2001 – Participation à des projets de codéveloppement : valorisation des compétences des africains subsahariens
2001 – Participation à des projets de codéveloppement : valorisation des compétences des africains subsahariens
Deux éléments sont à l’origine de différentes actions menées par le Centre et s’étalant sur une dizaine d’années dans le cadre de la valorisation des compétences des africains subsahariens et du soutien à des projets de codéveloppement pour la plupart en partenariat. D’une part la commande par la Région wallonne d’une étude sur l’intégration sociale de la communauté africaine en Belgique et son potentiel à contribuer au développement des pays d’origine, d’autre part un constat de terrain du CAI que beaucoup d’immigrés gardent un lien important avec le pays d’origine et certains, africains notamment, ont la volonté de développer un projet porteur dans celui-ci.
Le projet Vitar, financé par l’Europe (Equal) a démarré par une recherche-action dans le domaine de l’intégration socio-économique des immigrés originaires de l’Afrique subsaharienne présents en Wallonie. L’hypothèse centrale était de prouver que l’insertion socioprofessionnelle d’un certain nombre d’immigrants africains est possible grâce à la valorisation de leurs compétences dans des secteurs d’emploi, tels que, par exemple, la création d’entreprises en Belgique, la participation à des initiatives interculturelles et la coopération au développement des pays africains.
Cette mobilisation de personnes au chômage et discriminées sur le marché de l’emploi partait de l’idée qu’il est possible et efficace pour ces personnes de valoriser leurs ressources et réseaux communautaires, connaissances culturelles et linguistiques particulières, savoirs et savoir-faire professionnels et scientifiques, dans le cadre de projets tournés vers leur continent ou communauté d’origine ou, à tout le moins, dans le cadre de projets à réaliser en Belgique ou à partir de la Belgique qui permettent de contribuer à un nouvel effort de co-développement durable et d’échanges mutuellement fructueux entre le Nord et le Sud, entre leurs populations et cultures, au Sud – à partir de projets locaux de développement – et au Nord – dans le cadre du développement de nouveaux emplois.
Le projet Vitar visait l’organisation d’une formation pour de futurs agents de développement mais également la création et la diffusion auprès des professionnels du secteur des nouvelles pratiques d’insertion socioprofessionnelle spécifiques à ce public. A long terme, VITAR devait être finalisé par la création d’une agence de développement et de transfert de compétences en Wallonie. Celle-ci est restée en suspens faute d’autorités potentiellement porteuses.
La confrontation du projet à la réalité du terrain et au vécu quotidien des bénéficiaires a permis de se rendre compte de la méconnaissance de la situation sociale et professionnelle de personnes de la communauté africaine installée en Belgique depuis des années malgré des investigations et recherches menées au préalable.
C’est une partie de la population étrangère ou d’origine étrangère qui a toujours été dans l’ombre car peu importante et ne posant pas collectivement des « problèmes ». A contrario, l’immense potentialité de certains parcours individuels de stagiaires riches en innovation ou répondant à de réels besoins en Afrique méritaient d’être entendus et soutenus.
Par ailleurs, le projet a permis de constater que l’application des concepts théoriques de valorisation des compétences et du transfert de celles-ci (de migrant comme agent de développement) n’est pas aussi évidente et ce au vu de la complexité des démarches à effectuer pour développer un projet porteur socio-économiquement parlant.
Il s’agissait bien d’un projet pilote.
Une régionalisation de la coopération au développement devait aussi pouvoir intégrer cette donne et prévoir des leviers pour activer ces compétences et leur transfert.
Ce projet a ainsi comporté différentes activités :
– Un séminaire sur le thème « L’intégration sociale et le transfert de compétence des Africains subsahariens de Wallonie », coorganisé par le CAI et l’IRFAM (Institut de recherche, formation et action sur les migrations), a eu lieu le 30 mars 2001. L’objectif y était d’associer des personnes, groupes et associations de la communauté africaine, ainsi que des acteurs des services pour réfléchir de manière collective aux problèmes et solutions concrètes à explorer en matière d’emploi, de logement, d’intégration, etc.
– Une « Journée africaine » (exposition d’artistes africains et un spectacle musical animé par des groupes provenant de différents pays d’Afrique subsaharienne) a été organisée en parallèle le même jour. Avec pour but de valoriser l’art et la culture comme des compétences en soi.
Dans le prolongement de ces initiatives, mêlant rencontres, échanges et réflexions, des partenariats ont été tissés pour la construction du projet Vitar.
– Une formation a ensuite été menée en collaboration avec l’IRFAM, le Collectif des femmes de Louvain-la-Neuve, le Centre régional d’intégration de Verviers et le CAI. la Région wallonne (le cabinet du ministre Detienne et la direction de l’Administration), ainsi que des partenaires européens d’Andalousie et de Milan ont également participé au projet.
Les stagiaires d’origine africaine, qui y ont participé sur base volontaire, provenaient de Namur, Liège, Verviers et Louvain-La-Neuve.
Les intentions de développement de projet dans les pays d’origine étaient très diverses (ex. construction de centres sportifs et culturels, d’école de cybercafé, informatiser les entreprises, création d’entreprise agro-alimentaire…)
Le rôle du CAI a consisté à faire connaître le projet, recruter les candidats stagiaires et à assurer un module de formation dédié à la relation interculturelle (« Interculturalité et développement »).
À l’issue de cette formation, les stagiaires ont exprimé le besoin de stabiliser leur situation en Belgique (notamment financièrement), avant d’envisager un projet au pays. Le CAI a dès lors négocié avec le CPAS de Namur pour qu’ils puissent profiter d’une mise à l’emploi grâce à l’Article 60, ce qui pouvait contribuer à accroître l’expérience professionnelle de ces bénéficiaires du CPAS. Six stagiaires bénéficieront de ce dispositif d’insertion. À l’issue de leur contrat, le CAI est parvenu à en engager deux pour œuvrer dans le cadre de l’appui aux associations d’immigrés (cf. Fiche Projet PTP).
Dans les années qui suivent, le Centre continue de s’associer avec d’autres organismes dans le cadre d’activités liées au codéveloppement.
Il organise ainsi :
– Une table-ronde intitulée « Le migrant et les politiques de coopération et de solidarité internationale », en 2003, et, quatre ans plus
tard,
– Le séminaire « Migrations et développement », suivi
– du colloque « Ces migrants, ambassadeurs des deux bords » dont il assure la coordination (novembre 2007).
Ce colloque est organisé dans le cadre du Forum Yambi, une initiative du Commissariat général aux Relations internationales (CGRI) et du ministère de la Culture de la République démocratique du Congo, dont les activités sont coordonnées par la Maison de la Laïcité François Bovesse (Namur) en partenariat avec des associations africaines et du namurois. Le colloque se clôt par diverses recommandations dont une suggérant aux gouvernements de reconnaître les migrants et les organisations de la diaspora comme des acteurs du développement et, par conséquent, permettre le financement de leurs actions.
L’année suivante, le Centre participe aux réunions de la Concertation wallonne pour le codéveloppement, organisées par la Direction générale de l’Action sociale et de la Santé (future DGO5) et du Commissariat général aux relations internationales-Direction des Relations internationales (CGTI-DRI). Ce dernier devient, dès janvier 2009, Wallonie-Bruxelles International. La Cellule d’appui pour la Solidarité internationale wallonne (CASIW) constitue le service de proximité de cette nouvelle structure publique.
Un projet de modification de décret de l’intégration est sur la table avec comme ajout dans la mission des CRI l’élaboration de Plans locaux d’intégration (PLI) et l’axe de codéveloppement. Suite au vote de celui-ci sort, début 2009, le premier appel à projets de codéveloppement lancé par la Région wallonne. Il est suivi d’une formation à l’élaboration et à l’écriture de projets initiée par la Casiw et le CAI en est partenaire.
À cheval sur 2009-2010, la Concertation provinciale namuroise de la Solidarité internationale (CNPSI) est mise en place, sous l’impulsion de la CASIW et avec le soutien de la Province de Namur. Une dizaine d’opérateurs en font partie, dont : le CAI, des communes, les organisations syndicales, le CNCD 11.11.11 (Centre national de coopération au développement) ou encore la FUCID (organisation née du Forum universitaire pour la Coopération internationale au développement).
Dans le cadre de cette Concertation provinciale, une « Semaine de la Solidarité internationale » est organisée, en 2013, suivie de l’élaboration d’une Charte visant la collaboration et la complémentarité des opérateurs existants.
Le CAI participe en organisant deux activités :
– Une Table ronde (le 8 octobre) : « Droit à l’alimentation des migrants » (Interroger l’accès au droit à l’alimentation de migrants au long de leur parcours migratoire y compris pendant son séjour en Belgique, quelle que soit leur situation de séjour. Des Intervenants de plusieurs secteurs y ont été conviés : CNCD, associations de migrants, d’accueil des étrangers, humanitaires, témoins …)
– Des Echanges de midi (le 24 octobre) : « Faim au Sud, migrants au Nord »
Un exposé par SOS Faim a été suivi des échanges entre les participants, portant sur les expériences concrètes de leur pratique.
Les « Echanges de midi » sont un cycle de 6 conférences annuelles du CAI dont l’objectif est d’informer et de sensibiliser les professionnels sur les différentes thématiques qui concernent les personnes étrangères ou d’origine étrangère. Le cadre convivial de l’activité, autour d’une collation sur le temps de midi, favorise la création de liens entre les professionnels.
Le vote d’un nouveau décret wallon relatif à l’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère en 2014 va de pair avec l’abandon du financement des actions liées et au codéveloppement mais aussi de celles visant la valorisation culturelle qui étaient jusque-là prises en compte par la Région. Cette nouvelle orientation exclut dorénavant les petites associations issues de l’immigration du financement et donc de la reconnaissance de leur action en matière de codéveloppement. Elles n’ont plus accès qu’à de petits subsides facultatifs. Cette situation, que regrette le CAI, perdure globalement jusqu’à aujourd’hui, malgré les différentes propositions politiques formulées par celui-ci au fil des ans. La fin du financement wallon n’empêche pas le CAI de continuer à se préoccuper du lien et de l’apport des personnes, des entrepreneurs et des associations d’immigrés à leur pays d’origine.
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