2015 – Développement de plusieurs projets de mentorat
En observant l’émergence de divers projets de mentorat destinés à établir un accompagnement entre des personnes expérimentées et celles en quête de soutien, le CAI décide de lancer le projet MIN (Mentorat interculturel namurois). Ce projet ambitieux vise à renforcer le capital social des personnes les plus isolées ou discriminées en développant leur réseau social et professionnel de manière à y puiser des ressources pour faciliter leur intégration et leur recherche d’emploi. Il participe également à la déconstruction des stéréotypes et préjugés tant du côté des personnes étrangères que de la société d’accueil. Depuis son lancement en 2014, le projet a prouvé son efficacité auprès des participants, qui ont unanimement salué la richesse des rencontres et la satisfaction de contribuer à une initiative essentielle et prometteuse pour la construction d’une société interculturelle.
Fin 2014, une analyse des besoins menée par l’équipe du CAI dresse plusieurs constats. Elle révèle notamment que certaines demandes adressées aux accompagnateurs dépassent le cadre de leur travail et qu’ils manquent de temps pour y répondre, mais aussi que les bénéficiaires ont besoin de mieux connaître la société d’accueil, de pratiquer la langue française, de créer des réseaux, etc. En réponse à cela, le CAI décide de lancer le projet MIN (Mentorat interculturel namurois) et participe, pour la première fois, à un salon du volontariat pour recruter des bénévoles à titre de mentors. En janvier 2015, le projet voit officiellement le jour.
Mais le CAI n’a pas attendu 2014 pour lancer ce type d’initiative, déjà en avril 1999, il organisait un séminaire : “ un jeune, un parrain, un emploi” dans le cadre de ses activités d’insertion socio-professionnelle. Celui-ci comportait des analyses de chercheurs sur l’emploi des personnes immigrées, des témoignages d’entreprises mais aussi des propositions d’actions pratiques dont le parrainage.
Le mentorat est une forme d’accompagnement volontaire qui permet d’établir une relation interpersonnelle et réciproque entre une personne expérimentée, le mentor, et une autre souhaitant acquérir des compétences et atteindre des objectifs personnels et professionnels, le « mentoré » (ou mentee). Cette relation privilégiée, fondée sur l’échange et l’apprentissage, facilite le lien entre générations et la transmission des savoirs. Elle se caractérise par l’ouverture à l’autre et peut durer plus ou moins longtemps selon les besoins des deux parties. Elle doit toutefois être suffisamment longue pour permettre aux deux personnes impliquées d’en tirer le profit attendu et de se réaliser personnellement et professionnellement. Le mentor doit être ouvert à la différence (de préférence avoir une base de formation sur l’interculturalité), stable mentalement. Si le duo est avec un demandeur d’asile, il doit être prêt à ce que le demandeur voit sa demande refusée… cela nécessite une certaine force mentale. Et forcément une forte motivation d’aider autrui.
Dans le cadre de ce mentorat interculturel, une personne expérimentée (le mentor) consacre du temps à l’accompagnement d’une personne étrangère pour partager ses expériences humaines et professionnelles, ainsi que ses compétences. Elle répond aux besoins et questions du mentoré en matière de réseau, de scolarité des enfants ou d’orientation vers des formations ou l’emploi. Le mentor peut-être amené à réfléchir au projet de vie et donc de formation et/ou professionnel du mentee. Toujours en fontion des besoin du mentee. La relation permet aussi d’échanger sur différentes représentations. De manière pratique, les duos définissent conjointement le rythme et les lieux de rencontre soit, en moyenne deux heures tous les quinzes jours. Des temps formatifs et d’échanges collectifs sont organisés toutes les six semaines avec des groupes constitués de différents binômes et des chargés du projet MIN. Les duos y partagent leurs attentes mutuelles et y tracent les contours de la relation, à l’aide d’outils (guide du mentor et du mentoré avec des aspects théoriques et des carnets de suivi) mais aussi avec le soutien du chargé de projet. La est exigée pour le mentor avant et pendant le mentorat.
Le mentorat interculturel apporte plusieurs avantages pour le mentor et le mentoré : déconstruction des préjugés, soutien et accompagnement selon leurs besoins du mentoré, amélioration de la pratique de la langue française, apprentissage constant pour le mentor : satisfaction de participer à un projet social utile, remise en question de soi et satisfaction de contribuer à l’épanouissement du mentoré.
En mars 2018, en collaboration avec les IBEFE (Instances Bassins Enseignement qualifiant – Formation – Emploi), d’autres formes de mentorat sont développées, telles que Net2Work. Ce dispositif de mentorat en entreprise met en lien un chercheur d’emploi étranger ou d’origine étrangère (mentoré) avec un travailleur expérimenté et volontaire (mentor) qui l’accompagne et le soutient dans sa recherche et son insertion professionnelle, grâce à son expérience, ses connaissances et son réseau professionnel. Le mentorat d’entreprise permet au mentoré de mieux connaître un métier, de comprendre les codes et spécificités du secteur qu’il souhaite intégrer et de se connecter à un réseau professionnel. Il favorise également l’émergence d’une société interculturelle. Il n’y a pas de profil type de mentor ni de mentoré : le duo est organisé en fonction des aspirations de l’un et de l’expertise de l’autre. Le mentorat d’entreprise est complémentaire aux structures d’aide à l’insertion dans l’emploi, en apportant le « plus » nécessaire pour décrocher un emploi.
À la suite de changements organisationnels au sein des IBEFE en 2019, le CAI doit reprendre la gestion du projet (incluant le recrutement de nouveaux mentors, le matching, la gestion des duos) et de la base de données. La même année, le CAI met en pause son implication dans le projet Net2Work pour se concentrer sur un nouveau projet intitulé Net2Work Asile. Ce projet complémentaire est pensé dans la continuité du projet initial, mais cible spécifiquement les personnes demandant la protection internationale en Belgique, un public particulièrement touché par des difficultés d’insertion professionnelle.
Le but principal de ce nouveau dispositif de mentorat reste celui de découvrir le monde du travail pour confirmer ou infirmer ses projets professionnels. Net2Work Asile s’adresse à tous les bénéficiaires de l’accueil de plus de 18 ans, maîtrisant le français ou l’anglais. Financé par Fedasil à titre d’initiative pilote, le projet s’implante d’abord au sein de quatre structures d’accueil : les Initiatives locales d’accueil (ILA) d’Assesse et de Rochefort, ainsi que les centres d’accueil de Belgrade et de Sugny. Dès 2019, neuf duos mentor-mentoré sont constitués et se rencontrent régulièrement. En 2020, le CAI met davantage d’énergie dans le projet Net2Work Asile, directement soutenu financièrement.
Les spécificités des projets de mentorat et leurs complémentarités doivent être consolidées pour permettre à chacun de se développer au mieux, en répondant aux besoins croissants en matière de vivre-ensemble.
En 2021, le CAI continue à soutenir trois programmes de mentorat : le MIN, Net2Work et Net2Work Asile. La crise sanitaire complique cependant le suivi de plusieurs duos, obligeant certains à s’arrêter pour diverses raisons : impossibilité de se rencontrer en toute sécurité, inquiétude des mentors plus âgés, difficultés d’agenda, etc. Le télétravail obligatoire empêche également la concrétisation de rencontres du projet Net2Work sur le lieu de travail. Après la crise du COVID-19, le projet Net2Work est relancé, en appui à d’autres projets d’insertion professionnelle (ISP) du CAI, tels que « Levons les freins », qui permet de créer cinq nouveaux duos sur base du mentorat.
En 2023, le CAI poursuit le déploiement des projets MIN et Net2work, en se focalisant sur ce dernier, particulièrement utile pour des personnes accompagnées dans le cadre du projet ISP. Le mentorat est alors proposé à des personnes ayant déjà un projet professionnel, mais souhaitant rencontrer un mentor du même secteur afin de l’affiner. Dans ce cadre, cinq mentorés ont ainsi rencontré un mentor, permettant des écahnges enrichissants.
Cette même année, le CAI devient partenaire de la KULeuven et deux autres organisations flamandes, Beyond the Horizon et FMDO, pour un appel à projet de Fedasil. Le projet consiste à développer et tester un modèle de mentorat vers l’emploi adapté au public des demandeurs d’asile « qualifié », c’est à dire ayant suivi au minimum une année d’enseignement supérieur. Ce projet fut reconduit jusque fin 2024 et a permis la formation, à l’échelle du projet, d’une cinquantaine de duos, dont 5 à Namur.
Sur cette base, les chercheurs de la KUL ont pu réaliser un rapport sur les avantages et les freins de ce modèle de mentorat.
A partir de 2025, par manque de financement pour assurer la gestion des projets mais également suite à la charge de travail tendue des accompagnateurs interculturels, le CAI a décidé de mettre en pause le mentorat.
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En 2023, le CAI poursuit le déploiement de son projet de mentorat, particulièrement utile pour des personnes accompagnées dans le cadre du projet ISP. Ce projet est proposé à des personnes ayant déjà un projet professionnel, mais souhaitant rencontrer un mentor du même secteur afin de l’affiner. Dans ce cadre, cinq mentorés ont ainsi rencontré un mentor, permettant des échanges enrichissants. Le CAI introduit également, cette année-là, plusieurs candidatures à différents appels à projets, notamment avec la KUL, pour permettre aux demandeurs de protection internationale de continuer à se confronter au monde du travail par le biais du mentorat.
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