Création du Centre socioculturel des immigrés de la province de Namur et évolution vers le Centre d’action interculturelle, Centre régional d’intégration de la province de Namur
L’organisation de l’accueil des premiers arrivants à Namur
Afin d’accueillir au mieux ces populations de premiers arrivants, la Province a mis en place un dispositif spécifique. Ce dernier se concentre sur la gestion des permis de travail et la coordination assurée par Monsieur Bisciari (essentiellement des hommes), la Province dispose alors d’un service qui s’occupe des permis de travail dont la coordination est assurée par Monsieur Bisciari. Celui-ci s’occupe de la gestion des demandes des entreprises (comme les carrières de Lustin, Namèche, Gembloux,…) concernant la main-d’œuvre et la mise à disposition de celle-ci via les immigrés marocains et turcs. Ce service prend fin en même temps que l’arrêt de l’immigration, à partir de 1974.
On retrouve également un Centre des immigrés (aujourd’hui devenu Centre des immigrés Namur-Luxembourg asbl), dont l’activité porte sur l’accompagnement et les démarches essentiellement liées au séjour des migrants et au permis de travail. Ce centre a été mis en place à partir de l’Eglise Catholique, avec l’Abbé Strowjas. Il s’occupe de l’ensemble de la population immigrée à Namur. À l’époque, 680 personnes turques et un peu moins de personnes marocaines vivent à Namur.
Fin des années ’60, à l’initiative du Centre des immigrés, se crée un comité international de concertation d’immigrés regroupant des jeunes de diverses origines et vivant dans la région namuroise (polonais, italiens, espagnols, portugais, turcs, yougoslaves et albanais).
Début des années ’70, une première initiative, issue de l’immigration, organisée et soutenue par la Communauté française voit le jour : le Centre d’action sociale italien et son université ouvrière (CASIT-UO). Elle œuvrera à Namur puis à Andenne et Namèche jusque dans les années ’80. Dans la Basse-Sambre, les mêmes années, naît également le Centre d’animation italien (devenu « interculturel » par la suite) de Basse-Sambre (CAIBS).
Fin ’70 et début ’80, les organisations syndicales développent dans la région namuroise des actions spécifiques vis-à-vis des migrants. Et finalement, les premières associations d’immigrants turcs et marocains voient le jour fin des années ’80.
On peut donc se rendre compte que peu d’infrastructures ont été mises sur pied pour contribuer à une intégration réellement humaine. Les aides spontanées n’étaient pas formalisées et étaient dans un premier temps assurées par des représentants de l’Eglise et des citoyens engagés. Ce n’est que petit à petit que l’Etat a mis en place des aides spécifiques. Il faudra attendre presque vingt ans pour qu’une véritable politique migratoire se mette en place. À ses débuts, elle est d’ailleurs assez balbutiante.
L’ancêtre du CAI est une des premières infrastructures créées à Namur, soutenue politiquement et ayant pour préoccupation les personnes étrangères et d’origine étrangère.
La création du CAI – Centre d’action interculturelle de la province de Namur
La création du CAI ne date pas d’hier. Auparavant, ce centre s’appelait le « Centre socioculturel des immigrés de la province de Namur ». Il a vu le jour en 1982.
Michel Villan, à l’initiative de la création du Centre, en est le premier directeur. Le Centre socioculturel est le résultat d’une étude réalisée en 1981 par la commission namuroise « pauvreté » de la Fondation Roi Baudouin. Elle faisait apparaître la réalité démographique et socioculturelle de l’immigration d’une part, et d’autre part, l’absence de structure spécialisée œuvrant pour l’intégration des personnes immigrées.
La mise en place du Centre socioculturel a été précédée d’une large consultation des représentants des associations d’immigrés et des organisations belges (syndicats et mouvements d’éducation permanente). S’en est suivie l’organisation d’une concertation visant à sensibiliser les pouvoirs publics afin qu’ils collaborent à la création du Centre. C’est ainsi que se crée en 1983 le Centre Socioculturel des Immigrés de la province de Namur (CSCIN) grâce à différents partenaires : la Province de Namur, les villes de Namur, Andenne et Sambreville, les organisations syndicales (CSC et FGTB), les mouvements d’éducation permanente et des associations issues de l’immigration italienne, turque, marocaine, etc.
Le centre socioculturel se dotera de deux missions principales :
- Créer et veiller au fonctionnement d’un centre d’information et de documentation sur l’immigration ;
- Constituer un lieu de rencontre et de concertation des initiatives en matière d’intégration et de promotion sociale et culturelle. : créer et veiller au fonctionnement d’un centre d’information et de documentation sur l’immigration ; constituer un lieu de rencontre et de concertation des initiatives en matière d’intégration et de promotion sociale et culturelle.
Dès le départ, la Communauté française (via un subside de fonctionnement) et la Région Wallonne (via des aides à l’emploi) soutiennent le projet. La Province de Namur ainsi que les villes d’Andenne, Sambreville et Namur, quant à elles, mettent des locaux à disposition.
La philosophie du Centre est d’élargir la dimension culturelle des immigrés à d’autres domaines que le folklore et la cuisine. Une ouverture est donnée à la musique, au cinéma, au théâtre, aux arts plastiques, mais aussi à la connaissance du contexte socio-économique et socio-politique des pays d’accueil et d’origine.
Les premières activités du Centre relèvent essentiellement de la première ligne. Afin de mobiliser les personnes issues de l’immigration pour qu’elles soient partie prenante du projet, le Centre organise la formation d’animateurs en milieu immigré. En effet, comme les associations de migrants sont alors peu structurées, on pense à leur mettre à disposition des animateurs formés.
Dès les premières années d’existence du CSCIN, des concertations informelles se mettent en place avec des services analogues à Bruxelles, Liège et Charleroi. Ils développent une stratégie commune pour faire reconnaître l’action spécifique de ces quatre services auprès de la Communauté française. Cette demande est relayée, fin 1989, par le Commissariat Royal à la politique des immigrés.
Finalement, après le passage des compétences de la Communauté Française à la Région Wallonne, le décret aboutit en 1996, reconnaissant les Centres régionaux d’intégration. Le Centre Socioculturel des Immigrés de la province de Namur devient le Centre d’action interculturelle de la province de Namur (CAI). Le décret met alors l’accent sur la seconde ligne, afin de favoriser l’émergence d’associations issues de l’immigration et de les soutenir dans leur création – la première ligne se maintenant uniquement là où il y a une nécessité.
Aujourd’hui, un nouveau décret replace les CRI au cœur de l’accueil des primo-arrivants avec la mise sur pied de bureaux d’accueil.