origine étrangère à l’échelon de la province de Namur. Ce Plan d’action 2017-2019 du PPLI (soit 3 années civiles) se base sur la réalisation d’un diagnostic provincial, participatif et interactif. Au cours des années 2015 et 2016, c’est le CAI qui est chargé de réaliser ce diagnostic dont l’objectif premier est de collecter les informations nécessaires pour identifier les difficultés, les freins, ainsi que les besoins des personnes étrangères et d’origine étrangère dans leur démarche d’intégration en province de Namur.

Dans la foulée, différents espaces de concertation traitant des questions d’accès aux droits fondamentaux se développent pour mettre en œuvre les différentes actions pensées. En 2018, ceux-ci permettent l’élaboration d’un mémorandum dans le cadre des élections locales. Une soirée de rencontre entre le réseau d’acteurs de l’intégration et les candidats politiques est l’occasion de leur transmettre les recommandations co-construites pour améliorer cet accès. Courant 2019, quinze groupes de travail et plateformes, regroupant près d’une centaine d’associations et représentants des services publics, y sont encore actifs.

 

À la tête du dispositif de pilotage du PPLI, nous retrouvons alors les acteurs clés que sont la Province, le CLPS de Namur et le CAI. Ce trio y assure conjointement le respect de la méthodologie et le suivi des axes de travail, dont le fil rouge reste l’accès aux Droits fondamentaux pour les personnes étrangères. Son assemblée plénière annuelle permet de faire un état des lieux des actions réalisées et des perspectives pour l’année suivante. 

Aujourd’hui, après le retrait du CLPS et de la Province de Namur du pilotage du PPLI, le CAI se retrouve seul aux commandes. Si l’accompagnement des personnes, le travail en réseau et le développement d’activités s’organisent encore sur l’ensemble du territoire provincial, le Plan provincial et local d’intégration est passé à une version 2.0. Il repose dorénavant sur une planification pluriannuelle (6 ans) qui se cale sur la programmation des Plans transversaux stratégiques des Plans de Cohésion sociale. Il s’agit d’une structure plus souple qui permet d’intégrer les nouveaux besoins, les nouveaux publics et les nouvelles situations qui se présentent sur le territoire, tout en conservant la méthodologie de travail (qui consiste à partir des constats de terrain pour œuvrer avec le réseau à apporter des solutions) et les espaces de concertation au niveau sous-local (coordinations locales). Seuls les espaces de concertation à l’échelon provincial sont revus à la baisse et certains droits fondamentaux font l’objet d’une nouvelle stratégie d’action, qui vise à investir des espaces de concertation existant pour y apporter l’expertise du CAI sur les besoins des personnes étrangères. Cette adaptation résulte d’un travail d’évaluation du fonctionnement du précédent plan provincial et local d’intégration.

Des mémorandums au service du PLI : 

Depuis 2006, avec la rédaction de la publication « À nous la parole », une tradition d’interpellation s’est instaurée au sein du CAI pour conscientiser les représentants politiques locaux (communaux et provinciaux) aux besoins spécifiques des personnes en matière d’accès aux droits fondamentaux. Dans les années qui suivent, plusieurs publications, sous forme de mémorandums, sont rédigées avec le réseau de partenaires et les personnes elles-mêmes, à destination des candidats politiques dans le cadre des élections communales et provinciales. Elles sont des outils incontournables pour favoriser une articulation cohérente et pertinente entre les plans de cohésion sociale et les plans locaux d’intégration, conformément aux exigences de la Région wallonne vis-à-vis des Centres régionaux d’intégration.

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